Qui est Carthage Cement, la cimenterie tunisienne convoitée par Anas Sefrioui ?

Sara El Hanafi | Le 19/3/2018 à 11:23

A la lecture de ses chiffres, la société semble pâtir de multiples déboires financiers. Son éventuel acquéreur aura du pain sur la planche pour la remettre sur les rails, et Anas Sefrioui pourrait bien être l'homme parfait pour la besogne.

L’homme d’affaires marocain Anas Sefrioui est en lice pour l’acquisition d'une participation majeure dans le numéro 2 de la cimenterie en Tunisie, Carthage Cement; et ce à travers sa holding Omnium des industries et de la promotion. Celle-ci a déposé, avec quatre autres candidats, des offres de pré-qualification pour l'acquisition de 50,52%  de la cimenterie tunisienne.

Le vendeur n'est autre qu'Al Karama Holding, une holding de l'Etat tunisien créée suite à la révolution de 2011 afin de regrouper tous les biens saisis de l'ancien système, soit plus de 50 sociétés opérant dans diverses activités, dont Carthage Cement. Nommée également Ciments de Carthage, ce bijou a été la propriété de Belhassan Trabelsi, beau frère du président déchu Zine El Abidine Benali.

Al Karama Holding a été créée par un banquier que les Marocains connaissent bien: Jaloul Ayed. Celui-ci avait été nommé ministre des Finances peu de temps après la révolution. Il a regroupé les différents biens saisis dans une holding et a eu à un certain moment l'ambition de la faire coter à la Bourse de Tunis en distribuant des actions gratuites à chaque Tunisien. Cette intéressante idée n'a pas été concrétisée par le pouvoir politique.

Carthage Cement a été fondée en 2008, et a été introduite à la bourse de Tunis en 2010. La société estime sa capacité de production installée à 12.800 tonnes/jour de granulats; 2.600 m3/jour de bétons prêts à l'emploi, et 6.800 tonnes/jour de ciment.

A fin 2017, la société a réalisé un chiffre d'affaires hors TVA de 172,9 MTND (millions de dinars tunisiens), soit l'équivalent de 662,3 MDH. Un chiffre d'affaires en retrait de 12% par rapport à 2016.

Une régression que Carthage Cement attribue principalement à la baisse de son activité Ciments: "L'activité du secteur cimentier en Tunisie s'est caractérisée par une régression en 2017 comparée à 2016, notamment par la chute vertigineuse des exportations vers l'Algérie (-79%)", explique la société dans un communiqué.

"Carthage Cement, tout en ayant préservé sa part de marché et son positionnement de leader sur le marché local, n'a pas été épargné et le chiffre d'affaires a enregistré une baisse de 2% sur le marché local, et -80% sur le marché export", ajoute le communiqué. On peut comprendre que l'Algérie est le premier marché à l'export de la société.

En termes de résultats, Carthage Cement semble cumuler les pertes (tableau ci-après). Qui plus est, les derniers états de synthèse disponibles, au titre de l'année 2016, révèlent un déficit en régression mais toujours aussi conséquent: Près de 46 MTDN, soit plus de 176,2 MDH.
Des sources proches de cette entreprise nous ont confié que décidément, l'Etat ne sait pas gérer. En d'autres termes, la baisse des résultats est attribuable selon ces sources, à une mauvaise gestion.

Source: ilboursa.com

D'une autre part, Carthage Cement présente un endettement important, qui a par ailleurs progressé de 2% entre 2017 et 2016, pour se situer à 525 MTND, soit plus de 2 MMDH.

Un endettement qui a capté l'attention des commissaires aux comptes en 2016 déjà, puisque dans leur rapport portant sur le même exercice, ils indiquent que: "la Société [Carthage Cement, ndlr.] connaît actuellement des difficultés de trésorerie et d’exploitation, et n’arrive pas à honorer tous ses engagements envers les institutions financières et les autres tiers (notamment l’administration fiscale et la sécurité sociale)".

Ils ajoutent: "Le management de la Société nous a confirmé que certaines actions ont été déjà entreprises dont notamment une demande de rééchelonnement des dettes bancaires et des dettes envers l’administration fiscale et la sécurité sociale.Compte tenu de l’avancement des discussions, il estime que des accords de restructuration des dettes financières et des dettes envers l’administration fiscale et la sécurité sociale seront probablement conclus dans les prochains jours".

Mais depuis 2016, rien n'indique que Carthage Cement a effectivement engagé un plan de restructuration pour ses dettes. Ses indicateurs de performance n'aident pas, surtout que les commissaires aux comptes avaient également indiqué que "sa capacité de remboursement des engagements est tributaire aussi de l’amélioration de ses performances et notamment les ventes à l’export pour lequel un plan de relance a été préparé par le management".

A la lecture des chiffres donc, Carthage Cement ne semble pas vraiment être une bonne affaire, bien que le coût de l'achat de ses parts mises en vente ne soit pas encore dévoilé. Ce qui est sûr, c'est que son acquisition implique un lourd travail pour la remettre sur les rails. Anas Sefrioui pourrait bien être l'homme parfait pour la besogne.

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