Si la manifestation du 6 avril était annoncée comme spectaculaire, il semble que le test de la marche n’aura pas été en faveur des syndicalistes. Malgré toutes les spéculations qui entouraient l’issue de ce bras de fer, la marche syndicale n’aura pas été à la hauteur des attentes syndicales pour faire plier le gouvernement.

La raison du succès mitigé de la marche de la colère est sans aucun doute à mettre sur le compte de l’annulation à la dernière minute de la participation du syndicat UGTM. Dans une déclaration à Médias 24, Kafi Cherrat, patron du syndicat proche de l’Istiqlal, déplore que malgré leur forte volonté d’y participer, le front UMT-CDT-FDT leur a envoyé des signaux inamicaux sur leur ralliement.

Il laisse entendre que l’échec de la marche de contestation n’aurait jamais eu lieu si son syndicat s’était joint au mouvement. Concernant l’éventuelle participation de son syndicat à l’invitation du chef du gouvernement, M. Cherrat affirme que l’UGTM n’a pas encore arrêté sa décision mais que cela ne l’empêche pas de préparer activement une grande manifestation pour le 1^e mai qu’il promet chaude.

Interrogé par notre rédaction,  Mohamed El Ouafi, membre du secrétariat général de l’UMT nous déclare que la participation a été massive et que les 3 syndicats ont présenté un front uni.

Rappelons que selon les observateurs, moins de 8.000 personnes auraient participé à la marche de protestation alors que les organisateurs avancent un chiffre astronomique de 300.000 participants.

Il affirme que malgré l’appel de dernière minute d’Abdelilah Benkirane, à la tenue d’un dialogue social pour le 15 avril prochain, le front syndical UMT-CDT-FDT a effectué une démonstration de force. Il déclare donc ménager la décision d’y participer ou pas à l’issue d’une réunion rapide des instances dirigeantes des 3 syndicats.

Suite à la proposition du gouvernement, les syndicats doivent se retrouver autour de la table des discussions le 15 avril prochain mais leurs représentants n’ont pas encore confirmé leur présence. Selon El Ouafi, le chef du gouvernement leur a envoyé par fax une invitation pour le 15 avril, pour renouer le dialogue sans ordre du jour ni même lieu de la rencontre. Il affirme que la lettre adressée ressemble plus à une convocation dans le style militaire qu’à une invitation et dénonce la façon cavalière de faire d’Abdelillah Benkirane.

Malgré une participation à la marche que tous les observateurs qualifient de modeste, le dirigeant de l’UMT nous assure que le gouvernement doit tirer les leçons de cette marche ouvrière qui constitue un message des travailleurs car c’est un avant-goût de ce qui attend le gouvernement pour le 1e mai au cas où il ne réagirait pas au cahier revendicatif des syndicats.

Il apparaît que les syndicats qui voulaient marquer des points contre le chef de gouvernement ont perdu le rapport de force face à ce dernier car ils n’ont pas mobilisé autant que prévu. Le porte-parole du gouvernement, Mustapha Khalfi, a quant à lui qualifié la manifestation de politique et a affirmé que la plupart des demandes syndicales étaient irréalistes.

Après l’échec de la grève du pain par la Fédération nationale des pâtissiers et des boulangers du Maroc, le front syndical n’a pas réussi son coup d’éclat et M. Benkirane sort renforcé de cette démonstration de force.