Souad Benbachir, DG de CFG Bank : “Nous allons doubler de taille dans deux ans”

M.M. | Le 11/3/2019 à 16:23

Après trois années d’activité, CFG Bank compte 20.000 clients, pour un encours de 2,6 milliards de crédits et de 4,1 milliards de dépôts. La banque a doublé de taille entre 2016 et 2018, et ambitionne de faire de même dans les deux ans à venir.

Lancée fin 2015, CFG vient de boucler son troisième exercice d’activité en tant que banque universelle. 

La banque qui a investi depuis sa création une enveloppe de 600 millions de dirhams, dont 250 millions de dirhams en système informatique, compte aujourd’hui quelque 20.000 clients.

L’encours des crédits distribués sur les trois années atteint à fin 2018 plus de 2,6 milliards de dirhams, soit une croissance de 36% par rapport à 2017. 55% de cet encours a été servi aux particuliers. Le reste aux entreprises. 

« Nous avons développé dès le lancement une offre pour les entreprises, notamment les PME et les TPE. On a une gamme de crédit très complète qui va des prêts à l’investissement, aux crédits spot en passant par le leasing… Et nous nous apprêtons à lancer dans les prochains jours une offre pour les opérations import-export », signale Souad Benbachir, DG de la banque, qui nous reçoit au siège de CFG Bank pour discuter du bilan des trois premières années d’exercice. 

Fait notoire : CFG compte à fin 2018 très peu de créances en souffrance. Leur taux est proche de zéro, selon le management de la banque, contre une moyenne de 7,3% pour l’ensemble du secteur. 

« On est certes dans une démarche entrepreneuriale, mais comme on est une banque qui se construit, on tient à bien protéger notre bilan. On finira bien sûr par avoir quelque chose, mais pour l’instant on est à presque zéro créances en souffrance », commente Souad Benbahcir.

4,1 milliards de dépôts collectés en trois ans

Ces crédits sont couverts par un matelas de dépôts. Leurs encours a atteint 4,1 milliards de dirhams à fin 2018. C’est près de 300 millions de dirhams d’additionnel par rapport à fin 2017.

Mais contrairement aux autres banques dont l’essentiel des ressources provient des dépôts à vue (non rémunérés), l’encours de CFG Bank est constitué principalement de dépôts rémunérés (DAT & comptes sur carnet). Ce qui renchérit le coût des ressources, et réduit la marge d’intérêt de la banque.

« C’est tout à fait normal pour une banque en construction. Les dépôts à vue constituent aujourd’hui le tiers de notre encours. On va rejoindre les normes du secteur à l’issue de la première phase de notre Business Plan (2020, ndlr) », explique Souad Benbachir. 

Malgré la cherté des ressources, la banque essaie de rester compétitive par rapport à ses concurrents. Si elle préfère ne pas révéler les taux pratiqués par la banque, Souad Benbachir assure toutefois que CFG n’est certes pas la banque la moins chère du marché, mais elle n'est pas non plus la plus chère.

« Nous étudions le marché et nous nous positionnons toujours au milieu. Nous sommes loin de l’offre la plus chère, et nous ne pratiquons pas non plus la casse pour attirer du volume», confie-t-elle.

Non encore publié officiellement, le produit net bancaire (il était de 162 millions en 2017, en croissance de 21%) est constitué justement à hauteur de 60% par cette marge d’intérêt. Une marge qui reste évidemment inférieure à celle du marché, surtout dans un contexte de concurrence acharnée sur les crédits. 

« La banque approche de l’équilibre »

CFG Bank s’est lancée il faut le dire dans un contexte de ralentissement de la croissance des crédits à l’économie et de baisse continue des taux. Ce qui ne lui a pas facilité la tâche. 

« Si CFG a été créée au début des années 2000, nous aurions eu une marge confortable. Mais depuis 2015, il y a une forte concurrence sur les crédits entre banques, car la croissance est moins forte. Nous, on ne la ressent pas, parce qu’on est petit. On est au contraire en croissance à ce niveau. On est surtout affectés sur les marges », précise la DG. 

Terminant l’année 2017 sur un déficit de 56 millions de dirhams, CFG Bank n’a pas atteint l’équilibre. Mais s’en approche selon Souad Benbachir, qui préfère ne pas s’avancer sur des chiffres tant que les comptes certifiés ne sont pas officiellement publiés. « C’était prévu dans notre busines plan. Il faut quatre à cinq années pour amortir les investissements réalisés », précise-t-elle.

Objectif : doubler de taille en deux ans

Le management de la banque est satisfait en somme de ce bilan à mi-parcours de la feuille de route tracée au moment du lancement. La banque a selon Souad Benbachir doublé de taille entre 2016 et 2018, et ambitionne de faire de même d’ici 2020. Une prouesse dans un marché saturé, dont les big players ont choisi de s’internationaliser pour chercher de la croissance. 

Le management de CFG Bank le sait et a justement façonné tout son business model autour de cette saturation, en misant tout sur le digital et l’expérience client. L’idée est de capter une clientèle urbaine, déjà bancarisée, mais à la recherche d’une meilleure qualité de service et de plus de souplesse et d’efficacité dans la relation avec son banquier. 

Un pari que CFG Bank semble avoir gagné avec une offre innovante, digitalisée au maximum. Les agences CFG Bank ne dépassent pas les 16 points, avec 70 GAB. Mais si les agences ferment à 19h, les GAB prennent le relais 24h/24, car conçus en « mini-agences » permettant le traitement de tous les services courants : dépôts de chèques, virements, mises à disposition de cash, changement de code…

"80% des opérations courantes sont réalisées par mobile"

Mais le must reste l’appli mobile. Cette banque dans la poche est plébiscitée par les clients selon les chiffres avancés par le management : « 80% des opérations sont réalisées par le canal digital. Et 50% de nos clients sont 100% digitaux. Un client se connecte en moyenne un jour sur deux sur l’appli mobile », énumère Souad Benbachir.

Blocage et déblocage de carte, opposition de carte et de chéquier, modification du plafond de retrait, paiement de factures et d’impôts, recalcul du code pin de la carte, prise de rdv avec son chargé de compte, échange avec son conseiller par messagerie sécurisée, consultation des relevés, suivi des dépenses par rubrique, envoi de virements, suivi de la situation de ses crédits et des tableaux d’amortissement, visualisation des chèques émis ou encaissés… L’appli permet tout ce qu’on a l’habitude faire en agence, le déplacement et les longues files d’attente en moins. Avec en bonus la possibilité de faire des virements instantanés entre comptes CFG, et de déposer ses chèques à l’encaissement en les scannant via son mobile. 

Une option disponible depuis quelques semaines et qui sera élargie dans un premier temps aux chèques CIH, qui a déjà lancé un partenariat avec CFG Bank sur les virements. « Nous espérons à terme que la compensation des virements et des chèques soit faite en instantané entre toutes les banques. Bank Al-Maghrib travaille d’ailleurs sur ce projet », précise Souad Benbachir. 

Autre nouveauté annoncée pour 2019 : la digitalisation de la dotation en devise. « Le client pourra tout faire à travers l’appli mobile. En scannant son passeport, il pourra activer la dotation, en fixer le montant, alimenter sa carte à sa guise, consulter son solde en devise à tout moment… » . Un service qui sera disponible dans les prochains jours, selon la direction générale de CFG Bank. 

« L’innovation chez nous commence dès le premier contact en agence. Quand vous ouvrez votre compte, vous partez avec votre chéquier et votre carte qui sont imprimés en agence. L’appli mobile est installée immédiatement, le code de la carte est généré automatiquement, et vous pouvez en sortant de chez nous effectuer vos premières opérations. L’ouverture d’un compte et l’équipement du client pouvait prendre 3 semaines. Aujourd’hui, ca ne dépasse pas 45 minutes », se réjouit Souad Benachir.

La Bourse, pas pour maintenant

Interrogée sur la possibilité d’une IPO, Souad Benbachir dit que cela est un des « rêves » des associés-fondateurs. « Il serait fou qu’on vous dise non. CFG est avant tout une aventure entrepreneuriale. Et on compte bien apporter en Bourse le fruit de tout ce travail. Mais cela ne peut se faire qu’à l’issue de la première phase du business plan (2020, ndlr) ».

Détenu au départ par les fondateurs et dirigeants de la banque, aux côtés de RMA Watanya et d’AXA Assurances Maroc, le capital a été ouvert à deux reprises ces trois dernières années par voie d’augmentation de capital. 

Deux opérations de 300 millions de dirhams ont été effectuées pour financer le lancement et le développement de la banque universelle. Des ouvertures qui ont permis l’entrée d’institutionnels comme la CIMR, Saham Assurance, BMCE Bank Of Africa, des groupes industriels marocains, ainsi que deux fonds d’investissement en capital risque gérés par Amethis et Africinvest

Deux fonds qui devront opérer leur sortie dans deux ou trois années au maximum. L’occasion peut être d’une sortie par la voie royale : celle de la Bourse.

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