NDC et financements: le bras-de-fer a commencé à la COP22

La COP22 réunie à Marrakech doit être celle de «l’action». Avant cela, les 196 parties de l’Accord de Paris (AP) devront répondre à au moins trois questions majeures: comment évaluer les engagements des Etats et leur chiffrage? Qui doit payer? Comment comptabiliser les flux financiers pour «l’atténuation» du réchauffement, «l’adaptation» à ses conséquences, les transferts de technologie et la mobilisation des capacités?

NDC et financements: le bras-de-fer a commencé à la COP22

Le 8 novembre 2016 à 13h29

Modifié 11 avril 2021 à 2h38

La COP22 réunie à Marrakech doit être celle de «l’action». Avant cela, les 196 parties de l’Accord de Paris (AP) devront répondre à au moins trois questions majeures: comment évaluer les engagements des Etats et leur chiffrage? Qui doit payer? Comment comptabiliser les flux financiers pour «l’atténuation» du réchauffement, «l’adaptation» à ses conséquences, les transferts de technologie et la mobilisation des capacités?

Dès le premier jour de la COP22 lundi 7 novembre, la grande partie d’escrime a commencé. Dès sa première conférence de presse, Salaheddine Mezouar assure que «le financement et l’adaptation» sont au cœur du rendez-vous marocain.

 L’enjeu est constitué par l’engagement de l’Accord de Paris (AP) de trouver 100 milliards de dollars de financements par an d’ici 2020. De leur côté, les Etats se sont en majorité engagés sur des NDC (Nationally Determined Contributions), acronyme anglais pour les engagements de chaque Etat à réduire les émissions de CO² dans la production d’énergie, les transports, l’industrie, l’habitat et le traitement des déchets, principalement.

Comment évaluer les engagements des Etats et leur chiffrage?

Le sujet –dans le sujet «Soutien aux pays en développement pour mettre en œuvre leurs NDC»- fait l’objet d’une conférence organisée par le ministère allemand de l’Environnement et de la protection de la nature, sous la houlette de la GIZ, la coopération allemande au développement durable.

Quatre chercheurs, dont les travaux  ont été financés par Bonn, sont là, bientôt suivis par quatre intervenants du Maroc, de l’Ethiopie, du Kenya et du Vietnam, menant également des actions sur le climat avec un financement allemand.

Le négociateur en chef allemand sur le climat, Norbert Gorissen, est là également. L’Américaine Cynthia Elliot du World Ressources Institute avance en terrain miné, mais légitime: «Nous avons appris de nos recherches sur le data et la transparence qu’il existe des choses à améliorer sur les capacités institutionnelles, la méthodologie, l’information et les ressources technologiques».

En substance, le Maroc peut demander 74 milliards de dollars pour atteindre ses NDC et l’Ethiopie 150 milliards, mais tout est à voir et à revoir.

Les Allemands aiment faire les choses avec méthode. Il faut bien savoir où va l’argent, que les pays occidentaux et la Chine sont les premiers pollueurs sur la planète; mais ils savent que la phase actuelle représente une opportunité pour nombre d’entreprises allemandes engagées dans l’éolien ou la mobilité électrique et hybride, par exemple.

Qui doit payer?

Plus tôt dans la journée, "les Amis de la Terre" avait convoqué la presse. Pour l’Afrique, Kwami Kpondzo rappelle qu’«un Malien émet 0,5 tonne de CO² par an contre 16,4 tonnes pour un Américain». Traduction: le pollueur doit payer.

«L’Afrique est le continent qui pollue le moins et il est celui qui est le plus touché par le dérèglement climatique. Il y a plus de 22 millions de personnes déplacées dans le Sahel et 3,5 autres millions dans la Corne de l’Afrique, en raison de l’avancée du désert». «Le test de la COP de Marrakech sera d’agir pour l’Afrique; pour nous, ne rien faire signifie la mort».

La Malaisienne Meena Raman, active au sein des "Amis de la Terre" et du Third World Network rappelle qu’«à Paris, nous sommes tombés d’accord sur une responsabilité commune, mais différenciée». «Le Protocole de Kyoto (PK) uniquement ratifié par 71 sur 144 Etats signataires et dont Washington s’est retirée, prévoyait que les Etats pollueurs baissent leurs émissions de 18% en 2020 par rapport à leurs niveaux de 1990».

 Pour Kwami Kpondzo et Meena Raman, il ne fait aucun doute que les pays du Nord doivent payer. Ils rappellent le récent rapport du PNUE «Emissions Gap Report 2016» : le monde se dirige vers une hausse de la température moyenne comprise entre 2,9° et 3,4° d’ici la fin du siècle. «Une augmentation de 1,5°C pourrait être atteinte dès 2030 et de 2°C en 2050», rappelle l’ancien ministre Laurent Fabius.

 Pendant ce temps, l’OCDE calcule que les subventions aux énergies fossiles sont bien plus élevées que les fameux 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 promis pour la transition énergétique dans les pays du Sud. Quand on sait que les petits Etats du Pacifique, premiers menacés par le réchauffement climatique et la montée des eaux, n’avaient pas les moyens de payer sur leur budget leur déplacement à la COP22 de Marrakech …

Comment comptabiliser les flux financiers?

Pour Maryama Williams du South Centre, le récent rapport «Roadmap to the USD 100 billion» (Feuille de route vers les 100 milliards de dollars) est d’abord «un outil politique avant de constituer un exercice comptable».

 Williams dénonce la comptabilisation dans les flux financiers Nord-Sud des dons et prêts multilatéraux, bilatéraux, publics et privés. Sur son blog et sa lettre d’information, Meena Raman aligne les chiffres: 70% du financement public est allé à «l’atténuation» tandis que «l’adaptation» a absorbé 25% des financements. 25,4 MM de dollars en 2013 et 26,6 MM de dollars en 2014 sont allés du Nord vers le Sud. Les financements publics devraient atteindre 67 milliards à partir de 2020. Pour combler le fossé, il faudra des financements privés, mais aussi que les pays du Sud mettent la main à la poche ou … empruntent.

Dès midi lundi à Marrakech, Latino-américains et Caribéens soulignaient dans un communiqué que«la transparence des actions des Etats constitue un pilier majeur de l’Accord de Paris», demandant une amélioration des modalités de mesure et de la vérification des NDC, afin «de réduire les incertitudes et d’améliorer progressivement la qualité de l’information». 

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