L’économie marocaine crée des emplois précaires pour les jeunes
En 2018, plus de 317.000 travailleurs ont été déclarés pour la première fois à la CNSS. 80% ont moins de 34 ans. 65% perçoivent moins que le SMIG et 52% ont été déclarés au plus 3 mois pendant l’année.
L’économie marocaine crée des emplois précaires pour les jeunes
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Souhail Nhaili
Le 9 août 2019 à 11h34
Modifié 11 avril 2021 à 2h43En 2018, plus de 317.000 travailleurs ont été déclarés pour la première fois à la CNSS. 80% ont moins de 34 ans. 65% perçoivent moins que le SMIG et 52% ont été déclarés au plus 3 mois pendant l’année.
Les 70.000 ex-contractuels devenus cadres des Académies régionales d’éducation et de formation, qui protestaient pour intégrer la fonction publique, doivent s’estimer heureux. Etre fonctionnaire de l’Administration comporte certes quelques avantages en plus, mais le statut des académies, au même titre que le travail dans le secteur public de manière générale, offre des conditions matérielles beaucoup plus avantageuses que le travail dans le secteur privé, même structuré.
Le dernier rapport démographique de la CNSS, validé lors de son dernier conseil d’administration, dresse un tableau choquant. La majorité des emplois créés par l’économie nationale sont précaires.
L'âge moyen des primo-déclarés à la CNSS est de 28,7 ans
En 2018, les nouvelles déclarations à la CNSS ont concerné 525.289 travailleurs, dont 208.201 personnes qui ont déjà été déclarées au moins une fois dans leur vie à la caisse.
Le nombre de ceux qui ont été déclarés pour la première fois, que l’on appelle les primo-déclarés, atteint donc 317.088 personnes.
Les nouvelles déclarations ne correspondent pas à des créations nettes d’emplois dans le secteur privé formel. Car à côté, il y a beaucoup de sorties (départs à la retraite, licenciements, démissions…). L’effectif déclaré à la CNSS n’a crû que de 90.000 personnes en 2018 (3,47 millions de salariés).
Tous les primo-déclarés n’arrivent pas forcément sur le marché du travail pour la première fois. Certaines auraient pu exercer une activité dans le secteur public, dans l’informel ou à l’étranger. Mais l’on peut dire que la majorité de ces déclarations correspondent à des premiers emplois, compte tenu de l’âge des primo-déclarés en 2018 et de l’ampleur du chômage des primo-demandeurs d’emplois qui représentent 6 chômeurs sur 10.
En effet, 46% des primo-déclarés ont moins de 24 ans, 71% moins de 29 ans et 81% moins de 34 ans. Leur âge moyen s’établit à 28,7 ans.
Ces nouveaux travailleurs formels dans le privé sont à 60% des hommes, le nombre de femmes totalisant 128.788 nouvelles déclarations.
35% d’entre eux travaillent à Casablanca, 14% à Agadir, 11% à Tanger-Tétouan, 10% à Rabat-Salé, 8% à Fès-Meknès, 7% à Marrakech, 6% à Kénitra et 3% à l’Oriental.
Les services sont le premier secteur d’activité de ces primo-déclarés avec 28%, suivi de l’agriculture (18%), de l’industrie (14%), de la construction et du commerce (13% chacun).
Un salaire moyen de 3.029 DH
La précarité de l’emploi est visible à travers deux indicateurs : le salaire et la période de déclaration.
65% des primo-déclarés ont reçu des salaires inférieurs au SMIG mensuel durant l’année 2018, soit moins de 2.570 DH. Seuls 5% ont perçu des salaires mensuels supérieurs à 6.000 DH.
Le salaire moyen des nouveaux entrants à la CNSS est de 3.029 DH (2.680 DH pour les femmes et 3.245 DH pour les hommes), soit à peine 58% du salaire moyen de l’ensemble des déclarés à la CNSS et 40% de ce que perçoivent en moyenne les fonctionnaires de l’Etat.
De plus, plus de la moitié (52%) des nouveaux travailleurs ont été déclarés au plus 3 mois au cours de l’année. Seuls 3% ont totalisé 12 mois de déclarations.
Le défi de l’économie marocaine n’est pas seulement de créer des emplois suffisants en quantité, mais également des emplois décents.
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