Deux enfants de la gauche parlent de leur baptême en politique

Se faire un prénom sur la scène politique quand on est fils ou fille de leaders politiques n’est pas aussi simple qu’il y paraît. Souad Zaïdi et Tarik El Malki reviennent pour Médias 24 sur leur détermination. 

Deux enfants de la gauche parlent de leur baptême en politique

Le 1 septembre 2015 à 17h04

Modifié 1 septembre 2015 à 17h04

Se faire un prénom sur la scène politique quand on est fils ou fille de leaders politiques n’est pas aussi simple qu’il y paraît. Souad Zaïdi et Tarik El Malki reviennent pour Médias 24 sur leur détermination. 

Etre la fille du défunt Ahmed Zaïdi qui a initié la scission de l’USFP ou le fils de Habib El Malki, numéro 2 de ce parti, comporte autant d’avantages que d’inconvénients quand on veut se lancer en politique.

Tombés dans le chaudron de la gauche ittihadie dès leur tendre enfance, Souad Zaïdi et Tarik El Malki vont faire leurs premières armes électorales dans la commune du Souissi de Rabat sur deux listes distinctes. En quelque sorte, l'une est issue de la dissidence de l'USFP et l'autre de l'actuelle direction. Une sorte d'affrontement par enfants interposés.

Souad Zaïdi veut perpétuer le combat de son défunt père

Tête de liste, Souad Zaïdi se présentera sous l’étiquette sans appartenance politique car le nouveau parti initié par son père n’a pas reçu son quitus à temps pour pouvoir organiser son congrès constitutif, condition sinequanone. Ce parti est l'Alternative démocratique, Al Badil Addimorati, animé par Tariq Kabbage, maire sortant d'Agadir.

Même si elle ne se présente pas sous les couleurs du parti Alternative Démocratique, ses 27 colistiers sont tous des sympathisants et futurs membres de ce parti à l’issue de son futur congrès constitutif.

Selon elle, le slogan de sa campagne «Kayan M3man (il y a encore des gens …) illustre le rejet de ses anciens camarades qui se sont perdus sous la conduite de l’actuelle direction de l’USFP.

Interrogée sur le pourquoi de son baptême électoral, Souad Zaïdi affirme que la seule priorité de sa liste est de redonner confiance aux électeurs USFP désenchantés et lutter contre l’abstentionnisme.

«L’envie de me lancer en politique ne date pas d’aujourd’hui, j’y pense depuis des années mais des contraintes familiales ont retardé mon envie pressante de me frotter aux urnes. Le moment choisi vient aussi du fait que je tiens à rendre hommage à l’action politique de mon défunt père».

Dans sa famille, elle n’est d’ailleurs pas la seule à vouloir reprendre le flambeau paternel car son frère Saïd briguera le mandat électoral de son père dans la région d’Oued Cherrat.

Cette femme de 38 ans et mère de 3 enfants avance qu’elle s’est toujours impliquée dans la vie citoyenne. «Les gens du Souissi me connaissent car non seulement j’y habite mais j’y ai travaillé longtemps comme cadre supérieur dans une banque».

Elle poursuit que les gens n’ont découvert qu’elle était la fille de Zaïdi qu’à l’occasion de sa campagne.

«Je suis en train d’imposer mon prénom car si je suis fière de porter mon nom de famille, je veux avant tout que les gens me fassent confiance pour ma détermination à servir mon prochain».

Elle concède que le fait d’être tombée petite dans la marmite de la politique est un plus qui l’a aidée à se préparer au combat électoral.

«Je commence mon engagement au niveau communal car pour être crédible, il faut d’abord faire ses preuves sur le terrain local en améliorant la vie quotidienne de ses voisins».

Ayant rendu sa carte de membre à l’USFP où elle militait depuis longtemps, Souad déclare avoir été sollicitée pour devenir tête de liste par les organes décisionnaires du nouveau parti Alternative Démocratique.

Confrontée à la concurrence du parti de la Rose dont fait partie Tarik El Malki, elle pense que les électeurs sauront et feront la différence.

«Le programme de notre liste est basé sur les valeurs de la vraie USFP d’origine et pas de celle dévoyée de la ligne politique de Driss Lachgar».  

La tête de liste affirme que les gens qu’elle rencontre lors sa campagne de proximité (porte à porte …) savent distinguer «les vrais ittihadis qui sont de chez nous et plus de l’USFP».

"Contrairement aux autres, nous ne nous contentons pas de distribuer ou de jeter à terre des flyers car nous tenons à persuader de vive voix nos électeurs".

«Ils apprécient le fait que la quasi-totalité des membres de notre liste soit d’une moyenne d’âge de 38 ans constituée de novices en politique avec une parité hommes-femmes».

Tarik El Malki sur les traces de son paternel

Tout comme son professeur de père, Tarik El Malki âgé de 38 ans est enseignant chercheur (ISCAE) et consultant pour le compte du Centre Marocain de Conjoncture (CMC). Marié et père d’un enfant, il s’est encarté au parti de la Rose en 2007.

Contrairement à certains enfants de dirigeants historiques de l’USFP qui quittent le navire amiral de la gauche au lendemain de l’élection de Driss Lachgar (2012), Tarik date son vrai déclic à cette époque.

«Pour moi, il n’y avait pas eu lieu de déserter les rangs de l’USFP car la scission procède avant tout d’un simple conflit de personnes. De plus, j’ai préféré rester dans une démarche légaliste car les gens d’Alternative Démocratique n’ont aucun véritable projet de société".

«Ils n’ont aucun avenir et il est significatif que ceux qui ont décidé de nous quitter n’ont pas percé ».

Questionné sur l’autre concurrent qui peut faire de l’ombre à son parti, il assure respecter la Fédération de la gauche démocratique (FGD) mais ne pas se sentir menacé pour les futurs scrutins.

«Je me présente comme 2e sur la liste mixte de 22 personnes avec une parité hommes-femmes de 50%. Pour boucler les 28 postes d’élus du Souissi, nous avons une autre liste de 6 femmes».

Comme leurs adversaires emmenés par Souad Zaïdi, la moyenne d’âge de la liste USFP est de 38 ans.

Interrogé sur les chances de succès électoral d’un parti de gauche dans la commune la plus bourgeoise de la capitale, Tarik El Malki rappelle que contrairement à l’idée reçue, le Souissi compte 1/3 de sa population qui vit dans dix douars.

«Sur les 23.000 habitants que nous comptons, 13.000 votants sont inscrits sur les listes électorales. Pour les convaincre, nous parlons un langage simple (darija) et vrai sans aucune promesse que nous ne pourrions pas tenir. Pour étoffer le maigre budget annuel de la commune qui s’élève à seulement 3 MDH, nous voulons créer des associations dans les douars financées dans le cadre de partenariat-public-privé».

Pour gérer efficacement la commune qu’il habite depuis longtemps, l’objectif de la liste USFP n’est pas de se contenter de quelques élus mais de prendre sa tête.

«Je ne suis pas un socialiste old school, mais un social-libéral. Si nous arrivons à décrocher le Souissi, chacun des habitants y gagnera autant les riches que les habitants des nombreux bidonvilles".

«Nous avons un projet sociétal pour que tous puissent bénéficier des services de santé, d’éducation, de centre culturel et sportif qui sont inexistants à l’heure où je vous parle».

A la question de savoir si son père a facilité son investiture pour cette candidature, Tarik El Malki déclare que ce n’est absolument pas le cas.

«Quand on se lance pour la première fois en politique, on peut se sentir illégitime du fait d’un patronyme lourd à porter car on est systématiquement étiqueté fils de son père mais ce n’est pas mon cas».

S’il avoue qu’il est compliqué de se faire un prénom quand on est fils d’une grande personnalité politique, il poursuit qu’à titre personnel, ce processus lui a pris une dizaine d’années.

«C’est d’abord et avant tout ma carrière universitaire qui m’a permis de créer un réseau professionnel et m’a donné une légitimité pour entrer dans le marécage politique. D’autre part, c’est l’USFP qui est venu me chercher pour que je me présente au Souissi. Nous ne sommes pas dans une dynamique de dynastie car mon frère qui tout comme moi baigne dans la politique depuis tout petit n’a aucun engagement à l’USFP». 

Vous avez un projet immobilier en vue ? Yakeey & Médias24 vous aident à le concrétiser!

Si vous voulez que l'information se rapproche de vous

Suivez la chaîne Médias24 sur WhatsApp
© Médias24. Toute reproduction interdite, sous quelque forme que ce soit, sauf autorisation écrite de la Société des Nouveaux Médias. Ce contenu est protégé par la loi et notamment loi 88-13 relative à la presse et l’édition ainsi que les lois 66.19 et 2-00 relatives aux droits d’auteur et droits voisins.

A lire aussi


Communication financière

CTM : Avis de convocation à l'AGO du lundi 10 juin 2024

Médias24 est un journal économique marocain en ligne qui fournit des informations orientées business, marchés, data et analyses économiques. Retrouvez en direct et en temps réel, en photos et en vidéos, toute l’actualité économique, politique, sociale, et culturelle au Maroc avec Médias24

Notre journal s’engage à vous livrer une information précise, originale et sans parti-pris vis à vis des opérateurs.