Nous sommes à Aïn Chock, la préfecture où se présente Mohamed Maâzouz au nom du PAM. A 16H30, une équipe de Médias 24 le rejoint sur le Bd panoramique, pour suivre une action de tractage et de contact direct avec les électeurs.

Mohamed Maâzouz est un anthoropologue marocain très connu, mais sa trajectoire l’a plutôt conduit dans les amphis et l’édition, la réflexion davantage que l’action politique. C’est ce que l’on appelle un intellectuel, plutôt selon la définition d’Edward Said que celle galvaudée qui court un peu partout de nos jours.

Il a rejoint le PAM dès sa gestation et l’on ne peut s’empêcher de l’interroger: c’est quoi le PAM? Est-il un parti de gauche ou de droite? un parti libéral ou socialiste?

Car Maâzouz est un peu l’idéologue du parti. C’est lui qui préside la cellule de réflexion au sein du bureau politique.

Comme tout intellectuel, Maâzouz ne peut s’empêcher de démontrer avant de dire. Voici sa réponse: “le rapport du cinquantenaire ainsi que le travail de l’IER (Instance Equité et Réconcicliation) sont les socles sur lesquels s’est créé le parti, où il se positionne“.

Aujourd’hui, le PAM se définit comme le défenseur d’une “social-démocratie ouverte. Notre social démocratie est faite d’authenticité et de modernité. Il faut mélanger tamaghrabit avec les défis de la modernité, les droits humains, la démocratie, les libertés individuelles et générales, le monde de la connaissance et l’économie solidaire pour créer une social démocratie ouverte sur les innovations et l’avenir, sur tout ce qui est neuf en termes de réflexion“.

En d’autres termes, c’est un parti qui croit en la notion de progrès et qui veut construire une société solidaire et moderne.

Le PAM est-il de centre gauche?

“Nous sommes plutôt la gauche du centre“.

Mohamed Maâzouz est tête de liste dans la préfecture de Ain Chock, appelée circonscription de la mort. Il est tête de liste pour les régionales de Casablanca-Settat. Sa colisitière (liste femmes) est Hind Ashawa, professeur agrégée en médecine nucléaire et enseignante à la Faculté de médecine de Casablanca.

Les co-listiers que nous rencontrons sont médecins, de professions libérales, des milieux d’affaires … ou habitants des bidonvilles de la région. L’équipe des régionales conduite par Maâzouz rejoint celle de Redouan Nidam et Kawter Jdidi, têtes de listes pour les communales à Aïn Chok, toujours pour le PAM.

Il y a là une trentaine de femmes et d’hommes du PAM, les tracts à la main (programmes des candidats, photos et listes des noms, petits flyers avec l’essentiel c’est-à-dire l’emblême du tracteur).

Petite concertation et direction vers un premier bidonville,  entre Sport Plaza et Marjane Californie. C’est Radouan Nidam, très connu dans la région dont il a été député, chef d’entreprise dans une vie parallèle, qui ouvre le bal. L’homme a l’habitude du terrain, cela se voit, il est avenant et il arrive à accrocher les regards et à lancer des discussions.

A l’entrée du bidonville, des accompagnateurs lancent des airs de musique à coups de bendir et de trompette. “C’est indispensable pour attirer l’attention“, m’explique un candidat.  Avant chaque action de terrain, Maâzouz se pose des questions conceptuelles, du genre: “quel lexique doit-on utiliser pour s’adresser à ces électeurs? Quelle darija? Quel vocabulaire? “ Le passage de la théorie à la pratique, remue ses méninges.

Le bidonville est invisible de la grande route si on n’a pas le sens de l’observation.  Il est étonamment grand. Et d’une propreté que l’on ne trouve pas du tout, loin de là, dans les rues “chic“ des quartiers bourgeois.

Nadim attaque bille en tête: “assalamou alaykoum. Nous sommes candidats pour le tracteur,  nous sommes là contre la marginalisation dont vous souffrez. Toutes ces familles méritent d’être relogées, ce n’est pas normal qu’on vous ait laissés sur le carreau“.

A Médias 24: “il y a au moins 500 familles et plus de 2.000 personnes qui vivent ici. Un seul bidonville de Ain Chock a bénéficié d’une opération d’éradication-relogement. Ce n’est pas normal“.

Maâzouz se lance et noue le contact, distribue des tracts, explique ce qu’est le tracteur, comment il faut voter. “N’oubliez pas: deux croix, pas une seule, une pour chaque tracteur“.

Des femmes surtout, nouent la discussion et apportent la contradiction, ou listent les problèmes de la famille ou de la zone. Certaines sont fatiguées des promesses non tenues.

Les habitants sont pour la plupart ravis qu’on s’intéresse à eux. Ils sont demandeurs d’attention. Aucune agressivité en l’air, de temps en temps, un jeune répond froidement. Nadim est à l’aise dans ce terrain qu’il connaît. Il est accompagné de deux candidats PAM qui habitent aussi lkaryane, dans un bidonville.

Mâazouz s’est détendu et est sorti de sa coquille. Il se lance dans des discussions avec les électeurs. L’intello passe à l’action. Il en fera peut être un article ou un livre. On verra bien.