Forum. Le paiement électronique ne décolle toujours pas au Maroc
Le Maroc demeure un pays centré sur le cash, selon des experts intervenus dans la septième édition du Forum du paiement électronique en Afrique, tenue ce 11 avril à Casablanca. Sur la population urbaine marocaine disposant d'un compte bancaire, seuls 29,2% diposent d’une carte de débit. Et 12,6% seulement de ceux équipés d'une carte l'ont utilisé l'année dernière pour des opérations de paiement.
"Il n’y a pas une ère plus intéressante pour l’industrie des paiements électroniques que celle que nous traversons maintenant", a indiqué, avec enthousiasme, Ahmed Gaber, Directeur Général de Visa Maghreb, lors de l'ouverture de la septième édition du Forum du paiement électronique en Afrique tenue ce 11 avril à Casablanca, autour de la thématique "Les leviers du paiement électronique à l’heure du Digital Banking et des Fintechs".
"Les choses changent tellement vite et cela nous pose énormément de défis. Même chez Visa, nous sommes encore à un stade d’apprentissage", a-t-il ajouté.
Le DG de Visa Maghreb, ainsi que divers intervenants du Forum, ont mis en avant les différents avantages qu’offrent les paiements électroniques déjà en utilisation ainsi que ceux qu'offriront les technologies du futur. Ils avancent qu'une meilleure pénétration des paiements électroniques dans un pays peut améliorer son PIB et bonifier les chiffres de l’inclusion financière.
Ils expliquent également comment les paiements électroniques contribuent à réduireles paiements en cash et l’économie informelle, avec à l’appui des exemples de pays où la pénétration des paiements électroniques est corrélée à la taille de l’économie informelle.
Mais la situation est bien différente au Maroc, pays caractérisé par un accès faible aux services financiers, avec une moyenne de 46,7% de population urbaine qui dispose d’un compte bancaire, et une moyenne de 29,2% de la même population qui dispose d’une carte de débit, selon les statistiques de Visa.
Par ailleurs, seulement 12,6% de cette population a effectivement utilisé ses cartes de débit l’année dernière pour des paiements, et moins de 5% en moyenne a utilisé d’autres formes de paiements digitaux.
Selon les statistiques du Centre monétique interbancaire (CMI), les cartes sont utilisées à 91% exclusivement pour des retraits GAB, et seulement à 9% pour des paiements électroniques : " Ce sont donc 12 millions de cartes qui sont inactives en paiement", relève Mikael Naciri, Directeur Général du CMI.
Par ailleurs, la faiblesse des infrastructures de paiements digitaux est également mise en exergue, avec par exemple seulement 27 guichets automatiques bancaires pour 100.000 résidents.
D’une autre part, le DG de Visa Maghreb a indiqué que la contribution de l’utilisation des cartes de paiement dans le PIB du pays n’a pas dépassé les 0,04% en moyenne entre 2011 et 2015, et que les emplois de l’industrie des paiements ont affiché une moyenne de 4 010 emplois sur la même période.
Mais face à la crainte de la montée des paiements électroniques portés par des opérateurs non bancaires, les banques préparent également leur offensive: "Le modèle de la banque classique est remis en cause, c’est pour cela que nous avons des chantiers dans le domaine de la Fintech et de la banque digitale à l’étude afin de créer un système intégré", a affirmé pour sa part El Hadi Chaibainou, Directeur général du Groupement Professionnel des Banques Marocaines.
Il faut dire qu'avec la prédominance du cash qui caractérise le marché marocain, le gâteau est assez grand pour qu'il soit convoité par différents acteurs...
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