L'émotion était palpable ce lundi en milieu de journée au cimetière des chouhada à Casablanca. Plsueiurs centaines de personnes, probablement un millier, s'étaient déplacées pour un utlime adieu à un banquier mythique et fin lettré, Abdelaziz Alami. Le monde de la finance, de la banque, des affaires, des responsables venus de Rabat, des jeunes de "sa" banque, devenue attijariwafa.

Voici quelques témoignages recueillis au téléphone par Médias 24.

Mohamed Boussaïd (ministre de l’Economie et des Finances)

Je suis très touché par sa disparition. Il a été un exemple pour moi et pour beaucoup d'entre nous et nous sommes nombreux à le regretter. J'ai eu la chance de démarrer ma carrière à la BCM et j'ai beaucoup appris en le côtoyant.

C'était un grand banquier. Un grand financier. Un grand poète. Et, bien au-delà, c'était un grand homme et un véritable humaniste. Le Maroc perd un homme exceptionnel, un visionnaire qui a beaucoup contribué au façonnement du secteur bancaire et a fait éclore plusieurs générations de financiers de haut niveau. Paix à son âme.

Miriem Bensalah Cheqroun, présidente de la CGEM

Abdelaziz Alami fût un pionnier. Il a révolutionné la relation de la banque avec ses clients dans le sens d’une plus grande proximité.

Il a toujours milité pour que le rôle de la banque ne se limite pas au financement des entreprises mais que celle-ci joue son rôle d' accompagnement pour le développement de ces dernières. Mais au-delà du banquier c’est un érudit et un homme de cœur et d’une grande finesse qui nous a quittés. Nous le regretterons tous. Allah yrahmou.

Karim Belmâachi (DG d’Alliances)

Un grand Monsieur nous a quittés, pétri d’intelligence et de culture.

Il était très proche de ses équipes, nous constituions une famille à l’époque.

C’est lui qui a développé la BCM et en a fait ce qu’elle est devenue, à partir d’un concept simple qu’il avait inventé, “les boutiques d’argent“, des agences où il n’y avait que trois ou quatre employés, avec un outil informatique très performant.

C’est grâce à son travail que la BCM est devenue Attijari puis Attijariwafa Bank, un champion régional capable d’absorber Wafabank et d’avoir des ambitions internationales.

Il faisait confiance aux jeunes. Par exemple, il m’a nommé responsable du réseau en Europe à l’âge de … 28 ans.

Youssef Alaoui, président de la FISA

Il fut un mentor, un visionnaire, un être exceptionnel. Il avait cette faculté de vous parler de tout sauf de la banque. Il a marqué toute une génération. Il avait aussi la capacité à attirer beaucoup de monde et à fédérer les compétences. Malgré sa réussite, il est resté très simple, humble même.

Kamil Ouazzani (opérateur économique)

Il était exceptionnel. Il a inspiré des vocations, toute une génération qui s’est retrouvée au gouvernement ou aux affaires.

Il a été leur parrain, dans le bons sens du terme. Il nous a donné des notions d’éthique, de valeurs, de culture. Lorsqu’on passait une heure dans son bureau, il y avait un quart d’heure de banque et trois quarts d’heure d’art et de culture.

Il a été un sherpa, un gourou pour nous tous et nous considérait un peu comme ses enfants.

Il ne recrutait que dans certains milieux, certains cercles, tenait à savoir d’où venait chaque candidat, y compris son ascendance familiale.

Il avait la réputation d’être un marieur, puisqu’il aimait marier ses collaborateurs. Je suis celui qu’il n’a jamais réussi à marier, malgré plusieurs tentatives.

En affaires, il aimait tellement sa banque, l’intérêt de cette dernière passait avant tout. On lui prêtait donc, à cause de cela, un côté florentin. Il pouvait en tous les cas, être un interlocuteur difficile ou tortueux s’il estimait que les intérêts de la banque étaient menacés. Au départ, ses relations avec Fouad Filali (ancien patron de l’ONA) avaient été difficiles avant de s’améliorer.

“-Etait-il un bon banquier ?“.

Il était au dessus. Il avait la maîtrise du métier de banquier. Lorsqu’on lui présentait les tableaux de bord quotidiens, un seul coup d’œil lui suffisait pour savoir ce qui n’allait pas.

C’est vrai qu’il a été un peu seul à la fin de sa vie, mais en réalité, il l’a toujours été. C’est le destin des grands hommes que d’être seuls toute leur vie.

Dr Abdeljalil Greft-Alami

Un homme remarquable qui a mené une très grande carrière de banquier. Il était extrêmement cultivé, ce qui n’est pas indispensable pour un banquier. Nous étions très amis, et avions une très grande complicité intellectuelle. Nous parlions philosophie, histoire, littérature, il avait une très grande curiosité pour les choses du cœur et de l’esprit.

Il a été un observateur et un témoin privilégié de l’évolution économique et financière du pays depuis l’indépendance. Il nous manquera beaucoup.