Maroc-France : la réconciliation semble s’éloigner

Au lendemain des attentats perpétrés en France, un dégel des relations est plus que jamais souhaitable. Pourtant, la tension est palpable et rien ne laisse entrevoir la fin de la brouille.

Maroc-France : la réconciliation semble s’éloigner

Le 12 janvier 2015 à 18h33

Modifié 11 avril 2021 à 2h36

Au lendemain des attentats perpétrés en France, un dégel des relations est plus que jamais souhaitable. Pourtant, la tension est palpable et rien ne laisse entrevoir la fin de la brouille.

Chaque jour qui passe, on a l’impression que les deux partenaires s’éloignent et que la relation s’enfonce. Au début, c’était un coup de froid, ensuite la froidure s’est installée. Maintenant, on est dans la pneumonie. Même la visite d’Elisabeth Guigou, pourtant présidente de la puissante commission des Affaires étrangères à l’Assemblée Nationale française n’a même pas eu l’effet d’un Doliprane. Alors que c’est un remède de cheval qu’il faudrait.

Dans une interview exclusive de Salaheddine Mezouar à Jeune Afrique, le ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération fait porter la responsabilité de la poursuite de la crise sur la France: «Il n’y a pas chez notre partenaire français de volonté politique réelle de faire obstacle aux manipulations anti-marocaines émanant de milieux connus pour leur hostilité à notre encontre». Et d’ajouter: «Il n’est pas normal, encore moins amical, que des individus au passé judiciaire avéré puissent mettre la police, la justice et les médias à leur service afin de se faire passer pour de pseudo-opposants politiques et donner lieu à des tentatives d’interpellation de personnalités officielles marocaines», faisant ainsi allusion à Zakaria Moumni, à l’origine des plaintes contre Hammouchi (patron de la DST marocaine) en février dernier, lesquelles ont entraîné la suspension de la coopération judiciaire entre les deux pays. 

La diplomatie marocaine reproche aussi à la France de «fermer les yeux sur les agissements de ceux qui rêvent de le déstabiliser» et en veut au ministre de la Défense français, Jean Yves Le Drian, qui s'est récemment exprimé dans les colonnes de Jeune Afrique, d'avoir tenu des déclarations «infondées et irresponsables» sur le rôle du Maroc dans le processus de réconciliation inter-malien.

«Le temps de la tutelle est révolu. La solution ne viendra que des Maliens eux-mêmes, avec l’aide de la Cedeao, qui doit redevenir l’acteur principal des négociations de paix», a asséné Salaheddine Mezouar.

«Des efforts insuffisants»

A aucun moment, Salaheddine Mezouar n’évoque une éventuelle normalisation des relations bilatérales. Selon le Quai d’Orsay, cité par l’AFP, la rencontre entre le ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération et le chef de la diplomatie française Laurent Fabius, dimanche à Paris, a été «centrée sur les suites des attentats en France et la coopération bilatérale», sans plus de détails.

Contactée par Médias 24, une source autorisée marocaine assure que «les tentatives de Paris pour apaiser le conflit sont réelles, mais insuffisantes». Du Doliprane donc. Et comme le souligne le Figaro, ni la visite de la présidente de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale française, Elisabeth Guigou, ni celle de Jack Lang, ni les propos très conciliants de Manuel Valls lors de la Fête nationale du Maroc n'ont l'heur de dérider Rabat.

Une crise qui dure

Pour mémoire, cela fait bientôt un an qu’un véritable coup de froid s'est un abattu sur les relations franco-marocaines, habituellement si chaleureuses. A l’origine, le dépôt de plusieurs plaintes pour «torture» à l'encontre du patron du contre-espionnage marocain, en février dernier à Paris.

En réaction, le Maroc a décidé de suspendre «l'exécution de tous les accords de coopération judiciaire avec la France», ce qui a de ce fait entraîné une absence d'entraide judiciaire et d'échanges d'informations sur les djihadistes. D'autres accrocs ont eu lieu, et les tentatives d'apaisement n'ont pas permis de faire baisser la tension. 

A l'heure où les services secrets des deux pays doivent faire face à la menace terroriste (on dénombre environ 1.500 Marocains et 1.200 Français ou ressortissants actuellement au sein des factions djihadistes en Syrie), la normalisation des relations est plus que jamais bénéfique. Pour l’ancien ministre de l’Intérieur français, Charles Pasqua, l’absence de coopération avec le Maroc est préjudiciable à la France dans la lutte contre le terrorisme.

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