Maroc. La Défense aérienne renforce ses capacités de riposte

La DAT (Défense aérienne du territoire) représente le fer de lance de tout système de défense militaire. Fondée il y a 40 ans au Maroc, la DAT nationale voit son rôle renforcé par l’intégration – pour la première fois dans l’histoire du Royaume, des défenses aériennes de la Marine royale dans son dispositif.

Maroc. La Défense aérienne renforce ses capacités de riposte

Le 12 février 2018 à 18h44

Modifié 11 avril 2021 à 1h27

La DAT (Défense aérienne du territoire) représente le fer de lance de tout système de défense militaire. Fondée il y a 40 ans au Maroc, la DAT nationale voit son rôle renforcé par l’intégration – pour la première fois dans l’histoire du Royaume, des défenses aériennes de la Marine royale dans son dispositif.

La transformation en cours de la DAT vise à développer un système de défense aérienne intégrant de nouvelles capacités, permettant d’être mieux réactif face aux menaces aériennes émergentes.

«La modernisation de la DAT repose sur les piliers suivants: valorisation des RH, simplification efficiente des structures, développement de nouvelles capacités opérationnelles ainsi que la promotion de la coopération interarmées» explique le colonel-major Hassan Barj, commandant de la Défense aérienne du territoire, dans une récente interview accordée à ‘’L’Espace Marocain’’, magazine scientifique des Forces Royales Air. Une partie importante des données de cet article provient du dossier sur la DAT, publié dans le dernier numéro de ce magazine.

LA DAT a pour mission d’assurer la surveillance permanente de l’ensemble des mouvements aériens détectés au-dessus du Royaume, en collaboration avec le Centre national de contrôle de la sécurité aérienne (CNSA). L’objectif ultime est d’identifier et évaluer les menaces aériennes, fournir aux autorités militaires des éléments de décision et s’opposer aux attaques perpétrées par la voie des airs.

Au fil des ans, le périmètre d’action de la DAT s’est élargi pour tenir compte de la densification du trafic aérien civil – notamment suite aux accords de l’open sky, et l’éventualité d’un détournement d’avions commerciaux – comme cela fut tristement le cas lors des attentats du 11 septembre 2001.

C’est dans ce contexte en pleine mutation que les Forces Royales Air ont renforcé le dispositif de défense aérienne contre des menaces multiformes. La plus récente avancée consiste en l’intégration des moyens de défense aériens de la Marine royale – essentiellement les systèmes de défense de la frégate Mohammed VI et de trois autres frégates de type Sigma.
«Cela permet au Royaume de se doter d’un nouveau moyen de défense aérienne sur navire, avec des moyens de communication reliant en temps réel les bâtiments navals au Centre national de défense aérienne – basé à Salé. L’objectif étant de mobiliser l’ensemble des moyens de défense» précise l’expert militaire Abdelhamid Harifi.

Selon cet expert, la défense aérienne nationale connaît également l’extension et le renforcement de son artillerie sol-air. Des sources avancent l’achat par le Maroc du système chinois de défense aérienne Sky Dragon-50, spécialisé dans la défense aérienne de zone (par opposition à la défense de forces terrestres en mouvement). Contrairement à d’autres fournisseurs, « la Chine et ses armes présentent de nombreux avantages, dont notamment la confidentialité extrême qui entoure les spécificités techniques de leurs systèmes de défense ».

>Avions : les F16 les plus performants de la région

La flotte marocaine d’avions de chasse est composée essentiellement de F16, F1 et F5. Contrairement à notre voisin de l’est dont la flotte d’origine russe se constitue de Sukhoi 30, Sukhoi 24, des Mig 29 et Mig 25.

«L’armement américain et européen a fait ses preuves sur le terrain des opérations. Avec de réels faits d’armes, contrairement aux avions russes» souligne Harifi, qui précise par la même occasion que «le F16 n’est pas un simple avion de chasse. Sa performance dépend pour beaucoup du système de détection et de l’armement embarqué».

Or, l’expert estime que le Maroc dispose de l'un des meilleurs systèmes d’armement F16 du monde arabe et de l’Afrique. Principalement grâce au système HARM AGM-88, «un fleuron technologique possédé par très peu de pays, et qui fait la fierté du Maroc».

>Radars : la fin des ‘’zones aveugles’’

La DAT a mis en place un maillage radar du territoire, par l’implantation de plusieurs sites de détection aux quatre coins du Royaume.

La détection radar est la pierre angulaire de tout bon système de défense aérienne. Dès les années 70, le Maroc avait procédé à l’achat de deux radars de défense anti-aérienne TPS-43 et TPS-63, pour la modique somme de 220 M dollars– une fortune à cette époque.

Au cours des dernières années, la DAT s’est renforcée par l’acquisition de radars GM-403 – d’une portée de 400 km, ainsi que des TPS-79. Ces derniers permettent de détecter avec une grande précision les avions volant aussi bien à basse qu’à haute altitude.

Déployés dans les régions de l’Atlas, les TPS-79 sont également efficaces dans les ‘’zones aveugles’’, dont les caractéristiques topographiques influent la performance des radars.
Le maillage radar du territoire national se poursuit selon Abdelhamid Harifi: «Le Maroc s’est donné pour objectif, dans les 5 ans à venir, de se dôter de 8 radars GM, 16 stations radars de longue portée ainsi que plusieurs radars de moyen et courte portée».

>Système d’information et de communication (SIC): totale interaction

De manière générale, les FAR ont toujours tiré leur force de leur logistique ainsi que de la qualité des moyens de communication. L’éventail du SIC couvre aussi bien les classiques transmissions radioélectriques que l’utilisation des réseaux hertziens numériques.

Ce système permet à la DAT de relier l’ensemble de ses postes de contrôle, ses effecteurs (mécanismes de défense) et ses capteurs. Ces derniers sont constitués de senseurs de nouvelle génération, réparties de façon stratégique sur l’ensemble du territoire.

Le SIC permet aussi d’échanger des informations en temps réel avec d’autres corps d’armée. Ces données compilées permettent de définir une image opérationnelle commune, d’une importance vitale dans le processus de prise de décision face à une menace. «L’image qu’a le pilote d’un F16 dans son cockpit est retransmise en temps réel au centre de commandement de Salé. Cela n’existe dans aucun pays africain ou arabe» se félicite Harifi. Toujours selon l’expert, certains SIC militaires ont été développés par des compétences 100% marocaines: simulateurs de combat urbain, système de reconnaissance topographique, logiciel de centralisation des données radar,….

>Centre national de défense aérienne: pierre angulaire de la DAT

C’est l’élément central de contrôle et de surveillance du système de défense aérienne. Sa mission principale est de prendre connaissance des éléments de vols de l’ensemble des aéronefs survolant ou se dirigeant vers le territoire national: nationalité, immatriculation, plan de vol,… Un travail mené en collaboration avec le Centre national de de contrôle de la sécurité aérienne – relevant de l’ONDA.

Le CNDA exploite et recoupe ces informations en les comparant aux mouvements aériens détectés. Ce qui permet de définir une réaction appropriée, après avoir classé l’aéronef dans l’une des quatre catégories suivantes: ami-suspect-hostile-inconnu.

Tout défaut de concordance conduit à l’activation immédiate de la Police du ciel. Assurée par des avions de chasse, la Police du ciel déploie des mesures actives de défense aérienne, dans le cadre de la Posture permanente de sûreté aérienne: reconnaissance-interrogation-escorte-modification de l’itinéraire par contrainte-arraisonnement-tir de semonce-neutralisation.

En complément de la Posture permanente de sûreté aérienne, les FRA sont parfois amenés – lors d’événements importants, à déployer un dispositif particulier de sûreté aérienne (DPSA). Cela est régulièrement le cas pour l’exposition ‘’Air Show’’ de Marrakech, ou encore lors d’événements ponctuels tels que la COP 22.

Concrètement, le DPSA voit le déploiement de mesures spécifiques telles que des zones interdites de survol, des radars additionnels, avions de chasse et hélicoptères, sans oublier les traditionnelles batteries de défense sol-air.

>Menaces aériennes non-militaires: l’initiative ‘’5+5 Défense’’

De par leur nature transfrontalière, les menaces aériennes non-militaires ont poussé les Etats à adopter une politique de coopération régionale et internationale. L’initiative 5+5 Défense a ainsi été signée en 2004 entre les ministres de la Défense de 10 pays du pourtour méditerranéen: Espagne, France, Italie, Malte, Portugal, Maroc, Algérie, Tunisie, Lybie et Mauritanie.

Elle vise à fluidifier l’échange de renseignements et à instaurer des procédures de sécurité aérienne dans le cadre de la coopération entre les Etats membres. Des manœuvres conjointes sont organisées afin de tester et mettre en application ces procédures.

Répondant au nom de code ‘’Circaète’’, ces manœuvres s’articulent en général autour de simulations d’interception, en réponse à l’intrusion d’un avion dans les espaces aériens des pays membres de l’initiative. Le Maroc a participé à chacune de ces manœuvres militaires, et a également organisé le Circaète 2012.

>Détachement F16 marocain aux Emirats Arabes Unis

Les Emirats Arabes Unis abritent actuellement un détachement F16 marocains composé d’officiers, de sous-officiers et d’hommes de troupe. Opérant dans le cadre de la coopération militaire entre les deux pays, les membres du contingent marocain procèdent à la formation de leurs homologues émiratis. Rappelons que le détachement F16 marocain aux Emirats avait fait l’objet d’une visite, fin 2017, du général de brigade aérienne et inspecteur des Forces Royales Air – en marge de la participation du Maroc à la 8è conférence des chefs d’Etat Major de l’armée de l’air.


 

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