Etre diplomate marocain, c’est quoi ?

Quelles sont les qualités requises pour faire ce métier ? Quelle formation faut-il suivre ? Quelle est l'approche du ministère pour développer les compétences de ses équipes dans un environnement changeant ? Zoom sur un métier que l’on connaît peu et qui déchaînent les passions, à l'occasion du 62ème anniversaire de la création du ministère des Affaires étrangères du Maroc.

Etre diplomate marocain, c’est quoi ?

Le 26 avril 2018 à 0h19

Modifié 11 avril 2021 à 2h46

Quelles sont les qualités requises pour faire ce métier ? Quelle formation faut-il suivre ? Quelle est l'approche du ministère pour développer les compétences de ses équipes dans un environnement changeant ? Zoom sur un métier que l’on connaît peu et qui déchaînent les passions, à l'occasion du 62ème anniversaire de la création du ministère des Affaires étrangères du Maroc.

Le dossier du Sahara, le retour du Maroc à l’UA, l’intégration de la CEDEAO, les accords avec l’UE… La diplomatie marocaine n’a jamais été autant aux devants de la scène et sollicitée que ces dernières années. 

Pourtant, on sait peu de choses sur les contours du métier de diplomate qui défend les intérêts suprêmes de la nation. Ce 26 avril, le Maroc commémore la 62ème année de la création du ministère des Affaires étrangères du Maroc indépendant. Une occasion de revenir sur le profil du diplomate marocain, ses compétences, les qualités nécessaires pour faire ce métier, la stratégie du ministère pour relever le niveau de ses équipes… Le but est de rapprocher les lecteurs des artisans de la diplomatie marocaine.

La vie d'un diplomate est dans l'imaginaire collectif une vie de rêve qui allie avantages et train de vie de luxe. Parfois, le diplomate est représenté comme un rond-de-cuir qui ne fait rien de ses journées. Qu'en est-il vraiment ? "Des journées interminables". "Un stress permanent". "Des heures de travail incommensurables". "Une vie personnelle inexistante"... Voilà ce que répondent des  personnes ayant côtoyé ce métier de près, sans pour autant disconvenir des avantages que peut apporter cette fonction. 

Au-delà des avantages/inconvénients d'un tel métier, être diplomate marocain, c'est quoi ?

Représenter, influencer,  négocier et coopérer

Les cadres et agents diplomatiques et consulaires sont responsables de la défense des intérêts du Maroc et des Marocains dans un environnement international où il s’agit de représenter, d’influencer, de négocier et de coopérer. «Ils doivent déployer un large éventail de compétences», nous explique-t-on au ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale (MAECI).

Quelles sont donc les qualités requises pour assurer une mission d’une telle importance ? «C’est une question à un million de réponses», nous répond une source autorisée au ministère. «Il est difficile de cerner les qualités dans leur totalité tant les profils diffèrent d’un département à un autre». «Représenter le Maroc dans un contexte bilatéral diffère du contexte multilatéral, gérer un dossier économique ou un autre sécuritaire nécessite des profils différents», ajoute notre interlocuteur.

Cela dit, sans être dans l’exhaustivité, il y a des prérequis communs à tous les profils de diplomates :

La maitrise des langues et l’aisance dans l’apprentissage des langues étrangères. « C’est l’outil de travail d’un diplomate ».

La polyvalence.«La pratique exige des diplomates d’être polyvalents et maitriser les enjeux économiques, sécuritaires, politiques… car ils sont amenés à travailler sur plusieurs fronts».

L’intelligence. Dans le sens de «savoir déployer ses compétences dans un contexte bien particulier».

Le sens de l’arbitrage. Il est important qu’un diplomate sache adapter ses postures en fonction des situations, qu’il soit en négociation ou dans une simple rencontre de courtoisie.

Le sens du contact. Le diplomate est un négociateur qui doit savoir gérer les relations humaines.

Le sens des valeurs. Le MAECI a même établi une charte des valeurs qui doivent guider toutes les actions de ses fonctionnaires ainsi que ses stratégies en matières de politiques RH et ingénierie des compétences.

La réussite de l’action diplomatique marocaine est donc fortement liée aux compétences et à la qualité de ces fonctionnaires que le ministère nourrit tout au long de la carrière du diplomate. Car pour les responsables au sein de ce département stratégique : «La diplomatie et un métier qui suscite un processus continue de veille et de monitoring en terme de compétences».

D’une formation à une autre

Tous les jeunes diplômés nouvellement recrutés, sur concours, au ministère des Affaires Etrangères et de Coopération internationale passent par une première étape indispensable : l’Académie marocaine des études diplomatiques. Ils bénéficient d’une formation s’étalant sur 10 mois, alliant à la fois théorie et pratique.

La politique étrangère du Maroc, les relations internationales, le droit international public, l’étude approfondie du Maroc et la pratique diplomatique et consulaire, des cours de langues étrangères, les techniques de rédaction administrative et diplomatique… sont autant de modules enseignés au cours de cette période.

Au terme de cette formation «initiale», les cadres stagiaires franchissent les portes du ministère compte tenu de leurs profils.

Mais cela ne veut aucunement dire que les formations s’arrêtent à ce niveau. Bien au contraire, le diplomate bénéficie au sein du département des affaires étrangères d’un accompagnement continue grâce à une stratégie de formation bien pensée. 

«La stratégie de la formation est là pour accompagner, doter et outiller nos diplomates de compétences, en termes de savoir faire, savoir être et savoir agir, nécessaires pour réaliser les objectifs tracés en adoptant une approche proactive sous forme d’ingénierie de compétence», déclare une source autorisée au MAECI. Et d’ajouter: «Nous sommes dans l’optique de conduire notre diplomatie dans les sphères de l’excellence exigées pour réaliser les objectifs du pays et mener à bien nos projets de grande échelle».

Une des formations les plus importantes est la formation linguistique. «Des contrats sont reconduits chaque année avec les centres de langues afin de garantir aussi la continuité et accompagner les fonctionnaires pour atteindre des niveaux satisfaisants en pratique des langues étrangères», nous explique notre source. En 2017, 238 personnes ont bénéficié des cours de langues en session normale au sein des centres de langue. D’autres langues sont proposées en sessions accélérées afin de répondre à des besoins spécifiques d’affectation en poste à l’étranger.

Au-delà, les agents du MAECI bénéficient de diverses formations sur des thèmes généraux ou pointus qui vont de la rédaction diplomatique aux pratiques de la diplomatie en passant par la prise de parole en public, la négociation, la gestion de crise, la sensibilisation aux enjeux individuels, collectifs et professionnels de la «carrière», les dimensions bilatérales et multilatérales, la dimension juridique, les questions consulaires…

L’accompagnement des compétences par la formation se fait également en des périodes clés de la carrière d’un agent. Avant une affectation à l’étranger d’un agent, une formation "Prémutation" lui est dispensée avec pour objectif de «le préparer pour réussir sa prise de fonction et s’assurer qu’il sera opérationnel une fois en poste », explique-t-on au MAECI. Les cycles de formation sont alors définis selon le poste et la région d’affectation (cycle diplomatique, cycle consulaire, cycle spécifique, tables rondes par zone géographiques).

Idem si un agent est appelé à assurer une fonction de responsabilité. «Ce cycle de formation vise en priorité à renforcer les compétences managériales et les capacités de leadership du middle et top management de notre Département», ajoute notre source.

Les NTIC en renfort

Avec des agents aux quatre coins du monde, et une politique qui met la formation et le renforcement des compétences au cœur de la stratégie du ministère, les équipes misent de plus en plus sur les NTIC.

Une plateforme de formation à distance, de partage et de vidéos learning accessibles, en temps réel, est mise à la disposition des diplomates. «Des formules très à la pointe et adaptées aux besoins et exigences du métier sont à venir dans le futur proche», nous assure notre source sans en dire plus.

Ce qui est certain, c’est que le ministère ne lésine pas sur les moyens pour armer ses soldats des meilleures armes en termes de compétence.

«Nous ne faisons pas de la gestion traditionnelle des RH, mais de l’ingénierie des compétences de notre capital humain», assure notre source. Elle en veut pour preuve l’approche scientifique adoptée pour la gestion du développement des compétences du capital humain.

«Notre politique de développement des compétences est proactive et basée sur l’identification et la mesure des écarts en compétences individuelles et collectives, le tout conforté par un système d’évaluation et de mesure d’impact informatisé», nous déclare-t-on.

Le département dirigé par Nacer Bourita prend très au sérieux la question du renforcement des compétences des agents et l’érige en véritable priorité. Le jeu en vaut bien la chandelle. 

 

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