Les troubles de l'érection touchent un Marocain sur deux

Une étude réalisée par la CHU Ibn Rochd de Casablanca sonde pour la première fois les Marocaines au sujet des troubles érectiles de leur conjoint. On y apprend, par exemple, qu’il existe un lien entre le niveau d’instruction et la prévalence des troubles.  

Les troubles de l'érection touchent un Marocain sur deux

Le 17 septembre 2014 à 11h48

Modifié 17 septembre 2014 à 11h48

Une étude réalisée par la CHU Ibn Rochd de Casablanca sonde pour la première fois les Marocaines au sujet des troubles érectiles de leur conjoint. On y apprend, par exemple, qu’il existe un lien entre le niveau d’instruction et la prévalence des troubles.  

Un Marocain sur deux souffre d’impuissance. Selon une première étude réalisée auprès de 655 hommes de plus de 25 ans, 54% d’entre eux souffrent d’une dysfonction érectile. Ce chiffre a été appuyé par les conclusions de la récente étude pilotée par le professeur Redouane Rabii, du département urologie du CHU Ibn Rochd de Casablanca, et dévoilée lors d’un point de presse tenu par l’Association marocaine d’endo-urologie.

Cette enquête montre que 45,05% des femmes mariées ne sont pas sexuellement épanouies, et vivent avec les dysfonctions érectiles de leurs conjoints, qui peuvent aller de légères à sévères.

Des dysfonctionnements liés à la situation professionnelle

L’étude montre que plus le niveau d’instruction augmente, moins les troubles érectiles ont de chances d’apparaitre. C’est ainsi que la dysfonction érectile chez les analphabètes est 3,35 fois plus élevée par rapport aux sujets d’un niveau de formation universitaire.

De même, la situation professionnelle impacte profondément la santé sexuelle chez l’homme. En effet, les sujets ne disposant pas d’un emploi au moment de l’étude présentaient 3,24 fois plus de risque d’avoir une dysfonction érectile. Dans le détail, le rapport révèle que, parmi la population sondée, la dysfonction érectile atteint 10,5% chez les cadres et des personnes exerçant une profession libérale. Cette proportion atteint 56,8% chez les ouvriers, et dépasse les deux tiers des personnes sans emploi.

La vie de couple à l’épreuve de la dysfonction

Les femmes interrogées ont indiqué que le trouble érectile a un impact sur le tempérament de leurs conjoints :

-29% des époux renoncent après la défaillance érectile,

-15% deviennent agressif,

-un peu moins de 10% insistent pour obtenir une érection suffisante,

Ces éléments ont sans doute un impact sur le degré de satisfaction des femmes de leurs vies sexuelles. Sur le total des 202 femmes sondées, seules 24% ont déclaré être entièrement satisfaites, contre 11% qui ont déclaré être « très insatisfaites ».

Le manque de communication au sein du couple cristallise inévitablement le problème. Sur le total de l’échantillon sondé, 84 femmes ont déclaré préférer garder le silence après l’apparition de la dysfonction érectile de leurs maris, et moins de 9% arrivent à en discuter. Plus du tiers des femmes déclarent néanmoins encourager leurs conjoints à consulter un spécialiste.

Tabagisme, hypertension et diabète

Plusieurs facteurs peuvent être à l’origine des dysfonctions érectiles. Les déterminants peuvent être d’origine vasculaire, auxquels il est possible d’ajouter d’autres facteurs de risque tels que :

-le tabagisme (1,5 fois plus de risque de voir apparaître une dysfonction érectile chez le fumeur),

-l’hypertension artérielle

-ou le diabète.

Le professeur Rachid Aboutaieb, chirurgien urologue, précise que « la dysfonction peut être liée soit à un facteur hormonal, soit à un dysfonctionnement du système nerveux, soit due à un problème cardiaque lié à la circulation sanguine. »

Précisons que les lésions traumatiques ou chirurgicales peuvent également être à l’origine de dysfonctionnements érectiles.

Le stress mis en cause dans les troubles de l’érection

Autre déterminant et pas des moindres, les facteurs psychologiques ou psychiatriques peuvent entraîner des dysfonctions érectiles, et cela en l’absence de facteurs organiques. Il s’agit généralement du stress engendré par une angoisse de la performance qui entraîne, fatalement, un blocage. Cette dysfonction peut aussi trouver son origine dans le vécu du patient.

La culture, la religion et la tradition restent des facteurs déterminants dans l’épanouissement sexuel chez le jeune Marocain. Le professeur Redouane Rabii, estime que ces paramètres son annonciateurs de troubles sexuels.

« Contrairement à ce qui se passe ailleurs, au Maroc, l’adolescent n’a pas droit à son intimité » et la sexologue et psychothérapeute, Pr Khadija Mchichi Alaoui de poursuivre : « la masturbation, qui est une pratique naturelle, devient un acte interdit, le sentiment de culpabilité donne naissance à une vulnérabilité sous-jacente qui se manifeste, plus tard, à l’âge adulte, et qui peut donner lieu à plusieurs formes de troubles érectiles. »

Dans plusieurs cas, la dysfonction érectile est associée à d’autres troubles sexuels tels que la baisse de la libido ou l’éjaculation précoce.

Les troubles érectiles peuvent conduire à la dépression

La médecine moderne a fait des progrès. Actuellement des méthodes de médication efficaces existent. Présente lors de la présentation du rapport, Pr. Nadia Meziane gynécologue et professeure à la faculté de médecine insiste : « il ne faut pas hésiter à consulter les spécialistes qui vont diagnostiquer le trouble, qu’il soit organique, et nécessitant donc une prise en charge urologique ou psychologique. Plusieurs types de prises en charge existent selon la nature et l’origine du trouble du patient. »

Une partie de l’échantillon sondé pour les besoins de l’étude en est consciente ; 28 femmes ont déclaré que leurs maris consommaient des médicaments pour palier aux dysfonctions. Le médicament Viagra passe en tête, utilisé par 22 conjoints, suivi de Cialis, de Biotone et d’Erector. Ces médicaments sont en vente libre en pharmacie, mais ne sont pas remboursables par l’assurance maladie, à la grande déception du professeur Redouane Rabii qui estime que « la dysfonction érectile conduit souvent à la dépression. Il s’agit d’un réel problème de santé publique. »

Finalement, et afin de limiter le nombre de personne souffrant de pathologies liées aux troubles érectiles, les politiques publiques doivent être accompagnées d’une série de mesures qui passent essentiellement par l’éducation sexuelle à l’école. Pourtant, cette urgence n’est malheureusement pas inscrite au plan 2012-2016 du ministère de la Santé.


 

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