Ancien diplomate, docteur en sciences politiques.
Géopolitique assimilée pour les uns et saut dans l’inconnu pour les autres
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Le 9 janvier 2025 à 12h29
Modifié 9 janvier 2025 à 12h29À travers une expérience intime de la perte de ses papiers d’identité et les démarches administratives nécessaires pour les renouveler, l'auteur de cette chronique a été amené à réfléchir à une dynamique plus large, celle des “cartes” géopolitiques perdues ou compromises.
À la veille de la nouvelle année 2025, j’ai perdu mon portefeuille avec des pièces d’identité, des cartes bancaires et une somme d’argent consistante. Une hécatombe. Sans céder à la panique, j’ai entrepris les démarches nécessaires auprès de l’arrondissement de police le plus proche : arrondissement Moulay Youssef, à Casablanca. L’accueil a été des plus courtois. Je saisis cette opportunité pour remercier les officiers et les inspecteurs (T.D., M.A., Z. et A. et F.Z.) qui ont été de service ce soir-là et le lendemain. Ils ont fait preuve d’un civisme et d’une maestria à l’image de l’institution, désormais plus citoyenne que jamais, qu’ils représentent.
À la maison, Hajja, ma mère (H.F.Z), s’est doutée de quelque chose. J’ai fini par lui dire. Elle a souri et dit que tout se passera bien. Ma sœur (M), comme à son habitude, s’est chargée de faire la mise en scène idoine pour que le passage de 2024 à 2025 soit aussi souple que possible. On n’a pas mis en confidence les autres membres de la famille. Elle a fait un seul commentaire : "Sans carte ou pièce d’identité, on est rien en fin de compte". J’ai souri. Elle m’a rappelé ‘’Les non-personnes’’ de Georges Orwell (Orwell Georges: '1984', Secker and Warburg, 1949).
En pleine tractation, j’ai reçu un appel m’invitant à faire une présentation académique dans les deux jours à venir, question de commenter l’actualité autour de la question du Sahara marocain. J’ai accepté. J’ai décidé de me déplacer à Rabat sans papier d’identité sinon la déclaration sur l’honneur attestant de la perte des documents susvisés délivrée par l’arrondissement de police Moulay Youssef.
Orwell se trompe : sans numéro, on est rien
Le soir, j’ai suivi l’actualité politique internationale, comme je le fais d’habitude. Outre le drame palestinien et la situation encore confuse en Syrie (où les apparitions du nouveau maître à Damas, pose des interrogations tellement les ficelles des changements en cours sont difficiles a dénouer), j’ai été abasourdi par des passages autorisés du discours du président algérien Abdelmajid Tebboune devant le Parlement algérien passés à la télévision algérienne.
Un discours décousu dans lequel on voit un chef d’État manquer d’arguments pour convaincre sur les choix de son pays en matière de politique étrangère. Vers la fin, pris par l’émotion, et au lieu de faire le bilan de ses réalisations concrètes durant l’année écoulée, le président a failli se fendre en sanglots.
Visiblement, comme moi, trois heures plus tôt, le président Tebboune a perdu une pièce maitresse dans l’argumentaire algérien sur deux questions fondamentales pour la diplomatie algérienne, le Sahara occidental marocain et la Palestine. Finalement, comme l’avait dit ma sœur tantôt, sans pièce d’identité, sans carte, sans référentiel plausible, on est vraiment rien du tout. Même le bluff pour le plaisir de faire rire ne passe plus.
Le jour fixé pour ma communication sur les derniers développements de la question du Sahara marocain, j’ai commencé par partager avec la poignée de personnes (des diplomates en herbe) ayant fait le déplacement l’information sur la perte de mes documents d’identité pour initier le débat sur la question qui me tenait à cœur.
J’ai fait le parallèle avec l’allocution du président Abdelmajid Tebboune et la note verbale adressée par le ministère libyen des Affaires étrangères à son homologue marocain, le 22 décembre 2024, sur la réunion consultative du Haut Conseil d’État et la Chambre des représentants libyenne tenue à Bouznika (Maroc) les 18 et 19 décembre 2024 dans le cadre du dialogue interlibyen (Hami H., La Libye, noyau faible, noyau fort pour la fin du désordre au Maghreb, Medias24 du 2 janvier 2025).
Étonnés, mais attentifs, mes jeunes collègues ont accepté de se prêter au jeu de comparaison. Le jeu en valait la chandelle, comme on dit. De quoi s’agit-il ? On se retrouve dans une station kafkaïenne, où trois acteurs partagent la caractéristique d’être momentanément sans ailes. Ils ont perdu presque toutes leurs cartes pour confirmer, sans contestation aucune, leur droit à l’existence à la seconde près.
Le mortel que je suis ne peut plus se déplacer à son aise, compte tenu des aléas de la nouvelle année 2025. Un parcours de combattant l’attend pour renouveler ses papiers, ses cartes bancaires, avec au préalable l’obligation d’apporter des justificatifs dans les délais.
Mais ce serait un moindre mal en comparaison avec les deux autres hauts dignitaires à la tête de l’Algérie et de la Libye. Sans ressort à la suite des derniers développements géopolitiques au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, ils ne savent plus à quel saint se vouer. Ils recourent au déni et à la fuite en avant.
Les cartes (pièces d’identité palliatives) dont ils se vantaient pour provoquer la zizanie dans la sous-région ont été attrapées par l’humidité. Ils redoutent de perdre tout au change, si change encore existerait dans les méandres de leur vision géopolitique galvaudée.
La Libye, tout d’abord. Le Gouvernement d’union nationale est contesté en raison de la fin, depuis longtemps, de son mandat. Son oscillation à faire un choix clair et sans équivoque dans la perception de la géopolitique maghrébine et moyen-orientale lui porte préjudice. Ceci alors que les autres forces politiques et militaires gagnent des points. Les autorités de Tripoli craignent qu’elles soient lâchées suite à un arrangement entre les intérêts étrangers similaires à celui qui a eu lieu en Syrie.
Les autorités de Tripoli observent également la position de certains pays européens tels que la France ou l’Allemagne, non seulement par rapport à la Syrie, mais aussi par rapport au Maghreb. Il est certain que leur résistance aux pressions algériennes pour que Tripoli s’aligne sur la politique d’axes que l’Algérie tente vainement de raviver pourrait faire long feu, à moins d’une renaissance avérée à la géopolitique régionale dans l’espoir de ne pas rater le coche. Preuve en est la note verbale précitée que le ministère libyen des Affaires étrangères a adressée à son homologue marocain.
Mieux, les révélations faites par Najla Mangoush, ancienne ministre libyenne des Affaires étrangères à la chaine Al-Jazeera sur la question des étapes franchies sur la voie de la normalisation des relations entre la Libye et Israël avant son limogeage le 28 août 2023, jettent un autre pavé dans la mare. En effet, selon elle, plusieurs rencontres avaient eu lieu avec des responsables israéliens sur instruction du premier ministre Abdulhamid Dbeibeh. Elle n’aurait été en fait qu’un bouc émissaire. Le timing de ces révélations ne manque pas d’intriguer.
Justement, l’Algérie qui louvoie sans se lasser et montre des dents dont la blancheur laisse à désirer. Ayant perdu la carte la plus importante contre le Maroc dans l’affaire du Sahara, les décideurs algériens ont de la peine à dissimuler leur désillusion. Bâtir une diplomatie sur la base d’un seul dossier pour consolider une légitimité de plus en plus contestée dans leur propre pays s’est avéré une carte périmée.
Les décideurs algériens montent au créneau pour se refaire une nouvelle virginité en accusant tout le monde de comploter contre la révolution algérienne. Pêle-mêle, la rente mémorielle, l’agression marocaine présumée, les traîtres à l’intérieur et à l’extérieur, les renégats de tous bords, etc. Un refrain insipide et gangrenant de fausses notes.
Et comme un malheur ne vient jamais seul, voilà le Mali qui sort ses griffes, le 1er janvier 2025, pour dénoncer les tentatives de l’Algérie de le déstabiliser en apportant son soutien à des groupes séparatistes dans le nord du pays. Bamako va plus loin et évoque la question qui fait très mal : la Kabylie.
La question des frontières est posée avec acuité tant il est vrai que le bassin de Taoudéni contient des réserves en hydrocarbures s’étendant des frontières nord du Mali avec l’Algérie et la Mauritanie jusqu’au fleuve Niger, au sud. Les tensions entre les deux pays sont de nature à remettre en cause l’accord sur les frontières signé sous pression en 1983.
De même en Mauritanie, le diktat algérien n’est plus accepté. La question des frontières est tout aussi importante. Une information a circulé récemment selon laquelle l’ancien président Mohamed Khouna Ould Haidallah aurait reconnu avoir pris seul et sans consultation avec les autres membres du Comité militaire de salut national (C.M.S.N) la décision de signer avec le polisario l’accord de renonciation à Teris algharbiya (Oued Eddahab) en août 1979. L’argument aurait été que le polisario était armé jusqu’aux dents et se faisait ravitailler par l’Algérie, la Libye et la Russie et pouvait facilement s’emparer de Nouakchott.
À l’occasion du sommet de Monrovia, la même année, le président malien Moussa Traoré a fini, après deux tentatives, par convaincre le président Haidallah de rencontrer Moustapha Seyid du polisario amené dans les bagages de la délégation algérienne. Il l’a fait aussi sur insistance du président algérien Chadli Benjedid. L’idée du désengagement de la Mauritanie de Teris algharbiya a été, en conséquence, enracinée.
Le polisario n’aurait pas respecté l’accord verbal obtenu initialement. L’accord consistait dans la cession de Teris algharbiya par le choix entre deux options avec l’organisation d’un référendum envisageant aussi l’autonomie comme solution. L’accord de paix a été en fait imposé par l’Algérie (M.K.O Haidallah, interview accordée à O.D.H, Organisation pour la défense des droits de l’Homme, postée le 03/08/2011). La maestria avec laquelle le Maroc est intervenu pour la récupération de cette partie du Sahara a fort heureusement déjoué ce complot. Quarante-trois ans plus tard, la Mauritanie est appelée à être au rendez-vous de l’histoire pour corriger une erreur d’appréciation désormais dépassée.
Orwell a raison : avec un numéro, on est toujours rien
En réalité, si on y réfléchit de plus près, on découvre que ces tractations coïncidaient également avec l’esquisse du Plan Sahara demain (SAD) concocté par la France et qui faisait la promotion de l’idée du partage du Sahara entre le Maroc, la Mauritanie, l’Algérie et le polisario.
Ironie du sort, c’est le Mali qui est maintenant menacé par la dissidence et le morcellement par la même Algérie dont le président a presque fendu en larmes devant le parlement en prétendant que l’Algérie ne faisait que défendre le droit des peuples opprimés. Moussa Traore a été renversé par un coup d’Etat en mars 1991.
Son alignement sur l’Algérie ne l’a pas sauvé à un moment où François Mitterrand imposait la conditionnalité comme seule alternative de la coopération France-Afrique, à l’occasion de la 16e Conférence des Chefs d’Etats d’Afrique et de France de la Baule en 1990. Les archives diplomatiques révèleront un jour que Moussa Traoré aurait sollicité les bons offices du Maroc pour tenter de se maintenir au pouvoir au lendemain de cette Conférence.
La réponse du berger à la bergère a été le communiqué du gouvernement malien déjà précité, stigmatisant dans les termes les plus forts l’ingérence algérienne dans les affaires intérieures du Mali au lieu de s’occuper de ses propres problèmes et de la question de la Kabylie.
L’Algérie devrait s’attendre à souffrir le martyr sur le dossier de la Kabylie durant l’année 2025. Douze mois au sein du Conseil de sécurité qui se termineraient sans doute avec un bilan des plus négatifs qu’un membre non permanent n’ait jamais enregistré pour avoir associé la myopie géopolitique et l’arrogance amnésique.
De plus, les pressions de l’Algérie pour empêcher la Mauritanie de s’inscrire dans l’initiative atlantique, le projet de gazoduc Afrique-Atlantique et l’initiative de désenclavement des pays du Sahel initiés par le Maroc se sont avérées vaines. En effet, la rencontre entre le Roi Mohammed VI et Mohamed Ould Ghazouani, le 20 décembre 2024, à Casablanca a achevé de provoquer une attaque cérébrale chez certains décideurs algériens emmurés dans les citadelles de l’illusion hégémonique. L’adhésion de la Mauritanie aux trois projets est confirmée.
Ensuite, comme par un coup de baguette magique, le Roi Mohammed VI et le président Mohamed Ould Ghazouani se retrouvent aux Émirats arabes unis en visite privée quelques heures avant la nouvelle année 2025.
Les spéculations vont bon train sur un partenariat tripartite (Maroc, Mauritanie, Émirats arabes unis) étendu probablement à d’autres pays européens de la façade atlantique, dont l’Espagne, le Portugal et la France, pour dessiner les contours d’une géopolitique tournée vers le progrès et le développement (Hami H., Political Transition in Senegal : No Significant Break, Enlighened Continuity, Morocco World News, 3 May, 2024).
Une géopolitique consacrant l’approche marocaine gagnant-gagnant portée par le Roi Mohammed VI depuis son intronisation en 1999 et qui commence à recueillir le suffrage chaque jour de nouveaux partenaires.
Et puis une information tombe le même jour, le décès, le 29 décembre 2024, de l’ancien président américain Jimmy Carter (1977-1981) à l’âge de cent ans. Qu’il repose en paix. Mais je ne peux m’empêcher de me rappeler le martyr que son administration avait fait subir au Maroc en pleine guerre du Sahara que lui imposait une armada d’alliés dont avait parlé l’ancien président Ould Haidallah.
Carter, dont la ferveur religieuse et le référentiel religieux ont été avérés, et sous la pression de membres influents au sein de la Commission des affaires étrangères au Sénat, a imposé un embargo sur la vente d’armes au Maroc. L’Algérie avait une carte d’importance dans la suite des évènements. Elle entreprenait une médiation auprès de la République islamique d’Iran pour libérer les diplomates et des civils américains détenus comme otages à l’ambassade américaine à Téhéran (1979–1981).
Dans cette affaire, le médiateur algérien, le ministre des affaires étrangères, Mohamed Seddik Benyahia, a eu un destin tragique. Il est décédé dans la localité de Qottour, sur la frontière entre la Turquie et l’Irak, dans un crash d’avion en 1982, alors qu’il menait une autre médiation entre Bagdad et Téhéran. La théorie du complot et de la préméditation (un missile aurait été lancé à partir du territoire irakien) a longtemps circulé sur cette tragédie, d’autant plus que le défunt avait survécu en 1981 à un grave accident d’avion au Mali.
Les médiations algériennes tournent souvent au vinaigre et se terminent par un fiasco ou, pire, par des tragédies. Elles sont initiées dans la précipitation et la hâte d’obtenir des dividendes immédiats. Il en a été ainsi de la médiation entre l’Égypte et l’Éthiopie sur la crise du barrage Ennahda en 2021, alors que l’objectif a été de se positionner au sein de la Ligue des États arabes en prévision de la tenue du sommet d’Alger. En effet, les décideurs algériens ambitionnaient d’introduire la question du Sahara marocain dans l’ordre du jour.
Il en est de même de la proposition de médiation entre la Russie et l’Ukraine en 2023, vite repoussée par les deux parties, alors que l’objectif des décideurs algériens a été de promouvoir la candidature de l’Algérie aux BRICS. Une candidature qui n’avait pas abouti car l’Algérie n’a pas eu le soutien requis de ceux qu’elle croyait être des alliés inconditionnels à l’occasion de la tenue du sommet de Johannesburg en août 2023.
En somme, quand les cartes sont périmées, perdues ou brûlées, elles ne servent, cela va de soi, plus à rien. Si elles sont périmées, il faut les renouveler en s’en tenant aux conditions de rigueur pour que tout se passe bien. Si elles sont perdues, il s’agit là d’une autre paire de manches ; une corvée pour justifier les circonstances dans lesquelles elles ont été égarées. Si elles sont brûlées, la tâche est autrement plus délicate. On ne peut pas les ressusciter en soufflant sur les cendres.
Des faussaires en quête d’identités géopolitiques
En géopolitique, le dilemme du repositionnement est un casse-tête permanent. L’année 2025 sera difficile pour les fossoyeurs de service, les comploteurs à tout crin et les illusionnistes qui ne trompent plus personne. Il faut de la foi et de la remise en cause des priorités dont les premiers signes annoncent des fiascos à venir.
Qu’en est-il de nos autres trois acteurs impliqués dans cette fable ? Le mortel que je suis a vécu trois jours des plus passionnants en termes de suspense. À Rabat, alors que je me précipitais pour réunir les pièces requises pour le renouvellement des documents perdus, j’ai rencontré ma très chère amie et collègue Wafae Lamrani, diplomate et poétesse de renom. Elle m’a interpellé sur la raison de ma hâte. Je l’ai informée. Elle a souri, comme à son habitude, et m’a dit qu’elle avait l’intuition que je récupérerais mes documents sous peu.
Elle me raconte ce qui s’est passé, il y a quelques années, avec l’écrivain marocain Moubarak Rabii. Il était aux Émirats arabes unis dans le cadre de la participation à une conférence académique de haut niveau. Il avait perdu son laptop qui comportait, entre autres, le texte de son dernier roman. Wafae lui avait prédit qu’il allait le récupérer plus tôt qu’il ne le pensait en dépit de l’échec des recherches entreprises par les autorités émiraties. Une semaine plus tard, Rabii l’appelle pour lui dire que finalement son laptop a été retrouvé intact.
Eh bien, c’est ce qui s’est passé avec moi. 24 heures après, on me téléphone. Mes documents principaux ont été retrouvés et envoyés par poste par un citoyen bienfaiteur marocain qui a signé le dos de l’enveloppe par la mention فاعل خير.
Je prends le temps de téléphoner à ma sœur. Elle m’informe que Hajja, ma mère, lui avait confié qu’elle était certaine que j’allais récupérer les documents perdus. Elle aurait eu une vision, l’intuition de la mère. Moi, j’ai été certain qu’une fois de retour à Casablanca, j’aurai droit à un tagine de poisson, un plat de couscous ou une pastilla dont ma mère seule a le secret. Ce serait fait avec la présence de notre petite tribu de famille.
Je ne peux que me féliciter de cette expérience qui me permet de bien méditer la notion du devoir, du civisme, de la foi et de l’optimisme. Le civisme au plus haut sommet de l’État, où l’on voit le Roi, bien que convalescent, remplir son devoir dans le cadre d’une vision stratégique qui s’inscrit dans la durée et la persévérance. Le monarque chérifien et le président mauritanien mettent fin aux spéculations sur l’intention de la Mauritanie de se joindre aux trois projets stratégiques sur l’Atlantique mentionnés tantôt.
Le civisme des fonctionnaires de la DGSN à l’arrondissement de Moulay Youssef de Casablanca. Le civisme de ce citoyen bienfaiteur qui paie de sa poche le prix des timbres pour poster l’enveloppe contenant les documents égarés. Le civisme des fonctionnaires de Barid Al-Maghreb بريد المغرب qui activent l’acheminement des documents dans un délai record. Et puis la foi et l’optimisme des membres de ma famille, des amis et du personnel des banques sollicitées (N.B et Hajja T.G), en urgence, pour faire le nécessaire.
Alors, l’histoire des cartes est résolue pour moi. Je ne peux pas dire autant pour les perdants des cartes géopolitiques dans la région, dont à leur tête l’Algérie.
Les vœux pieux et la schizophrénie diplomatique d’une Algérie aux abois seront, encore une fois, observés tout au long de ce mois de janvier pendant lequel elle assurera la présidence tournante du Conseil de sécurité des Nations unies. Certes, Ammar Ben Jamaa, son ambassadeur représentant permanent a évoqué la question du Sahara dans l’annonce de l’agenda des travaux du Conseil, mais il ne se fait plus d’illusion à moins d’être un pyromane.
Il est revenu, lors de l’annonce de son programme à la presse, sur la résolution de l’Assemblée générale des Nations unies 1514 (XV) du 14 Déc. 1960, pour rabâcher son argumentaire sur la décolonisation. Il fait l’impasse sur les résolutions 1541 (XV) du 15 Déc. 1960 et 2625 (XXV) du 24 Oct. 1970 qui donnent une interprétation plus large et donc plus démocratique au principe du droit à l’autodétermination.
Pis, l’ambassadeur algérien feint d’oublier que lors de l’adoption de la résolution 1514 en 1960, l’Algérie était encore un Département français. Il fallait attendre 1962 pour qu’elle devienne indépendante sur la base d’un arrangement référendaire organisé en trois temps pour sceller une indépendance conditionnelle qui persiste toujours sous des formes détournées.
Les médias et des politiques français viennent de le lui rappeler à l’occasion du bras de fer qui oppose la France à l’Algérie, notamment à la suite de la sortie malencontreuse du président Abdelmadjid Tebboune devant le parlement algérien et de la réponse à peine dissimulée du président Emmanuel Macron à l’occasion de la conférence annuelle traditionnelle des ambassadeurs français accrédités à l’étranger.
La discussion du dossier du Sahara au mois d’avril prochain n’apportera pas grand-chose, sauf peut-être la présentation par l’Envoyé personnel du Secrétaire général, Staffan Di Mistura, de sa démission. De même que la phobie sera à son extrême, maintenant que la composition du Conseil de sécurité pour les années 2025-2026, n’augure rien de bon pour les décideurs algériens.
Le Panama, qui a suspendu sa reconnaissance de la pseudo-rasd en novembre 2024, y siègera jusqu’en 2026. La Grèce et le Danemark, qui ont apporté leur soutien au plan d’autonomie respectivement en janvier 2020 et en septembre 2024, y siègeront jusqu’en 2026. Le Pakistan et la Somalie, qui reconnaissent en fait la souveraineté du Maroc sur ses provinces du sud, poursuivront leur mandat jusqu’en 2026.
Pour leur part, la Slovénie qui soutient depuis juin 2024 le Plan d’autonomie pour une solution définitive et consensuelle, la Guyane, qui adopte la même position, depuis octobre 2019, la Sierra Leone, qui a ouvert un consulat à Dakhla en août 2021 et la République de Corée, qui renouvelle son appui au plan d’autonomie, auront accompli leur mission en 2025.
Par ailleurs, les États-Unis et la France, deux membres permanents du Conseil de sécurité, reconnaissent la souveraineté marocaine. Le Royaume-Uni et la Chine ont voté les dernières résolutions favorables au Maroc, tandis que la Russie s’est abstenue. L’Algérie reste seule et broiera du noir jusqu’à la fin de son mandat en 2025.
Qui oserait désormais parler de carte, d’aura ou de prestige diplomatique algérien dans le concert des nations ? L’Algérie ressemble à un volcan qui se consume de l’intérieur à force de ne pas doser la densité de ses laves et la réaction des autres éléments de la nature qui lui tiennent rigueur.
Il ne restera à l’Algérie que de tenter en vain de s’approprier le patrimoine immatériel marocain, genre zellij et caftan. Du reste, le sort du caftan (Art, tradition et savoir-faire du caftan marocain, dossier 2077) sera scellé en 2025 devant l’UNESCO. Pour ce qui est de la gastronomie marocaine, seul un écervelé ou un faussaire mal inspiré pourrait croire à la version sur l’origine et l’identité des plats que l’Algérie subtilise, sans froncer les sourcils, au Maroc et à la Tunisie depuis 2021.
La Tunisie, justement ! Elle devrait se réveiller de son hibernation, voire de sa nonchalance diplomatique, et regagner l’aura qu’elle avait cultivée avec bonheur des décennies durant. Sur le sentier des cartes, la Tunisie reste le seul pays à s’accommoder encore des tergiversations d’une Algérie qui louvoie dans le vide et se fait peur par son propre écho.
Les autres ont plusieurs longueurs d’avance sur elle. Ils s’inscrivent dans les initiatives porteuses d’espoir et de progrès, à l’image de l’initiative atlantique, du projet de gazoduc Afrique-Atlantique et de l’initiative de désenclavement des pays du Sahel (Tchad, Burkina Faso, Mali et Niger).
La Libye, aussi, devrait s’en inspirer dans l’esprit de l’article déjà cité plus haut. Ces pays ont des cartes généalogiques, un ADN avérée, une identité et une histoire. On ne peut pas dire autant pour tout le monde dans la sous-région maghrébine. Le réveil qui tarde à se faire, serait des plus cauchemardesques.
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