Solaire Expo Maroc est organisée du 26 février au 1^er mars à Casablanca. Près de 2.300 visiteurs ont fait le déplacement lors des deux premiers jours pour nouer des contacts avec les 80 exposants. Un forum scientifique, des ateliers de formation et un concours sur la recherche et l'innovation sont aussi au programme.

« On a constaté un véritable engouement pour les énergies renouvelables », nous confie d’emblée Rachid Bouguern, fondateur et directeur du salon. «Cette édition réunit des exposants du Maroc, du Portugal, d'Espagne, de France, de Chine, de Suisse, du Burkina Faso, d'Algérie et surtout d’Allemagne(…), la plupart des visiteurs nous viennent aussi d’Allemagne », ajoute-t-il. Logique, quand on sait que l'Allemagne est devenue la championne du monde de production d'énergie solaire depuis sa décision de renoncer progressivement à l'énergie nucléaire.

Du reste, des PME marocaines qui se sont lancées dans l’aventure du solaire présentent leurs produits, espérant percer dans une niche encore peu exploitée. Le stand de Schneider Electric, spécialiste mondial de la gestion de l'énergie, bat son plein, notoriété oblige.

Côté visiteurs, sur les 1.300 qui ont fait le déplacement jeudi, on trouve, en plus des Allemands, beaucoup d’étudiants, des professionnels et des particuliers tentés par l’expérience des énergies renouvelables. Le responsable technique d’un groupe de restauration est là pour s’enquérir des différentes possibilités. « Chacun de nos établissements dépense jusqu’à 35.000 DH d’électricité par mois. On pense que l’énergie solaire peut nous permettre de réduire nos frais », dit-il. 

Plusieurs entreprises chinoises espèrent pénétrer le marché marocain, voire africain.

Même le cabinet de recherche économique et de conseil, Oxford Business Group (OBG), a fait le déplacement pour accompagner les entrepreneurs intéressés par ce marché.  « Notre dernier rapport est un guide complet pour les investisseurs intéressés par le domaine de l’énergie au Maroc», souligne Oussama Laatiras, du bureau régional d’Afrique.

Une édition à dimension scientifique

Le salon propose une programmation scientifique, sous la direction de Tahar Achour, expert consultant en énergie et président de la chambre syndicale nationale des énergies renouvelables en Tunisie. Cette programmation s’articule autour de 3 actes :

-Forum scientifique et technologique international :

Ce forum, animé par des experts nationaux et internationaux porte sur le thème : «Enjeux et perspectives de l’énergie solaire et de l’efficacité énergétique dans l’espace Euro Africain». Cet espace  dédié à la réflexion scientifique sur les questions énergétiques se veut également une passerelle entre opérateurs et corps universitaires.

-Ateliers-Formation :

Les organisateurs dédient une journée à des ateliers de formations pratiques destinés aux élèves ingénieurs et aux techniciens, sur les techniques et métiers du solaire. « 150 jeunes ingénieurs, doctorants et techniciens se sont inscrits pour participer à cette initiation de formation. La plupart d’entre eux ont reçu une formation purement théorique, c’est pourquoi nous voulons leur donner un avant goût pratique du métier », nous explique le président du comité scientifique.   

-Concours universitaire « recherche et innovation » :

Le salon donnera également lieu à un concours universitaire qui vise à promouvoir la recherche et l’innovation. Samedi, 10 candidats vont exposer leurs travaux menés dans le domaine du solaire devant un jury d’experts. Les deux finalistes seront récompensés.

Accompagner les ambitions marocaines

En plus de proposer une plateforme B to B et une programmation scientifique, Solaire Expo Maroc  dit vouloir accompagner la stratégie énergétique nationale, laquelle fait la part belle à la promotion de l’énergie solaire photovoltaïque et vise la généralisation de son accès au plus grand nombre et à des prix compétitifs

« Le Maroc, qui ne possède ni gaz ni pétrole, importe 96% de ses besoins en énergie, avec un coût de 98 milliards de DH en 2012. Grâce au programme solaire national, il devrait commercialiser à l'étranger 20% de sa production électrique d'origine renouvelable », soulignent les organisateurs.

En raison de la raréfaction des ressources d'énergies fossiles, les énergies vertes sont clairement appelées à prendre une part importante dans le mix énergétique. Le solaire contribuerait même à une augmentation du PIB entre 1,17 % et 1,91%, et à la création de 319.000 à 482.000 nouveaux emplois et à la sauvegarde de l’environnement.

Un cadre législatif pas encore au point

S’il est vrai que le Maroc accorde de l’importance à la mobilisation des ressources solaires et à l’efficacité énergétique, le cadre législatif et réglementaire doit être mis à niveau. Au Salon Maroc Solaire, plusieurs particuliers intéressés par le passage à l’énergie solaire jettent rapidement l’éponge en raison des tarifs encore trop élevés, faute de subventions.

Pour Rachid Bouguer, l’Etat doit mettre à niveau la loi sur les énergies renouvelables (N°13-09, NDLR) et encourager l’utilisation à grande échelle du photovoltaïque résidentiel connecté au réseau Basse Tension (BT) et Moyenne Tension (MT) : L’Etat ne subventionne pas les panneaux solaires photovoltaïques.

« Plusieurs investisseurs étrangers m’ont affirmé vouloir s’installer au Maroc et créer des emplois, mais pour le moment ils sont découragés par le cadre législatif», affirme-t-il. « Mais je suis optimiste, car plusieurs entreprises allemandes m’ont affirmé avoir connu la même situation avant que les énergies renouvelables ne se généralisent, grâce notamment aux subventions des pouvoirs publics. Nous devons profiter de leurs expériences», ajoute M. Bouguer. 

Dans un entretien accordé à Médias 24 le 3 février 2014, le ministre de l’Energie, Abdelkader Amara, avait affirmé que « le ministère pilote des actions pour mettre à niveau le cadre législatif et réglementaire en vigueur afin de généraliser le photovoltaïque au niveau national pour le résidentiel (…), nous avons mis en place des groupes de travail chargés d’affiner la réflexion sur les aspects législatifs, techniques et économiques. Les livrables de ces groupes de travail sont attendus pour fin juin 2014».

En attendant, le programme national de généralisation de pompage solaire photovoltaïque a bénéficié de certaines mesures incitatives, par la mobilisation de subvention aux agriculteurs pour s’équiper en pompes solaires photovoltaïques, et une réduction de la TVA de 20% à 14% pour les chauffe-eaux solaires.

De plus, le ministère de l’Energie à signé avec l’Agence nationale de développement des énergies et de l’efficacité énergétique (ADEREE) une convention dans laquelle le Fonds de développement énergétique accorde un montant d’environ 100 millions de DH pour soutenir le marché des chauffe-eaux solaires individuels au Maroc. Ce soutien se présente  sous forme de subvention d’investissement à l’acquisition des chauffe-eau solaires par les ménages, couplé à un système de crédit à la consommation. Enfin, les équipements d’énergies renouvelables ont également bénéficié d’une réduction du droit de douane au taux minimum fixé à 2,5%.

Est-ce suffisant ? Par pour Tahar Achour : « Au Maroc, il y a beaucoup de littérature sur le solaire, mais la vitesse reste timide. Les décrets n’ont pas été appliqués. C’est vrai que la volonté d’aller de l’avant est bien là, mais on avance doucement mais sûrement, du moins de l’espère ».

Ce n’est pas demain que le pays n’aura recours qu’à des sources renouvelables pour son approvisionnement en électricité.

Lieu : Parc d'expositions de l'Office des changes, Route d’El Jadida km 7,5 
20000 Casablanca.

Date : du 26 février au 1er mars.

Site Internet: http://www.solaireexpomaroc.com