Terrorisme : une indicible torpeur

Le 1 octobre 2014 à 13h38

Modifié 10 avril 2021 à 4h22

Une nouvelle cellule terroriste a été démantelée. Cette fois, il s’agit de Marocains et d’Espagnols qui se considèrent comme le prolongement de Da’ech. Depuis 2003, les services de sécurité ont arrêté plus de 100 cellules terroristes. Leur efficacité est à saluer.  

Sauf qu’ils n’ont pas pu empêcher Argana et Hay Al Farah, parce que dans cette lutte de réseaux, le risque zéro n’existe pas.

Depuis 2003, je me répète, nous fabriquons des terroristes et il nous faut répondre collectivement à ce défi. Selon mes sources, il y a plus d’un millier de jeunes Marocains chez Da’ech, ce n’est pas anodin et les sécuritaires n’ont pas le monopole de ce dossier.

Les proclamations du genre « Nous sommes la Nation de la modération » me font sourire. De la même manière que ceux qui lient, de manière mécanique, l’extrémisme à la précarité suscitent ma colère. Les choses sont beaucoup plus compliquées que ces sentences simplistes donnent à croire.

Au Maroc et depuis 30 ans, le takfirisme prolifère, y compris à l’université. L’islamisme politique n’est pas clair sur le sujet. Tenons-nous aux faits. Attajdid, dirigé à l’époque par l’actuel chef du gouvernement, a écrit dans un éditorial, que « les juifs sont les descendants des juifs et des singes ». Pire, le journal de l’USFP, sous la plume de Hassan Nejmi, un poète de grande valeur, a écrit que « les terroristes ne tuent que les pauvres alors que leurs ennemis sont à Anfa »

On ne règle aucun problème en le niant et nous avons un problème identitaire. La nouvelle constitution définit une identité plurielle, riche de confluents arabe, amazigh, juif, africain, méditerranéen. Mais comment les Marocains vivent-ils cette richesse ?

On peut nier le problème et dire que tout se passe bien. Ce n’est pas la vérité. Dans un environnement dangereux, c’est l’islam qui est l’unique référent identitaire. Dans une situation où le choc avec l’Occident est une nouvelle fois violent, où la modernisation touche les un et pas les autres et que ceux-ci sont plus nombreux, cela devient un cocktail explosif.

Le Maroc a des atouts, un Etat véritable, un régime légitime, un réel sentiment d’appartenance pour la majorité. Mais lutter contre le terrorisme ne peut pas être l’apanage exclusif des sécuritaires. Pour la simple raison que c’est notre société qui le produit, qu’il n’est pas importé.

Assécher les sources du terrorisme, c’est d’abord mener la bataille idéologique de manière frontale, sans équivoque et ensuite donner un sens à la solidarité. La nation, l’identité nationale ne sont pas des slogans. Avec ce qu’il se passe en Libye, au Sahel, au Moyen Orient, nous sommes menacés. Il est temps de donner une réponse sociétale à ce danger.

Que des centaines de jeunes Marocains n’aient pour rêve que le martyr à des milliers de kilomètres de leur pays, doit nous interpeller tous. Ceci dit, je n’ai aucune gêne à saluer l’efficacité des sécuritaires qui font bien leur boulot, mais j’ai la conviction ferme que c’est aux forces vives de la nation de réagir.


 

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