Déconfinement : Moins d’un tiers des entreprises ont repris leurs activités normales
Après une cessation d’activité qui a touché plus de 80% des entreprises durant le confinement, le HCP dresse son bilan concernant la reprise d'activité des entreprises. 44% d’entre elles pensent qu’il faudra au minimum un an avant de retrouver une activité normale, 46% ont d’ores et déjà reporté ou annulé leurs investissements sur 2020 et près des deux tiers annoncent un retour d'emploi à la normale d'ici au minimum 6 mois.
Le 28 juillet sur le site du Haut-Commissariat au Plan (HCP), a été publiée la seconde enquête sur la reprise d’activité des entreprises suite la levée du confinement. Cette dernière traite de l’activité des entreprises et de l’emploi à travers un sondage effectué sur 4.400 entreprises représentatives des situations sectorielles.
Le HCP explique que durant la période de confinement, 83,4% des entreprise ont déclaré avoir cessé leurs activités. 29,6% ont annoncé un arrêt partiel quand 52,4% ont annoncé un arrêt total des activités. 1,3% ont, quant à elles, signalé un arrêt définitif de leurs activités.
L’instance précise que, par branche, les secteurs les plus touchés sont les suivants : les secteurs de l’hébergement et restauration (99,7%), l’industrie textile et cuir (99,4%), les activités de construction (92,7%) ainsi que les industries métalliques et mécaniques (91,4%).
Mais désormais, à l’heure de la reprise, le HCP dresse un tableau de la situation démontrant que près d’un tiers des entreprises nationales ont repris normalement leur activité, quand 52,2% l’ont repris partiellement.
« La reprise d’activité en rythme normal concerne 40% des grandes entreprises, 35% des PME et 31% des TPE » indique le rapport, tout en précisant que concernant les sociétés exportatrices, les deux tiers ont repris leurs activités, dont 18,6% à un rythme normal.
Les chiffres du HCP démontrent que les industries de l’électrique et l’électronique ne sont plus du tout à l’arrêt. Les industries du textile et des secteurs chimiques et parachimiques suivent également ce trend avec respectivement 3,5% et 2,3% d’entreprises toujours à l’arrêt dans ces secteurs.
Pour les projections de reprise économique sur le reste de l’année, le HCP nous apprend que « plus de la moitié des entreprises atteindraient leur niveau normal d’activité avant la fin de l’année 2020 ».
Cependant, sur l’ensemble des entreprises, il est estimé que plus d’un quart d’entre elles mettront plus d’une année avant de retrouver un rythme normal d’activité. « Pour les entreprises qui n’ont pas encore retrouvé le niveau normal de leur activité, 57% d’entre elles estiment l’atteindre au plus dans 6 mois mais 44% pensent que cela prendrait au moins 1 année » pointe le HCP.
59% des entreprises ont réduit les effectifs d’une manière ou d’une autre
Sur le plan de l’emploi, l’impact est également sans précédent. Le rapport informe que près de 10% des entreprises du territoire ont procédé à des licenciements. Près de la moitié d’entre elles ont procédé à des réductions de postes de façon temporaire, quand 40,7% des entreprises, toutes tailles confondues, n’ont pas procédé à des réduction de personnel. Globalement, 59% des entreprises ont procédé à des réductions d’effectifs, qu’ils soient temporaires, définitifs ou combinés.
« Par catégorie, la proportion des GE qui ont réduit leurs effectifs est de 53%. Cette proportion atteint 62% chez les PME et 58% chez les TPE » note le rapport. Il poursuit, « Par secteurs d’activité, la proportion des entreprises ayant réduit leurs effectifs s’est élevée à 73% dans la construction, 67% dans l’industrie et 56% dans les services ».
Si désormais, la reprise est actée progressivement dans la grande partie des secteurs économiques, 44% des entreprises seulement déclarent avoir récupéré la totalité de leurs effectifs quand près d’un cinquième déclare ne rien avoir récupéré en terme de personnel. Le rapport démontre également que les personnes les plus vulnérables, touchées par ces pertes d’emplois sont en majorité des personnes sans qualification.
« 56% des entreprises affirment ne pas pouvoir récupéré les profils non qualifiés. Cette proportion est plus marquée dans les secteurs de la construction et de l’industrie avec respectivement 74% et de 67% » indique le rapport.
Dans ce contexte, pour plus de 70% des entreprises interrogées, la réduction des charges fiscales est la première action nécessaire pour assurer une récupération des effectifs perdus. S’en suit pour 64% d’entre elles, la suspension des charges sociales ainsi qu’un accompagnement pour la protection des employés contre le covid-19 pour un peu plus de la moitié des sociétés interrogées.
Concernant le retour au niveau initial d’emplois, les sociétés sondées estiment, pour un peu plus de la moitié d’entre elles, qu’il faudrait 3 à 6 mois avant un retour à la normale. « Par secteur, 38% des entreprises de la construction ne s’attendent pas à une reprise du niveau normal de l’emploi avant un an. Cette proportion est de 34% pour les entreprises opérant dans l’industrie et de 41% pour le secteur du commerce », souligne le HCP. Il est aussi à noter que pour près des deux tiers des entreprises interrogées (65%), il faudra au minimum six mois pour que le niveau d'emploi reviennent à la normale.
Investissements : près de la moitié n’auront pas lieu
Dans le cadre des perspectives d’investissements, pour 67% d’entre elles, les investissements prévus pour 2020 ne seront pas totalement réalisés : 46% annoncent d'ores et déjà un report ou une annulation de ces derniers sur l'année 2020 quand un cinquième annonce une baisse des investissements sur cette année.
Les grandes entreprises ont une propension plus élevée à maintenir leurs investissements, quand les plus petites structures, ont plus tendance à les reporter ou les annuler.
L’instance d’Ahmed Lahlimi pointe que, « par branche d’activité, la proportion des entreprises déclarant surseoir ou réduire leurs investissements s’élève à 83% dans les industries électriques et électroniques ainsi que dans la l’hébergement et restauration, 75% dans les branches du Transport et entreposage et de 68% pour la construction ».
Pour les entreprises, la santé financière s’est également détériorée durant le confinement. Concernant leur endettement, les entreprises sondées par le HCP déclarent, pour 51,3% d’entre elles, ne pas être en mesure de reprendre le remboursement de leurs dettes d’ici au moins une année. 45% d’entre elles comptent recourir au financement externe pour se refinancer et redémarrer leur activité dont plus de 39% par prêt bancaire.
Une faible demande locale et la peur d’un reconfinement, principaux freins à la reprise
Les entreprises marocaines font, depuis le confinement, face à de nombreuses contraintes sur le marché. Pour 76,6% d’entre elles, la faible demande domestique est la difficulté numéro une pour assurer une reprise pérenne. En effet, le pouvoir d’achat des ménages ayant été fortement impacté depuis le mois de mars, il ne sera probablement pas au rendez-vous d’ici plusieurs mois. Pour 71,3% des entreprises sondées, le spectre d’un reconfinement est également un frein au redécollage économique. Pour 62,3% d’entre elles, les difficultés financières sont également une contrainte importante pour une reprise normale d’activité.
Ces dernières ont donc dû s’adapter à un nouvel environnement des affaires.
Cette adaptation est également passée par l’adoption de nouvelles stratégies numériques pour le maintien des activités commerciales ou leur redémarrage. « L’enquête a ainsi ressorti en résultante l’adoption de ces nouvelles approches technologiques et digitales par plus de 41% des entreprises pour pallier cette crise. Cette proportion s’élève à 69% chez les GE », explique le rapport. Même si le télétravail reste la solution la plus adoptée par les entreprise pour s’adapter à ce nouveau contexte. « 28% des entreprises ont déclaré que le confinement les a poussées à adopter une flexibilité des modalités de travail (télétravail, travail en alternance...) », poursuit le HCP.
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