Le champ politique s’installe dans une bipolarisation PJD-RNI

Une année et demie après les législatives d’octobre 2016, le champ politique a été profondément modifié. Les dirigeants de plusieurs partis ont changé (PJD, Istiqlal, RNI) et d’autres ne vont pas tarder à passer la main. Le RNI, malgré un petit 40 sièges au parlement, qui tient le rôle de challenger du PJD.

Le champ politique s’installe dans une bipolarisation PJD-RNI

Le 12 février 2018 à 18h27

Modifié 11 avril 2021 à 2h44

Une année et demie après les législatives d’octobre 2016, le champ politique a été profondément modifié. Les dirigeants de plusieurs partis ont changé (PJD, Istiqlal, RNI) et d’autres ne vont pas tarder à passer la main. Le RNI, malgré un petit 40 sièges au parlement, qui tient le rôle de challenger du PJD.

Ce n’est pas le moindre des paradoxes. Le challenger fait lui-même partie de la coalition gouvernementale.

Et comme si cela ne suffisait pas, l’opposition au Chef du gouvernement et aux ministres PJD vient d’abord de l’intérieur de leur propre parti.

Quel que soit ce que l’on peut penser de Benkirane et de son rôle politique, sa dernière sortie, au congrès de la chabiba du PJD, n’était pas totalement heureuse. Et certainement pas spontanée: comment peut-on reprocher à un adversaire politique son physique? Les allusions de l’ex-chef  du PJD, à l’adresse de Lachguar, en évoquant les combats de sumo, ne sont pas dignes.

Ses attaques contre les chefs de l’USFP et du RNI visaient certainement à mettre en difficulté Elotmani. La marge de manœuvre de Benkirane, “qui n’accepte pas son éviction, est étroite“, selon l’un de ses camarades du parti. La nuisance et la déstabilisation font partie des armes qui lui restent. Elles ne sont pas les seules, mais il les utilise.

Un ministre PJD ne cache pas qu’Elotmani traverse un moment difficile. Lors du congrès de la Chabiba, Benkirane a tiré sur deux partis alliés de la coalition gouvernementale. Dans des déclarations publiques qui ont fait suite au discours de Benkirane, des responsables du PJD ont évoqué la liberté d’expression. Mais Benkirane n’est pas un militant de base. C’est l’ancien secrétaire général, l’ancien chef du gouvernement et il a un matelas certain de popularité à l’intérieur et à l’extérieur du parti.

Pour ce ministre, qui a soutenu Benkirane par le passé, “le PJD ne peut pas être bicéphale. Elotmani a une forte personnalité mais elle est intérieure, elle n’est pas visible par ceux qui ne le connaissent pas vraiment. Ceux qui croient qu’il est faible se trompent“.  Notre source ajoute: “La provocation de Benkirane rend service à Elotmani : elle lui donne l’occasion de s’affirmer en tant que leader et d’exiger un minimum de discipline et de respect. Ou on s’allie avec des partis, ou on les diabolise. Mais on ne peut pas faire les deux“.

Boycott ou pas boycott?

Benkirane a effectué sa sortie le samedi 3 février. Le jeudi suivant, au Conseil de gouvernement, l’USFP était représenté seulement par un secrétaire d’Etat. Idem pour le RNI. Une source sûre a déclaré à Médias24 qu’il s’agit d’un boycott. En d’autres termes, une absence délibérée et coordonnée, même si une partie des ministres RNI étaient réellement absents du pays.

On y a mis les formes. Le boycott a sonné surtout comme un avertissement. Chacun des ministres absents s’est excusé au préalable, même Moulay Hafid Elalamy qui devait faire un exposé sur la candidature marocaine à la coupe du monde 2026 et son collègue Talbi Alami concerné par le même sujet.

La décision d’absence a été prise à la dernière minute car le RNI, l’USFP, soutenus par le MP et l’UC, avaient demandé une réunion de la Majorité sans obtenir de réponse.

Après le boycott ou le semi-boycott, la Majorité s’est réunie le soir même du conseil de gouvernement.

Elotmani n’a pas publié de communiqué, ni fait de déclaration comme l’espéraient les deux partis froissés. Il a simplement fait savoir que la réunion s’est passée dans une atmosphère positive et constructive et que la Majorité avait convenu du plan d’action gouvernemental à venir. En d’autres termes, tout va bien, et on va continuer à travailler ensemble.

Elotmani a-t-il voulu jouer la montre? Ou a-t-il voulu faire valider une position par le secrétariat général du PJD? En tous les cas, ce dernier s’est réuni dimanche, sans prendre de décision. Une seconde réunion est prévue pour ce mardi, selon une source interne.

Plusieurs ministres RNI étaient absents de la visite effectuée à Jerada par Saâdeddine Elotmani, mais leur absence était prévue depuis longtemps: Boussaïd se trouvait à Dubai à une réunion du FMI et les membres du parti politique ont tenu des congrès régionaux à Laâyoune et Beni Mellal.

La coalition a subi une vraie secousse. D’ici jeudi prochain, date du prochain conseil de gouvernement, on verra s’il y a des répliques ou si tout rentre dans l’ordre.

Dans un post sur Facebook, un membre du PJD, Nizar Khairoun, dresse ce constat: tandis que le RNI travaille quotidiennement et sur le terrain, nous détruisons ce que nous avions construit et nous attaquons la direction de notre parti.

 

 

Le RNI est loin d’atteindre la taille du PJD, mais il agit. Depuis 2017, il y a eu un travail dans les domaines de l’organisation, de  la structure, du recrutement et maintenant de l’élaboration d’une plateforme idéologique:

-avec un positionnement social-démocrate.

-avec comme priorités l’emploi, la santé et l’éducation.

La plateforme sera soumise au Conseil national puis rendue publique le 24 février prochain à Agadir, fief du parti d’AKhannouch, qui accueillera le dernier congrès régional de la tournée entamée fin 2017.

Quel que soit ce que l’on peut dire ou penser de son arrivée à la tête du RNI ou du blocage de la formation du gouvernement, il y a du travail qui est fait avec constance. Après la plateforme idéologique, le recrutement sera intensifié. Tout se jouera à ce moment-là. Un parti réussit lorsqu’il a des militants de base, des vrais. C’est là qu’on jugera de la réussite ou pas du projet Akhannouch.

Aujourd’hui, sur la scène politique, il y a une alliance UC-RNI-MP-USFP d’un côté, tirée par Akhannouch. Le MP doit tenir un congrès. Laensar est censé passer la main. L’UC sera absorbé par le RNI.

De l’autre côté, le PJD continue à subir des secousses. Comment affrontera-t-il les prochaines échéances si Elotmani ne reprend pas la main?. On n'entre pas dans l'arène électorale sans leader. L’Istiqlal se reconstruit sous la houlette de Nizar Baraka qui a le don de travailler en silence et avec efficacité. Le PAM ne fait plus parler de lui et l’avenir politique d’Ilyas est marqué par une grande incertitude.

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