Fête du Trône. Ce qui a changé, ce qu’il reste à faire: des personnalités répondent

À l’occasion de la Fête du Trône, Médias 24 a posé cette question d’actualité à plusieurs personnalités, qui ont chacune répondu en fonction de sa sensibilité politique ou de son engagement citoyen.  

Fête du Trône. Ce qui a changé, ce qu’il reste à faire: des personnalités répondent

Le 29 juillet 2015 à 18h57

Modifié 29 juillet 2015 à 18h57

À l’occasion de la Fête du Trône, Médias 24 a posé cette question d’actualité à plusieurs personnalités, qui ont chacune répondu en fonction de sa sensibilité politique ou de son engagement citoyen.  

Politicien, syndicaliste, politologue, penseur, économiste, chef d’entreprise et militant ont chacun un point de vue sur le nouveau règne de Mohammed VI.

>Miloud Moukharik: Secrétaire général de l’UMT

D’une façon générale et de mon point de vue de syndicaliste engagé, les libertés publiques ont incontestablement été renforcées avec l’avènement et surtout l’appui du nouveau Roi.

Toutefois, il nous reste beaucoup de chemin à accomplir pour nous développer. L’amélioration des conditions de vie de nos citoyens passe obligatoirement par la consolidation de l’État de droit, grâce entre autres à la garantie des libertés syndicales.

 

>Nabil Benabdellah : ministre de l’Urbanisme et secrétaire général du PPS

Grâce à l’action du nouveau Roi et à celle des forces vives de la nation, le Maroc est aujourd’hui un pays apaisé, qui a entériné l’idée de la réforme, pour passer à un stade supérieur de développement.

Force est de constater qu’aujourd’hui, nous avons accompli des progrès indéniables sur plusieurs registres, comme celui de la démocratie, des droits de l’homme ou de la condition de la femme.

Ces résultats concrets, nous les devons à notre combat, car la démocratie ne vient jamais toute seule.

En termes économiques, les stratégies sectorielles ont ouvert la voie à un développement national, mais aussi régional, qui a permis à notre pays de sortir du traditionnel axe Rabat-Casa.

À l’avenir, la priorité doit porter sur la quête d’une meilleure justice sociale pour tous nos concitoyens, car sans lutte contre les inégalités, il ne pourra pas y avoir de stabilité à long terme.

 

>Najib Akesbi : économiste

Mon constat d’économiste est malheureusement négatif, car en 2015, le PIB/tête stagne à 3.000 dollars/an et au regard de l’IDH, notre classement est si mauvais que 128 pays font mieux que nous.

La croissance reste faible, précaire et volatile. Les déficits jumeaux (budget et commerce extérieur) restent préoccupants et l’endettement (re)devient alarmant, alors que les réformes ont du mal à voir le jour.

Qui est responsable de ce mal-développement? Avant tout un système politique qui permet des choix stratégiques sans légitimité démocratique et ne conditionne guère la responsabilité à la redevabilité… La première réforme dont nous avons besoin n’est pas économique, mais politique!

>Moussa Saadi: plusieurs fois ministre à l’ère du défunt Hassan II

Si je devais résumer l’apport du nouveau règne, je dirais que les années Hassan II ont été celles des luttes (indépendance, stabilité …) et que celles du Roi Mohammed VI sont celles de la construction (grands chantiers …).

Entre les deux règnes, il y a une réelle continuité, car chacun de ces souverains a parfaitement su coller aux priorités de son époque, tout en faisant du Maroc une île de stabilité politique.

>Salah El Ouadie: poète et écrivain

Avec le nouveau Roi, la liberté de parole s’est élargie, grâce à la création de l’instance Équité et réconciliation et à l’action citoyenne du mouvement du 20 février, qui s’est fait le porte-parole des revendications de la jeunesse.

Pour illustrer les changements positifs, je citerai pêle-mêle la nouvelle Constitution, les grands chantiers d'infrastructures, la percée diplomatique à l’international, ainsi que le souci de la sécurité du royaume.

A contrario, il y a plusieurs points faibles qui perdurent: la santé publique, la justice, l’emploi et surtout la faillite de l’éducation, car sans révolution de notre système d’enseignement, rien ne changera vraiment.

En outre, la défense du projet moderniste et démocratique dans lequel nous devons nous engager laisse beaucoup à désirer et n’augure rien de bon pour l’avenir.

Ceci est dû au résultat de la politique suivie par l’ancien règne et du grave déficit actuel de notre classe politique. Alors que les hommes politiques sont censés jouer le jeu démocratique en s’émancipant des règles du précédent règne, ils n’assument toujours pas leurs prérogatives.

Ainsi, l’irruption d’un nouvel acteur politique (PJD) qui avait suscité beaucoup d’espoirs, a au final préféré garantir sa place sous l’ombrelle royale, par une attitude volontairement démissionnaire.

>Fettah Bennani: président de Baït Al Hikma

Dès l’intronisation du Roi Mohamed VI, les acteurs de la société civile ont senti que les choses commençaient à changer, avec un virage démocratique détonnant avec le passé. Le Souverain a choisi de régler plusieurs dossiers, en mettant en place l’instance Équité et réconciliation (IER) ou en faisant évoluer les questions jusqu’alors figées de la langue amazighe ou du statut de la femme.

Au niveau économique, le Roi est sur tous les fronts, car il est plus souvent présent sur les nombreux chantiers d’infrastructure (Tanger Med …) qu’il a personnellement lancés que dans la capitale. De plus, périodiquement, il ne se prive pas de sermonner, quand cela est nécessaire.

Pour l’avenir, je suis très optimiste, même si je pense que le Maroc manque cruellement de politiciens à la hauteur des initiatives royales.

>Karim Tazi: président du pôle international du groupe Richbond

Les seuls changements notables de ces 16 dernières années concernent les grands travaux d’infrastructure, mais notre priorité qui doit être la consolidation de l’État de droit n’a pas abouti.

En théorie, notre pays dispose pourtant d’un ordinateur ultra perfectionné pour avancer, mais il persiste toujours et encore à fonctionner avec un système d’exploitation dépassé.

Malgré la promesse de son application effective dans le cadre de la nouvelle Constitution, l’élargissement des prérogatives du pouvoir exécutif qui devait changer la donne n’a pas eu lieu.

Économiquement, le mélange des genres entre les pôles politique et technocratique du gouvernement aboutit à un manque de vision, qui empêche le Maroc de trouver sa place dans les nations développées.

Je ne suis pas vraiment optimiste pour l’avenir, car depuis 3 ans, notre pays connaît une véritable régression en matière de libertés individuelles (presse, association …).

>Mohamed Moukit: olitologue

Avec le nouveau règne, le Maroc a indéniablement gagné en ouverture politique. Cette évolution est à mettre au crédit de la nouvelle Constitution, qui a permis une forme de libération de nos institutions. Même si je reste optimiste, je pense que nous continuons à évoluer de manière beaucoup trop lente. Ce retard est à mon sens principalement dû au manque d’ambition de nos hommes politiques.

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