A quoi ressemblera le futur marché des capitaux marocain

| Le 21/3/2018 à 17:12

La Bourse de Casablanca 2.0 est en cours de naissance. Un nouvel ensemble intégré qui gèrera tous les marchés et les instruments, existants et à venir, pour mieux contribuer au financement de l’économie. Le processus prendra beaucoup de temps mais la volonté de tous les acteurs d’aller vite semble visible.

C’est une véritable réforme de structure qui est entamée. Après la tenue de la première réunion du Comité du marché des capitaux lundi 19 mars, la Bourse de Casablanca a présenté sa nouvelle feuille de route 2017-2021.

Objectif : libérer le potentiel du marché, qui semble « bloqué » depuis quelques années, pour contribuer plus activement au financement de l’économie.

Ce grand chantier prendra beaucoup de temps, certainement plusieurs années, de l’aveu même du président du conseil d’administration et du DG de la Bourse, Hamid Tawfiki et Karim Hajji. Mais la volonté de toutes les parties prenantes d’aller vite, contrairement aux précédentes fois, semble acquise.

 

La démutualisation de la bourse comme première étape

Tout a commencé avec la démutualisation de la Bourse de Casablanca, opérée en juin 2016. Une ouverture du capital stratégique censée permettre de donner un nouveau souffle à un marché caractérisé par sa faible liquidité, son nombre limité d’entreprises listées et ses instruments trop classiques.

Les avantages de la démutualisation :

-La nature des nouveaux actionnaires : émetteurs, investisseurs, intermédiaires..., permettant d’aligner les visions et de favoriser le développement du marché des capitaux…,

-la gouvernance mise en place (administrateurs indépendants, comités…), garantissant un pilotage stratégique et opérationnel aux standards internationaux,

-Et les nouvelles missions de la société gestionnaire du marché : gestion de toute la chaine de valeurs, possibilité de créer de nouvelles infrastructures comme une chambre de compensation et de lancer de nouveaux instruments financiers…

Après la démutualisation, la réflexion et la définition de la nouvelle vision de développement de la Bourse auront nécessité plus d’un an de travail avec l’implication de toutes les parties prenantes (société gestionnaire, autorités de régulation, secteur bancaire…).

La nouvelle vision de développement

Voici les principaux objectifs de cette nouvelle vision de développement du marché des capitaux :

- Construire une infrastructure de marché robuste

- Contribuer au financement de l’économie

- Réussir un rayonnement local, régional et international.

Vers quoi s’achemine-t-on ?

Faire évoluer le marché d’un marché de titres (actions, obligations…) fragmenté à un marché intégré dit "de risques" (meilleure correspondance entre les besoins et contraintes des émetteurs et investisseurs). Autrement dit, parvenir à terme à une efficience collective du marché pour un meilleur financement de l’économie.

Concrètement :

- Assurer une gestion intégrée : de la mise à la disposition de tous les instruments au dénouement des opérations

- Servir tous les types d’émetteurs : grandes entreprises privées, PME, entreprises publiques, émetteurs étrangers

- Créer un compartiment alternatif (PME) et un autre pour les produits dérivés

- Passer d’un marché où il y a uniquement de l’action et de l’obligation à un marché où il y a des futures, des options, des ETF (fonds indiciels), des OPCI… pour répondre à l’ensemble des besoins des investisseurs et des émetteurs

- Avoir, en plus des sociétés de bourse comme intervenants directs, les salles de marchés, les faiseurs de marché…

La Bourse 2.0

Le nouveau modèle de développement nécessite donc une infrastructure intégrée : du trading au dénouement en passant par la compensation.

La compensation sera assurée par une institution en cours de création par la Bourse de Casablanca et qui sera la contrepartie centrale qui mitigera le risque pour l’ensemble des opérateurs (banques, sociétés de bourse…) et pour tous les titres.

Le dénouement (règlement/livraison) est assuré par Maroclear qui sera intégré au nouvel ensemble appelé « Bourse 2.0 ».

Quels avantages d’une infrastructure intégrée ?

- Alignement stratégique de l’ensemble des acteurs du marché : si la bourse de Casablanca souhaite nouer un partenariat avec celle d’un autre pays, avoir la même vision chez la chambre de compensation et le dépositaire central est un grand plus

- Optimisation des délais d’exécution et de dénouement des opérations

- Réduction des coûts des opérations grâce aux synergies, ce qui bénéficiera aux opérateurs locaux et attirera les étrangers.

- Taille critique et point d’entrée unique pour une meilleure visibilité à l’international.

- Meilleure allocation des ressources.

Le plan de développement de la bourse de Casablanca

La vision de développement de la Bourse 2.0 sera déclinée à travers un plan qui vise d’abord à construire une infrastructure de marché performante, capable de traiter tous les instruments financiers (au comptant et à terme) et de les dénouer dans les meilleurs conditions de coût et de sécurité.

L’infrastructure va être évolutive, pérenne et soutenable pour les actionnaires de la Bourse de Casablanca.

Le rôle de la chambre de compensation à venir est primordial dans la réussite de la nouvelle infrastructure du marché ou de la Bourse 2.0. Cette entité permettra de mieux gérer les risques de la place et d’assurer une meilleure optimisation des ressources de façon globale.

Pour sa mise en place, une adaptation de la législation est nécessaire, notamment pour pouvoir traiter les instruments au comptant et à terme non cotés.

Il faut aussi que les acteurs financiers soient incités par les régulateurs à passer par la chambre de compensation plutôt que d’interagir directement les uns avec les autres.

Le système d'information

Le système d’information de la Bourse de Casablanca est déjà aux standards internationaux. Il permet de traiter jusqu’à 500 ordres par seconde.

La Bourse de Casablanca traite désormais avec un seul éditeur pour la cotation, la négociation et la surveillance, contrairement à avant.

Le système peut déjà traiter toute classe d’actif : actions, obligations, OPCI, ETF, dérivés sur devises…

La plateforme est déjà multidevises, c’est-à-dire qu’elle permet la cotation des titres en devises étrangère.

Ce qu'il faut faire en fonction des objectifs

Contribuer au financement de l’économie :

- Encourager le recours à l’appel public à l’épargne :

o   Amélioration de l’attractivité et de la transparence de la dette privée

o   Développement de l’accès des PME à travers le programme Elite et la création du marché alternatif.

o   Contribution au financement des projets d’infrastructures : énergies renouvelables, infrastructures… en les structurant pour les rendre plus accessibles aux investisseurs

- Attirer les investisseurs locaux et étrangers :

o   Améliorer les incitations fiscales notamment celles relatives au PEA (plan d’Epargne Action)

o   Elargir la palette des produits cotés

o   Développer une variété d’indice : RSE…

o   Améliorer la visibilité de la bourse à l’étranger à travers notamment des roadshows

o   Accompagner les émetteurs dans leur communication financière

o   Permettre la cotation des titres étrangers

- Améliorer la liquidité :

o   Renforcer les exigences de flottant pour les sociétés cotées

o   Améliorer la lisibilité de la cote avec une segmentation plus claire

o   Ajouter de nouvelles catégories d’ordres

o   Renforcer l’attractivité du prêt-emprunt de titres

o   Favoriser l’émergence de l’activité d’apporteur de liquidités : mettre en place des incitations pour encourager des salles de marché à intervenir sur des titres.

Favoriser le rayonnement international :

L’ensemble de ces chantiers permettra une meilleure visibilité du marché boursier marocain à l’international. Pour aller en Afrique subsaharienne, il faut déjà être crédible sur le marché local, dit le management de la Bourse.

En attendant, la société gestionnaire a est déjà engagée, depuis deux ans, dans un projet baptisé African Exchanges Linkage project qui consiste à connecter entre elles six bourses africaines : Maroc, Afrique du Sud, Nigéria, Kénya, L'île Maurice et la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM). Un projet soutenu par la Banque Africaine de développement.

La Bourse de Casablanca dispose également de partenariats bilatéraux avec des bourses étrangères qu’il s’agit de réactiver, comme celui avec Tunis pour le double listing.

Un projet ambitieux

On le voit, le chantier et lourd, ambitieux et nécessitera certainement plusieurs années et l’implication de toutes les parties prenantes pour voir les premières retombées en termes de développement des transactions et de financement de l’économie.

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