La facture pétrolière pèse sensiblement sur la balance commerciale du Maroc (Attijari)
Attijari Global Research a établi un rapport analysant l’impact économique de la hausse du prix de baril. La banque d’affaires indique que la facture pétrolière du Maroc pèse sensiblement sur la balance commerciale et représente 16% du total de l’import à fin 2017. Détails.
Dans son dernier rapport intitulé "les implications économiques d’un prix du baril élevé", Attijari Global Research dresse l’évolution du prix du pétrole tout en analysant l'impact de la hausse sur les 11 pays qui font partie de l'environnement d'analyse de la société de bourse.
Durant le mois d’octobre 2018, le prix du pétrole Brent a atteint un pic de 86,7 $ le baril, son plus haut niveau depuis 4 ans. Le baril affiche un niveau moyen annuel de 73 $ contre 55 $ en moyenne pour l’année 2017, soit une hausse de 33%.
Evolution du prix du baril (2009-2017)
Source: AGR
La société de bourse rappelle que les principaux cabinets de recherche spécialisés (Consensus de l’AIE, Goldman, Barclays et Citigroup) prévoyaient, en début d’année, un cours moyen de 60 $.
AGR estime qu’"aucune économie ne saurait être insensible face à cette situation. C’est une aubaine pour les pays d’Afrique exportateurs qui pourraient développer davantage leur économie non pétrolière".
Par contre, la hausse du prix du pétrole s’annonce comme une nouvelle épreuve pour les pays importateurs.
Selon AGR, cette hausse des prix pourrait s’expliquer par les éléments suivants:
> Une contraction de l’offre
La Russie et l’Arabie saoudite qui représentent conjointement 22% de l’offre mondiale ont renouvelé leur plan de baisse de production dans une optique de relèvement du prix. Pour rappel, ces deux pays sont respectivement 2ème et 3ème producteurs mondiaux avec et 11,4 et 10 Mn de barils de brut par jour, derrière les USA avec 13,3 Mn de barils par jour. Cette décision traduit la volonté des deux pays de renforcer leurs revenus pétroliers face à la hausse de leurs dépenses budgétaires.
> Une accélération de la demande
Historiquement, l’offre mondiale dépassait la demande créant une situation d’excédent. Avec l’accélération de la demande qui a eu lieu durant l’année 2017, le marché s’est retrouvé dans une situation de déficit.
> Une baisse des stocks OCDE
La société retient à titre indicatif l’échantillon du stock des pays de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) dont la production représente 24% de la production mondiale. Les réserves de ces pays connaissent depuis le troisième trimestre de l'année 2016 une forte baisse. Leurs niveaux représentent 4.386 Mn de barils au deuxième trimestre 2018, en recul de 4,8% sur une année glissante.
Voici le schéma regroupant les facteurs haussiers et baissiers qui profilent le comportement actuel du prix du Pétrole:
AGR dresse le benchmark de 11 pays, dont 3 pays importateurs de pétrole, à savoir le Maroc, le Togo et le Mali. Du fait qu’ils ne soient pas producteurs, ces pays subissent de plein fouet toute hausse du prix, selon AGR.
Profil pétrolier des pays importateurs du Benchmark
Dans le détail, la société de bourse indique que la facture pétrolière du Maroc pèse sensiblement sur la balance commerciale et représente 16% du total de l’import ou 5,4% du PIB en 2017.
La société de bourse rappelle que jusqu’en 2014-2015, le Maroc a fortement subventionné les produits énergétiques. Cette politique a pour mérite de freiner l’inflation qui se situe à une moyenne de 1,4% et de soutenir la consommation, souligne la banque d’affaires.
AGR estime que cette stratégie est certes payante, mais a eu comme corollaire un coût budgétaire conséquent, avec des subventions des produits pétroliers qui ont atteint un niveau de 5,5% du PIB en 2012. Actuellement, et parmi les produits énergétiques, seul le gaz butane est subventionné pour un coût estimé à 0,7% du PIB en 2016.
AGR clôture son rapport par une classification du niveau de sensibilité des 11 pays faisant partie du benchmark à une variation du prix du Pétrole. (Voir graphique ci-dessous)
Sensibilité des pays du benchmark à une variation du baril (échelle [0-1])
Cette classification fait ressortir l’Egypte, le Congo comme étant les pays dont les économies sont les plus exposées à une variation du prix du pétrole. De l’autre côté, le Sénégal et la Mauritanie apparaissent comme les moins exposés. Le Maroc, pour sa part, ne dégage pas une forte sensibilité par rapport à la variation du prix du pétrole.
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