Le groupe immobilier d’Anas Sefrioui publie des résultats financiers en recul par rapport à 2013: le résultat net part du groupe s’affiche à 1.011MDH, en baisse de 40%, tandis que son chiffre d’affaires s’installe à 7.036MDH, en retrait de 34%.

En début d’année 2015, la direction a entrepris de revoir sa gestion de trésorerie et sa stratégie commerciale, et a également opéré des réformes de sa gouvernance, une nouvelle orientation baptisée «Génération Cash».

Anas Berrada, Directeur Général Délégué du groupe, nous a livré son éclairage sur cette stratégie qui vise à augmenter le cash-flow d’exploitation et réduire le niveau d’endettement, laquelle s’étalera jusqu’en 2017.

Abaisser les rythmes de production et écouler le stock

Le moyen utilisé par «Génération Cash» consiste à monétariser le bilan. Autrement dit, encaisser le maximum de trésorerie en 3 ans.

Pour cela, le groupe entreprend une stratégie commerciale recentrée sur le stock de produits finis. L’écoulement du stock est posé comme une priorité: le groupe ambitionne de vendre cette année, 17.000 unités de logement social dont 6.000 provenant du stock.

Par ailleurs, les prévisions de production pour 2015 sont révisées en retrait par rapport aux années précédentes: le groupe prévoit la construction de 12.000 unités, contre 25.000 en 2014.

Le groupe souhaite enfin se concentrer sur ses deux cœurs de métier, le logement social et le haut-standing, et n’envisage pas de créer de nouveaux produits. Ainsi, le groupe réduit ses charges de production et se concentre sur les segments présentant les meilleurs taux de commercialisation. Autrement dit, sur la demande solvable. Cette baisse d’activité se fait évidemment ressentir sur les résultats mais la priorité reste l’apurement du bilan.

Une stratégie commerciale moins agressive

Ce sont également les rythmes de commercialisation qui ont été réétudiés dans le plan Cash Génération.

Comme nous l’explique Anas Berrada, la stratégie commerciale et les objectifs de vente en 2014 étaient très agressifs. Sur un même projet de construction, plusieurs tranches de réalisation étaient ouvertes à la vente simultanément.

Cela entraînait une tension sur le fonds de roulement. Désormais, la méthode est différente. Le groupe n’entend commercialiser qu’une tranche à la fois, lorsque celle-ci présente un niveau avancé de finalisation. De cette façon, le groupe vend quantitativement moins mais génère plus de la trésorerie et gère plus efficacement son fonds de roulement.

Une enveloppe foncière réduite pour 2015

Le groupe n’entend pas brader son foncier pour améliorer sa tréso et monétariser son bilan. Le foncier est la matière première du groupe immobilier, rappelle Anas Berrada. Il ne s’agit donc pas de céder en brut cette réserve mais bien de la mettre en valeur et l’affecter au développement de ses activités.

Toutefois, l’enveloppe budgétaire prévue pour 2015 est plus réduite qu’auparavant. Pour 2015, le groupe compte investir 300 millions de DH dans le foncier, contre 700 MDH en 2014. Le groupe est loin des ordres de grandeur pré-2011 lorsque l’enveloppe foncière se situait sur une fourchette de 1 à 2 milliards de DH.

Le groupe entend se concentrer sur des terrains facilement développables, qui concernent l’axe Casa-Rabat et l’Afrique de l’Ouest.

Le groupe dispose aujourd’hui d’une réserve foncière de près de 5.000 hectares dont plus de 900 ha constituant une réserve stratégique.

Du renfort dans la gouvernance

Un autre objectif de Génération Cash: améliorer les pratiques de bonne gouvernance. Dans cette intention, le groupe a ouvert le conseil d’administration à de nouveaux administrateurs indépendants. D’abord en 2014, avec la nomination de Jean-René Fourtou et Philippe Faure. Puis tout récemment, le 26 Mars 2015, avec la nomination de Maître Azzedine Kettani et Professeur Mohamed El Mernissi. Ces administrateurs mettent leur expertise à profit du groupe et suivent l’avancement du plan Génération Cash.

Un plan de refinancement sur 8 ans pour rembourser les dettes matures

Le groupe Addoha lançait en juillet 2014 une procédure de refinancement de sa dette à hauteur de 2 MMDH. Un emprunt obligataire assez innovant, où pour la première fois, un opérateur privé lançait une obligation partiellement sécurisée et adossée sur du foncier.

Le remboursement s’opèrera sur une période de 8 ans. Pour le groupe, cette campagne vise à se désendetter auprès des créanciers privés. Le groupe a débuté le remboursement des billets de trésorerie, pour un montant de 110 MDH depuis le lancement de la campagne.

3 premiers mois encourageants

Le plan Génération Cash a démarré début Janvier 2015. Les débuts sont très encourageants. En trois mois, 1.200 unités ont été vendues pour 2.700 MDH encaissés. A cela, s’ajoutent les économies sur le budget de production travaux. Ces mesures ont ainsi engagé le groupe sur un bon trend de désendettement, explique M. Berrada, et Addoha a pu réduire sa dette nette de 500 MDH au 15 mars depuis le début de l’année.

Portant le niveau de la dette nette du groupe à 8.821MMDH, le gearing (ratio dettes/fonds propres) se place désormais à 80%. En 2012, le ratio était de 96%. Pour 2017, le groupe souhaite le ramener à 32%.

Ces résultats encourageants permettent au Conseil d’administration de proposer à l’assemblée générale un dividende de 2DH par action, en hausse de 11% par rapport à 2013.
En cours de journée, peu de temps après la communication des résultats financiers du groupe, l’action Addoha enregistrait un rebond de 0,64% par rapport au prix d’ouverture. Un signe que les investisseurs sont rassurés sur la démarche du groupe, affirme Anas Berrada.