Tout au long du mois de ramadan, à 20h30 sur la première chaîne marocaine, vous pouvez suivre les péripéties burlesques d’une jeune fille déjantée. Une caméra cachée où l’absurde rejoint la spontané, le tout servi avec beaucoup de tact et d’intelligence.

Kamar Saadaoui, alias Hamaka, a 26 ans. Elle est née à Casablanca. Très tôt, elle s’est découvert un talent d’imitatrice hors pair. «Depuis mon plus jeune âge j’ai toujours aimé imiter mes proches, ma famille, mes amis, mes profs… ils en riaient à gorge déployée,» nous déclare Kamar. Cette capacité de reproduire les gestuelles, les sons et les situations à la caricature dénote d’un sens aigu de l’observation.

Sa répartie, elle la doit à son vécu. «Ce que vous voyez à l’écran, c’est tout moi. C’est ainsi que nous nous amusons avec mes amis. Cela fait partie de notre humour quotidien,» nous déclare Hamaka.

D’ailleurs, cette finesse, elle s’en sert lors du tournage de ses caméras cachées. «Au signal, je demande à l’équipe de tournage de commencer à filmer quand, au moment où la «victime» se présente, un mini-scénario se dessine dans ma tête.»

Son inspiration, elle la puise aussi dans son parcours, et ça se voit. La jeune humoriste maîtrise quatre langues. En plus de l’arabe et du français, elle parle anglais et espagnol… et entame son apprentissage de la langue italienne.

De plus, Kamar Saadaoui est titulaire d’un master en marketing. «Pour faire de l’humour de qualité, il faut un minimum de culture, sans oublier d’être constamment à jour niveau actualité,»  insiste Kamar Saadaoui avant de rajouter «il faut innover, et en finir avec le diktat du divertissement de masse qui renforce les stéréotypes.»

Et ça paye ! En effet, rien ne prédestinait Kamar Saadaoui à faire carrière sur le petit écran. Au commencement, la jeune marocaine diffusait ses capsules sur youtube, «ce fut le premier contact avec le public» déclare-t-elle. Et d’ajouter «mes vidéos ont été publiées à deux reprises dans l’émission Ness Nessma sur Nessma Tv. La chaîne m’a ensuite contactée pour un casting, suite auquel, j’ai tenu une chronique quotidienne programmée dans la même émission.»

Pourtant, selon l’artiste, la visibilité sur le net dépasse celle du petit écran. «Les podcasts totalisent plusieurs centaines de milliers de vues. Sans doute plus que le nombre de téléspectateurs. D’ailleurs, en parlant des caméras cachées diffusées sur la première chaîne, le public me connaît davantage à travers les vidéos publiées en aval sur youtube que via la télé.» Suscitant au passage la curiosité des internautes.

A ce propos, les réactions du public sont mitigées. Si la plupart des commentaires sont positifs et dénotent d’un intérêt certain pour le produit Hamaka, d’autres commentaires publiés sur les réseaux sociaux sont parfois d’une extrême violence. Ce phénomène a bien une raison… que la raison ignore. Kamar estime que «le public n’est peut être pas encore prêt à accepter une femme qui n’a pas peur du ridicule.» C’est à se demander lequel de Kamar ou du public est le plus Hamaka!