Le gouvernement veut privilégier l'emploi dans la course au rachat de SFR

(AFP)

Le 5 mars 2014

Le gouvernement français s'est immiscé mercredi dans les grandes manoeuvres autour de SFR, insistant sur la nécessité de privilégier l'emploi dans le choix des prétendants au rachat de l'opérateur téléphonique, qui avaient jusqu'en soirée pour déposer leurs offres.

La décision que prendra le groupe Vivendi, maison mère de SFR, de céder ou non tout ou partie de sa filiale, ne sera pas soumise à un aval de l'exécutif. Elle devra en revanche recueillir un feu vert de l'Autorité de la concurrence.

Le cablo-opérateur Numéricable lorgne depuis deux ans sur SFR et sa maison mère Altice a renouvelé la semaine dernière son intérêt à un tel rachat, mais tout porte à croire qu'il devra au moins faire face à Bouygues Telecom.

Le troisième opérateur hexagonal, qui est aussi le plus affecté par la guerre des prix qui sévit sur le marché mobile depuis l'arrivée de Free, devait, selon des sources concordantes, sortir du bois mercredi soir avant le délai informel de 20H00 fixé par Vivendi aux prétendants.

"Il n'y a pas de candidat privilégié", mais le gouvernement "s'appuiera avant tout sur trois critères: surtout l'emploi évidemment, celui de la capacité à investir dans l'outil industriel et puis celui de la qualité du service qui pourra être fourni aux consommateurs", a résumé la porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem.

Même son de cloche à Bercy: "concernant les éventuelles opérations de concentration, le gouvernement est vigilant et a pour seule préoccupation l'emploi et l'investissement".

Ces derniers jours, le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg a rencontré Numericable et Bouygues Telecom, ainsi que la direction de Free, muette sur ses intentions, et Orange, l'opérateur historique et numéro un du marché.

Vivendi avait confirmé fin février avoir été approché par la holding Altice, maison-mère de Numericable, en vue d'un "éventuel rapprochement" avec SFR, tout en assurant ne pas avoir renoncé au projet de mise en Bourse de l'opérateur, envisagé pour juin.

Altice est prêt à offrir 11 milliards d'euros en numéraire à Vivendi, qui conserverait 32% de SFR tandis que le nouvel actionnaire en obtiendrait 50%, selon un scénario dévoilé par le Figaro mardi.

Mais Bouygues Telecom voit d'un mauvais oeil ce mariage qui le laisserait isolé.

Une fois formalisées, les offres des deux, comme celles d'autres éventuels candidats de dernière minute, seront examinées par le conseil de surveillance de Vivendi.

Ce dernier soumettra ensuite son choix à l'Autorité de la concurrence, qui engagera alors un long processus - étude de l'impact du rapprochement sur le secteur, entretien avec les parties concernées et les acteurs du marché, discussions sur d'éventuels engagements des parties pour préserver la concurrence - avant de se prononcer.

- De nombreux emplois dans la balance -

Si elle se concrétise, l'opération signifierait dans tous les cas un changement profond du paysage français des télécoms.

Ce marché compte aujourd'hui quatre opérateurs : Orange, Bouygues Telecom, SFR et Free Mobile. L'arrivée de ce dernier en janvier 2012 a déclenché une incessante guerre des prix qui a sapé les marges de tous les acteurs.

Les deux projets principaux de rachat se différencient sur plusieurs points: Numéricable présente son offre comme un projet de croissance et d'investissement. Les atouts du câblo-opérateur sont son réseau fibre et sa télévision payante, tandis que SFR fait du mobile et de l'internet fixe.

En gage de bonne volonté, Patrick Drahi, patron d'Altice, s'est engagé dans Le Figaro mardi "à ne pas licencier, à conserver 8.500 emplois chez SFR et 2.400 chez Numericable, et même à recruter des commerciaux pour le marché des entreprises".

Mais du point de vue des pouvoirs publics, Numericable est desservi par son poids financier moindre et le fait que sa maison-mère Altice, basée au Luxembourg et cotée à Amsterdam, a un propriétaire suisse..

Une offre de Bouygues devrait créer plus de synergies mais comporte le risque de détruire beaucoup plus d'emplois.

Elle signifierait aussi la disparition d'un opérateur, posant des problèmes de concurrence a priori plus vifs.

"Le marché de la téléphonie mobile a longtemps été dominé par trois opérateurs qui pratiquaient une concurrence plus que discrète. L'arrivée de Free, malgré quelques couacs, a incité le secteur à pratiquer une baisse significative des prix. Et la possibilité d'une concentration, donc d'un retour en arrière, est plus qu'inquiétante pour le consommateur", a estimé mercredi l'association de protection des consommateurs CLCV.

En 2005, SFR, France Télécom et Bouygues Telecom avaient été condamnés à de lourdes amendes (534 millions d'euros au total) par l'Autorité de la concurrence pour "entente" concernant leurs nouveaux abonnements et les résiliations.

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Le 5 mars 2014

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