Egypte: Les Frères musulmans déclarés «organisation terroriste»
Une explosion a blessé jeudi cinq personnes dans un bus au Caire et un second engin explosif a été désamorcé, au lendemain de l'annonce par les autorités que les Frères musulmans de l'ex-président Mohamed Morsi étaient désormais une «organisation terroriste».
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Le 26 décembre 2013 à 11h24
Modifié le 26 décembre 2013 à 11h24Une explosion a blessé jeudi cinq personnes dans un bus au Caire et un second engin explosif a été désamorcé, au lendemain de l'annonce par les autorités que les Frères musulmans de l'ex-président Mohamed Morsi étaient désormais une «organisation terroriste».
Cette attaque, qui a fait cinq blessés légers selon des responsables des services de sécurité et de la santé, est le premier attentat à ne toucher que des civils depuis le coup de force des militaires contre le chef d'Etat islamiste en juillet, même si la bombe a peut être explosé prématurément. Depuis la destitution et l'arrestation le 3 juillet de M. Morsi, l'Egypte est entrée dans un engrenage de la violence, les autorités réprimant dans un bain de sang les islamistes et les plus radicaux d'entre eux menant des attaques ayant tué plus d'une centaine de policiers et de soldats.
Jeudi, la police avait bouclé le périmètre autour du bus rouge et noir dont les vitres ont volé en éclats, après l'explosion d'une bombe posée en bord de route. Un général de la police, Mohamed Gamal, a montré la seconde bombe artisanale, désamorcée, expliquant qu'elle avait été placée dans un panneau publicitaire proche et devait détoner au moment où les forces de l'ordre arriveraient sur les lieux après la première explosion. « Elle devait être actionnée à distance », a précisé à l'AFP le porte-parole du ministère de l'Intérieur Hany Abdel Latif, estimant que cette attaque « visait à terroriser les gens avant le référendum » constitutionnel prévu les 14 et 15 janvier.
Mahmoud Abdelal, qui travaille à une centaine de mètres du lieu de l'explosion, dans le quartier de Nasr City, dans le nord du Caire, a raconté à l'AFP avoir vu sur place « cinq personnes couvertes de sang, dont l'une avait perdu une jambe ». Mardi à l'aube, un kamikaze avait lancé sa voiture bourrée d'explosifs contre le quartier général de la police de Mansoura, à une centaine de kilomètres du Caire, tuant 15 personnes, dont 14 policiers. Un mouvement jihadiste basé dans le Sinaï et disant s'inspirer d'Al-Qaïda a revendiqué cette attaque, « fermement » condamnée par les Frères musulmans. Mais le gouvernement a accusé le mouvement islamiste créé en 1928 en Egypte avant d'essaimer dans le monde entier d'être derrière l'attentat de Mansoura, déclarant la confrérie « organisation terroriste » et menaçant ainsi ses centaines de milliers de membres de tomber sous le coup d'une sévère loi anti-terrorisme promulguée en 1992 sur fond de violences de groupes islamistes radicaux. Ils sont aussi désormais interdits de manifestation, alors qu'ils organisent quasi-quotidiennement des défilés réclamant le retour au pouvoir de M. Morsi. L'un de leur dirigeant a toutefois appelé mercredi à poursuivre la mobilisation.
En outre, le journal de la confrérie « Liberté et Justice » a été définitivement interdit, de même que le parti politique du même nom, qui avait remporté toutes les élections organisées depuis la révolte de 2011 qui a mis fin à trois décennies de présidence de Hosni Moubarak. Début septembre, dans le même quartier de Nasr City, un kamikaze avait fait exploser sa voiture au passage du convoi du ministre de l'Intérieur, sorti indemne de cette attaque. Ansar Beit al-Maqdess, le mouvement jihadiste qui a revendiqué l'attentat de Mansoura, a également affirmé être responsable de la tentative d'assassinat contre le ministre.
Ce groupe, principalement composé de Bédouins du Sinaï égyptien, critique ostensiblement l'entrée des Frères musulmans dans le jeu politique et prône l'action armée. Les autorités, elles, accusent régulièrement les Frères musulmans d'aider et de financer les attentats contre les forces de l'ordre, sans toutefois avoir apporté la preuve des liens entre les combattants jihadistes et les Frères musulmans, tenants d'un islam politique plus modéré.
Banni mais toléré sous le régime de Hosni Moubarak et véritablement sorti de la clandestinité à son départ en 2011, le mouvement des Frères musulmans pourrait désormais revoir ses positions après avoir été dépossédé d'une présidence acquise via les urnes. Lors de leur coup de force contre M. Morsi, les militaires avaient affirmé répondre au souhait de millions de manifestants qui accusaient le président islamiste d'avoir échoué à redresser une économie en ruine et de chercher à accaparer le pouvoir au profit de sa confrérie. Ils ont promis une « transition démocratique » qui doit être lancée avec le référendum constitutionnel et se clore par des élections législatives et présidentielle mi-2014.
(Avec AFP)
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Le 26 décembre 2013 à 11h24
Modifié 26 décembre 2013 à 11h24