TGV, expropriations et bras de fer..

Depuis 2 mois, ils sont entre 50 et 100 pères et mères de familles à manifester tous les jeudis devant la wilaya de Tanger. Leur objectif : obtenir une juste indemnisation des terrains sur lesquelles l’ONCF fera passer la ligne du TGV marocain.

TGV, expropriations et bras de fer..

Le 11 janvier 2014 à 7h46

Modifié 11 janvier 2014 à 7h46

Depuis 2 mois, ils sont entre 50 et 100 pères et mères de familles à manifester tous les jeudis devant la wilaya de Tanger. Leur objectif : obtenir une juste indemnisation des terrains sur lesquelles l’ONCF fera passer la ligne du TGV marocain.

Le chantier commence à enregistrer ses premiers retards. Mais c'est une situation habituelle en matière de grands travaux au Maroc: les opérations d'expropriation génèrent toujours des retards sur les chantiers.

720 familles au total sont concernées par la procédure d’expropriation menée par les services de la wilaya de Tanger dans le secteur de Aouama-Est sur le territoire de la préfecture de Fahs-Anjra. Celui-ci se trouve au milieu du dernier tronçon de la LGV, la ligne à grande vitesse, et démarre au niveau de la rocade qui relie la RN1 et la RN2 et s’achève à la gare de Tanger. Le tronçon doit également desservir les ateliers de maintenance du TGV.

La procédure prend du retard …

Sur ces 720 familles, 120 devraient trouver un arrangement à court terme avec les services de la wilaya. De sources concordantes, selon des habitants et des sources administratives, l’Etat paiera entre 1.400 et 1.700 DH par m² construit aux propriétaires selon l’état de la finition du logement,  ainsi qu’une compensation d’un lot de terrain d’une superficie équivalente à celui exproprié.

 L’idée est que les familles indemnisées quittent leurs logements «dans les prochains mois». Aucun délai fixe n’est plus donné car la procédure d’expropriation enregistre déjà des retards.

La situation est plus incertaine pour les propriétaires des terrains nus qui concernent  600 familles. Mais dans ce cas, les services de la wilaya semblent dépassés. Si indemniser et faire partir les familles qui ont construit leur logement là où passera le futur TGV est prioritaire pour des raisons humaines et de paix sociale, en revanche, les propriétaires de terrains nus, mais propriétaires quand même, semblent être traités avec indifférence. Contactés par nos soins, les services de la wilaya n’ont pas répondu à nos sollicitations.

M. tout le monde

Parmi les 600 familles propriétaires de terrains nus, on trouve des artisans et des chômeurs, des anciens soldats des FAR en poste au Sahara et des fonctionnaires. Jeudi 9 janvier comme à leur habitude ils étaient postés devant la wilaya avec leurs banderoles entre 10H et 13H.

A chaque fois, c’est le même scénario : ils déploient leurs banderoles, scandent quelques slogans, remettent un courrier au bureau d’ordre rappelant leurs revendications et attendent d’être reçus par le wali, son secrétaire  général ou le «caïd des caïds», le responsable de la Direction des affaires générales. Mais cela n’aura pas lieu ce jeudi 9 janvier 2014.

Pour Mohamed Chérif Tahari qui représente les intérêts de son épouse dans ce bras de fer avec les responsables des expropriations, «nous soutenons le projet du TGV, mais nous voulons une juste indemnisation» souligne-t-il. «Nous sommes des citoyens, nous sommes des patriotes mais nous sommes aussi des gens ordinaires. Ce terrain nous l’avons acquis il y a 15 ans pour un jour y construire notre maison. Aujourd’hui on veut nous le prendre alors que nous avons une famille, que nous louons notre logement actuel et que nous payons des loyers. Cette situation n’est pas juste».

Ancien soldat des Forces armées royales pendant plus de 22 ans, M. El Reghioui est fier d’énoncer ses états de services au Sahara «contre le Polisario» indique-t-il en mimant les gestes du soldat qui épaule son fusil, vise et tire. «Je touche une retraite de 2.000 DH, j’ai servi dans l’armée pendant 27 ans, j’ai 57 ans et une mauvaise santé et on veut me prendre mon terrain sans indemnisation juste» clame –t-il,  avant de poursuivre: «Qu’est-ce que je dois faire?».

L’une des choses que ces propriétaires artisans, chômeurs, anciens soldats ou fonctionnaires réclament est que la wilaya leur fasse «par écrit une offre décente».  Les prix du terrain du côté de Aouama-Est sur des terrains autorisés pour la construction de bâtiments en rez-de-chaussée et 3 étages varient entre 3.000 et 4.500 DH. Avec la prochaine arrivée du TGV et les nuisances provoquées aux riverains et futurs riverains,  les prix baissent un peu.

Depuis des mois que ce bras de fer dure entre les propriétaires des terrains et les services de la wilaya, des dizaines des courriers ont été écrits : au ministère de l’intérieur, à la wilaya, au caid, au chef d’arrondissement, aux élus et à la Commission régionale des droits de l’homme. En vain. Le premier courrier en ce sens a été envoyé le 31 octobre 2012.

 Les propriétaires des terrains ont également contacté leurs élus locaux, mais de ce côté-là, «nous n’avons encore reçu ni réponse ni soutien officiel à nos revendications» indique à Médias 24 Mohamed Chérif Tahiri.

… et la LGV aussi.

Lancé en 2012,  le projet de TGV entre Tanger et Casablanca constitue un investissement supérieur à 24 MMDH. Certains tronçons du tracé, notamment près de Tanger sur la zone de Hjar Nhal connaissent des retards de réalisation en raison de conflits au sujet des procédures d’expropriation.

A Aouama-Est en bas de la colline où est installée la société Sonasr, une visite sur le site permet de constater que la base avec ses bureaux, ses engins et son laboratoire géologique, est installée. Médias 24 a pu apprendre auprès de sources professionnelles dignes de foi que le tronçon de 8,7 km sur lequel devait commencer à travailler la société Sonasr devait être mis à disposition par l’ONCF  le 1er janvier. C’est-à-dire que  les procédures d’expropriation de 720 familles devaient être bouclées il y a plus de 10 jours. Sur 8,7 km qui vont de la rocade Sud à la gare TGV, seuls … 300 mètres sont près à être travaillés.

Le TGV doit en principe entrer en service en décembre 2015 et les représentants des propriétaires de Aouama-Est s’apprêtent à manifester à nouveau devant la wilaya de Tanger lundi 13 janvier.


 

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