La Confédération démocratique du travail (CDT) a appelé, samedi 13 septembre, à la tenue d'une grève nationale préventive, suite à "la dégradation des conditions sociales et économiques de la classe ouvrière, la menace de la paix sociale, la marginalisation des organisations syndicales ainsi que les décisions prises de façon unilatérale et injuste sur les grandes questions qui nécessitent un dialogue collectif", indique un communiqué de la centrale syndicale. Des concertations auront lieu avec l'Union marocaine du travail (UMT) et la Fédération démocratique du travail (FDT), afin de fixer la date de la tenue de la grève.

Seulement voilà: le label FDT désigne, aujourd'hui, deux groupes distincts, possédant chacun ses affidés: l'un est dirigé par Abderrahmane Azzouzi, l'autre par Abderrahmane Fatihi. La « scission » qui a engendré le deuxième clan a eu lieu en juillet, à la suite d'un conseil contesté qui a vu l'expulsion de l'ancien secrétaire général Azzouzi, et l'élection de Fatihi à ce poste.

Contacté par Médias24, Larbi Habchi, membre du bureau central dirigé par Azzouzi, a indiqué que "la CDT et l'UMT ne négocieront pas avec Fatihi, mais avec Azzouzi". Une information que nous n'avons pu confirmer auprès de la CDT ou de l'UMT. Et, selon la même source, la rencontre suite à laquelle la date de la grève nationale sera fixée aura lieu samedi prochain.

Quelques jours auparavant, la FDT de Fatihi a appelé à la tenue d'une grève générale dans le secteur public le 23 septembre. L'Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM), centrale syndicale dirigée par Chabat, a déclaré y participer. De leur coté, ni l'UMT ni la CDT n'y ont répondu. Selon Habchi, la non-réponse des syndicats tient au fait que "cette grève ne concerne que Hamid Chabat et Driss Lachgar", qui est accusé d'avoir parachuté Fatihi à la tête de la FDT.

La suite des événements sera intéressante, car elle répondra à nombre de questions:

-la FDT de Fatihi sera-t-elle exclue du front UMT-CDT-FDT, formé il y a moins d'un an ?

-calquera-t-elle ses positions sur celles de la FDT de Azzouzi, ou celles de l'USFP ?

-participera-t-elle aux prochaines rounds du dialogue social avec le gouvernement et la CGEM ?

-quant à la FDT d’Azzouzi, prendra-t-elle part aux rencontres, peu fréquentes certes, qui réunissent partis de l'opposition et syndicats, ou bien la FDT de Fatihi sera-t-elle leur interlocutrice privilégiée ?

Car, à moins que les deux FDT n'arrivent à une solution fédératrice, ou que Fatihi ne décide d'officialiser la scission, une FDT avec deux têtes dirigeantes, deux bureaux exécutifs et deux feuilles de route brouillera la carte syndicale du pays.