« Le gouvernement sacrifie la croissance aux équilibres budgétaires »

L'ancien ministre des Finances sait de quoi il parle. Et il ne trouve pas de mots assez durs pour critiquer le gouvernement.

« Le gouvernement sacrifie la croissance aux équilibres budgétaires »

Le 12 avril 2013 à 16h08

Modifié 12 avril 2013 à 16h08

L'ancien ministre des Finances sait de quoi il parle. Et il ne trouve pas de mots assez durs pour critiquer le gouvernement.

« Objectivement, la situation devient préoccupante. Il y aggravation du double déficit ainsi qu’un recul de la croissance et donc de la dynamique économique globale créatrice de valeur et génératrice d’emplois.

C’est une rupture de la dynamique globale. Incapable d’élaborer une vision de l’avenir, le nouveau gouvernement a provoqué l’attentisme et la confusion et échoué à maintenir la confiance.

A titre d’exemple, et pour prendre quelques indicateurs, le taux de croissance a été ramené à 2,7 % en 2012. Le prétexte de la mauvaise année agricole n'est pas recevable. Le Maroc se trouvait dans un corridor de croissance supérieure à 4% quel que soit le contexte. Avec l’aggravation des déficits, la situation n’est pas saine du tout. Et elle a été aggravée par une loi de Finances 2013 sans priorités et sans vision et qui, sous prétexte de recherche d’un équilibre budgétaire, a multiplié les taxations à l’encontre des entreprises et de la classe moyenne, moteur de la croissance.

On ne peut pas non plus invoquer le contexte économique, car la crise a commencé en 2008. Les gouvernements doivent être capables de s’adapter et sont censés avoir une capacité de réponse. C’est ce que nous avions fait en 2008, en créant un comité de veille stratégique, en stimulant la consommation, en poursuivant les réformes de fond et les stratégies sectorielles, nous avons évité la démobilisation des acteurs économiques et nous avons préservé la dynamique globale.

En 2008, le budget était excédentaire

Je rappelle que le budget de l’Etat était excédentaire en 2008 (+0,4%). En 2009, nous avons tenu à régler tous les arriérés de l’Etat et malgré cela, le déficit a été contenu à 2,2%. En 2010, dans un contexte de recul de la croissance mondiale, le déficit s’est élevé à 4%, alors que nous avions choisi de stimuler l’investissement public. Et je rappelle que nous avions réduit la pression fiscale, comme incitation à l’investissement.

Au final, nous sommes restés dans une moyenne de 3%, objectif à terme du programme du gouvernement actuel.

Pour en revenir à la situation, je ne peux que relever une série de mauvaises décisions qui se succèdent. Comment peut-on, trois mois après le vote de la Loi de Finances, effectuer des coupes aussi importantes dans le budget d’investissement ? Cela démontre au minimum l’absence de capacité anticipatrice.

L’investissement est le dernier domaine auquel un gouvernement doit toucher. C’est surtout le message qui est dangereux et ce message dit : l’Etat ne maîtrise plus son métier.

Il fallait commencer par rationaliser la dépense publique. Comment peut-on garder 31 ministères alors que les finances publiques sont dans cette situation ?

Sur le plan international, c’est l’image du pays qui est touchée, car le Maroc entre dans une logique de croissance faible. Il y a une corrélation entre l’investissement public, les dépenses budgétaires et la croissance. Le message que ce gouvernement passe, c’est que le Maroc, ne faisant pas de prévisions correctes, sacrifie la croissance aux équilibres budgétaires.

Un message très grave que le gouvernement essaie de banaliser

C’est un message très grave même si au sein du gouvernement, on fait tout pour le banaliser.

45% du tissu entrepreneurial vit des commandes de l’Etat. Ce sont 40.000 à 50.000 emplois qui sont en jeu. Les conséquences seront visibles en termes d’emplois, d’investissement, de ralentissement de l’activité économique ; le circuit économique va être grippé, j’en ai bien peur.

Couper dans les investissements est une mesure extrême, on y a recours lorsque toutes les possibilités de réduction de la dépense ont été épuisées.

Tendanciellement et malgré cette suppression des investissements, on s’achemine vers un déficit de 6 ,5% du PIB. Il manquera 15 autres milliards. Où va-t-on les trouver ?

Que faire maintenant ? Lorsqu’il y a une crise de confiance, on ne peut rien faire sans la régler. Il n’y a pas une crise économique mais une crise de confiance. Notre pays a un potentiel énorme, des projets énormes, l’essentiel est de donner de la visibilité et de rétablir la confiance. Avec les instances internationales, il est toujours possible de négocier, pour peu que l’on ait un programme cohérent. Il est possible de relancer très vite, de remettre la machine en marche ».


 

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