La polémique sur la gratuité de l’enseignement reflète un rejet du désengagement de l’Etat et de la montée du privé

La forte émotion soulevée au sein de l’opinion par la simple éventualité de la fin de la gratuité de l’enseignement public est légitime. Elle témoigne de la montée de la défiance d’une partie importante de l’opinion à l’égard des politiques de privatisation et de la démission de l’Etat devant des obligations qui lui paraissent légitimes. L’affaire ne concerne pas seulement l’enseignement.

La polémique sur la gratuité de l’enseignement reflète un rejet du désengagement de l’Etat et de la montée du privé

Le 29 novembre 2016 à 15h09

Modifié 11 avril 2021 à 2h39

La forte émotion soulevée au sein de l’opinion par la simple éventualité de la fin de la gratuité de l’enseignement public est légitime. Elle témoigne de la montée de la défiance d’une partie importante de l’opinion à l’égard des politiques de privatisation et de la démission de l’Etat devant des obligations qui lui paraissent légitimes. L’affaire ne concerne pas seulement l’enseignement.

>Pour ce qui concerne l’enseignement: le CSEFRS (Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique), a consacré sa 10e session, les 21 et 22 novembre, à l’avant-projet de loi-cadre sur l’Education. Il a adopté un avis pour que le texte soit conforme aux dispositions de la Vision 2030, adoptée en 2015.

Parmi les lacunes du texte transmis par le chef du gouvernement, la mention aux sources de financement telle qu’elle aurait dû figurer.

A la suite de cette session dont l’avis a été adopté à l’unanimité des participants et dont les travaux sont censés être marqués du sceau de la confidentialité, des sources syndicales membres du conseil ont fait fuiter une information selon laquelle le CSEFRS a recommandé au gouvernement la fin de la gratuité.

Bien sûr, il n’en est rien. D’abord, la décision appartient au gouvernement. En second lieu, il s’agit d’une option parmi plusieurs autres, pour diversifier les sources de financement, tout en maintenant l’effort de l’Etat. Si la gratuité est supprimée, elle le sera au-delà du collège et seulement pour les familles qui en ont les moyens. Et l’option de supprimer la gratuité n’est pas une nouveauté, elle figurait déjà dans la Vision stratégique.

Ce mardi 29 novembre, le CSEFRS a publié un communiqué explicatif, qui reprend les explications que le président du Conseil, Omar Azziman, avait livrées deux jours auparavant à Médias24.

>C’est au gouvernement qu’il appartient de s’exprimer et il ne l’a pas fait. Certes, il s’agit d’un gouvernement de gestion des affaires courantes, mais il s’agit précisément d'une communication sensible, qui relève de ses compétences.

Un conseil, des experts, élaborent une stratégie, formulent des recommandations. Les politiques les appliquent ou ne les appliquent pas. Mais s’ils les appliquent, c’est à eux de les défendre, de les “vendre“.

>Une suppression de la gratuité de l’enseignement serait inacceptable. Pour une grande partie de l’opinion, elle signifierait un encouragement du profit, du privé.

>L’Etat donne l’impression de démissionner, de se désengager, de plusieurs secteurs, au profit du privé. En tant que choix économique, financier et politique, la vague de privatisations des années 90 ne fait pas l’unanimité. Une partie de son bilan est discutable. Prenez l’exemple de la Samir. Ou celui de Maroc Telecom: rien qu’en dividendes, l’Etat a perdu au moins dix fois plus que ce qu’il a encaissé.

>Certains domaines sont stratégiques. L’Enseignement et la Santé en font partie. Le gouvernement sortant et son chef n’ont pas caché à plusieurs reprises leur souhait de faire du prochain mandat celui des concessions au privé. “Pour le prochain mandat, je cèderai tout ce que je pourrai à la gestion privée“, a dit Benkirane.

>L’opinion n’acceptera pas de mettre la main à la poche, parce qu’elle sait que l’Education a été mal gérée, que l’argent du contribuable a été mal utilisé, que le niveau laisse à désirer.

>Elle ne mettra pas la main à la poche, parce qu’elle estime que cela va accroître les inégalités et mettre l’ascenseur social définitivement en panne.

>Elle ne mettra pas la main à la poche, parce qu’elle estimera que certains domaines, comme le savoir, la formation, la santé, doivent rester à l’abri des appétits financiers.

>Elle ne mettra pas la main à la poche, parce qu’elle n’est pas sûre de l’usage qui sera fait de cet argent. Non pas qu’il sera volé ou détourné, mais qu’il sera probablement mal géré.

>Elle ne mettra la main à la poche que si le gouvernement fait preuve de rigueur dans la gestion de l’enseignement et des départements sensibles.

>Tout ce qui résonne comme profit indécent suscite désormais la défiance. Ce qui est donc certain, c’est que le prochain gouvernement ne pourra pas aller plus loin en matière de privatisation.

C'est de cette manière qu'est perçue la question des financements de l'enseignement public. Comme une tentative d'enlever un droit aux uns, pour remplir les poches des autres.

Le prochain gouvernement devra tenir compte de cet état d'esprit.

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