Balima. Les croustillantes révélations de Jacqueline Mathias
Cotée en Bourse depuis 1946, la valeur est illiquide. Son management n’a jamais communiqué, et les professionnels du marché ignorent tout sur son activité. PDG de la société, Jacqueline Mathias brise aujourd’hui ce mur du silence en accordant une longue interview à Médias 24. Digest.
Balima a été reléguée aux oubliettes. Depuis sa première cotation en 1946, le titre a peu bougé. Jusqu’au 31 décembre 2018 : un gros paquet d’actions de la société est acquis par le fonds Argan Invest du groupe FinanceCom. Montant de la transaction : 40 millions de dirhams. Une première depuis au moins 20 ans...
Une transaction curieuse qui n’est en réalité qu’un simple reclassement d’actifs réalisé au sein du groupe de Othman Benjelloun, qui détenait déjà 22,3% d’actions Balima à travers la société financière du crédit du Maghreb (SFCM). Une information que le marché ignorait.
La gestion de Balima a été toujours du ressort de la famille Mathias, qui en détient 29,5% du capital. C’est d’ailleurs le père de l’actuelle PDG qui a fondé la société en 1928. Et Jacqueline Mathias espère justement que l’affaire reste dans la famille. « Je souhaite que le groupe Balima reste familial avec mes fils qui prendront la relève », confie-t-elle à Médias 24.
Trésor immobilier
Propriétaire du mythique hôtel Balima et de plusieurs immeubles classés dans le centre ville de la capitale (de la gare Rabat Ville à Bank Al Maghrib, avenue Mohammed V), la société possède un véritable trésor immobilier, mais qui ne rapporte pas gros pour l’instant.
Le chiffre d’affaires de Balima est resté stable depuis 2015 autour de 44 millions de dirhams. Ses bénéfices atteignent à peine les 10 millions de dirhams. Une situation que la PDG de la société explique par la stagnation du marché de l’immobilier. Mais aussi par le fait qu’une bonne partie des biens est louée à des prix dérisoires. « Nous avons des appartements de plus de 100 mètres carrés loués à moins de 1.000 dirhams par mois à des personnes ou leurs descendants qui y habitent depuis des décennies », explique la PDG.
Une situation qui la désole : « la location est régie par une loi récente qui prévoit pour les loyers d’habitation une hausse tous les 3 ans de 8% et pour les baux commerciaux et professionnels de 10%. Non seulement le rythme est lent mais, en plus, avant d’obtenir d’un locataire une augmentation pourtant légale, c’est une bataille, loin d’être gagnée à l’avance, qui se livre ».
Balima, ce titre obligataire
Pourquoi l’action est illiquide sur le marché boursier ? « Tout simplement parce que les détenteurs des actions Balima préfèrent garder leurs titres qui sont des valeurs sûres et refuges. En fait, je pense qu’ils considèrent ce titre comme une obligation. Pour eux, c’est du solide parce que c’est de la pierre et in fine c’est le cœur de Rabat qu’ils possèdent », répond Jacqueline Mathias.
Les variations du cours, ce n'est donc cela qui les intéressent, du moment que la valeur pond du rendement régulier. Son dividend yield est d'ailleurs un des plus élevé de la place : un taux de 4,29% en 2017 !
La PDG de la société espère toutefois que cette situation d’iliquidité change. Elle confie par exemple qu’elle aurait apprécié que le groupe FinanceCom mette ses actions sur le marché, au lieu de les reclasser dans le fonds Argan.
« Nous aurions souhaité que des actionnaires vendent leurs titres pour animer le marché (…) Je ne vous cache pas qu’on espère toujours que quelqu’un finira par vendre », lance-t-elle.
Pourquoi alors n’avoir jamais donné de conférence de presse ou d’interview aux médias, un passage presque obligé pour toute société cotée en Bourse ? « C’est sûrement de famille car mon père, fondateur du groupe, détestait la publicité », répond en toute franchise Mme Mathias.
Lire l’intégralité de l’interview où la PDG de Balima revient sur l’histoire et l’actualité de Balima, une des valeurs seniors de la Bourse de Casablanca.
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