Assurances : le secteur doit se moderniser pour faire face aux incertitudes grandissantes

| Le 17/4/2024 à 15:12
À l'occasion de la 10e édition du Rendez-vous de Casablanca de l’Assurance ce 17 avril, les chamboulements du secteur dans un monde incertain étaient au centre du débat. Le président de la Fédération marocaine de l'assurance, Mohamed Hassan Bensalah, et la ministre de l'Économie, Nadia Fettah, ont évoqué l'impact de cette incertitude globale sur le secteur, et comment s'y adapter.

Le monde des assurances fait face à de nouveaux et nombreux challenges dans un monde de plus en plus en proie aux risques et aux incertitudes. C’est le constat dressé par les différents intervenants du secteur lors de la cérémonie d’ouverture de la 10e édition du Rendez-vous de Casablanca de l’Assurance.

C’est aussi la thématique de cette édition : "Quelle assurance dans un monde d’incertitudes ?"

Pour les différents intervenants, le secteur a été chahuté depuis de nombreuses années par les crises successives, et il est probable qu’il le soit encore étant donné "l’incertitude du monde dans lequel nous vivons", rappelle Mohamed Hassan Bensalah, président de la Fédération marocaine de l'assurance (FMA).

Un secteur qui fait face à l’émergence de nouveaux risques

Pour le président de la FMA, au-delà des risques, c’est bien la hausse de l’incertitude dans le monde qui met à rude épreuve l’industrie des assurances.

De plus, les produits d’assurances se démultiplient et viennent répondre à des besoins de plus en plus pointus. "De nos jours, des personnes assurent leur image sur les réseaux sociaux ; les cyberattaques sur les objets connectés sont aujourd’hui assurées. Nos sociétés évoluent et nous devons accompagner leur évolution, mais les changements sont rapides et inattendus. D’après de nombreux experts, réduire les incertitudes et maîtriser les risques sont les enjeux mondiaux du XXIe siècle. Le dernier rapport du World Economic Forum dresse un bilan pessimiste sur l’évolution des risques mondiaux pour les deux prochaines années".

Entre les risques liés au climat, à la désinformation et même à l’IA, le secteur fait face à de nombreux défis. Ces risques peuvent infliger des dégâts économiques et sociétaux importants. "Une cyberattaque peut coûter des centaines de millions d’euros à une grande entreprise. D’après un rapport du FMI, l’ampleur des pertes liées à cette menace a plus que quadruplé depuis 2017, dépassant les 2,5 milliards de dollars", précise Mohamed Hassan Bensalah.

Le monde d’aujourd’hui fait face à des bouleversements inédits. Pour le président de la FMA, ce monde n’a jamais eu autant besoin d’assurance, et le secteur se doit d’adopter une vision prospective. "Les défis sont des sources d’opportunités. Il faut partager les expériences, une plus grande mutualisation des risques au niveau mondial et le soutien des réassureurs".

Élargir le nombre d’assurés au Maroc

Le secteur, notamment au Maroc, fait face à de nombreux défis. "Sur notre marché domestique, le défi qui nous anime est l’élargissement de la couverture au plus grand nombre. Avec un taux de couverture de 4%, nous faisons mieux que la plupart des pays africains et arabes, mais notre marge de progrès est très grande. Il faut être plus créatif et inclusif", poursuit Bensalah.

Il souligne d’ailleurs que le séisme d’Al Haouz a permis de tirer des leçons, dont certaines plaident en faveur de l’obligation de certaines couvertures multirisques, notamment 'Habitation'. Il a également informé que concernant le système de distribution des produits d’assurance, "la refonte du Livre 4 du Code des assurances est bien avancée et devrait donner lieu à une réforme significative".

Également conviée à l’événement, la ministre de l’Économie et des finances, Nadia Fettah, a évoqué les risques du secteur et a dévoilé plusieurs leviers à utiliser pour améliorer son efficacité dans un monde en mutation.

4 leviers prioritaires pour faire face à cette multiplication des risques

Le secteur requiert des acteurs du secteur une approche plus innovante et une démarche proactive. Pour ce faire, la ministre a partagé quatre leviers prioritaires.

Le premier consiste "à repenser les mécanismes d’inclusion pour répondre aux plus vulnérables. Les évolutions récentes montrent le besoin de renforcer cette ambition pour couvrir les populations nombreuses avec des besoins plus complexes". Le ministère, avec les parties prenantes, est d’ailleurs en train de développer une nouvelle feuille de route dans le cadre de la stratégie nationale d’inclusion financière.

Le second levier annoncé consiste à renforcer les investissements responsables à fort impact socio-économique. Les assureurs sont en effet parmi les grands financeurs de l’économie du pays et doivent poursuivre leurs investissements dans les financements de projet d’utilité publique, écologique, etc.

Le troisième levier a trait aux partenariats public-privé pour couvrir les risques extrêmes que le secteur seul ne pourra pas prendre en charge. "Au cours des dernières années, le Maroc a connu une grande sécheresse qui a pesé sur la croissance et a fragilisé le monde rural. Dans ce cadre, une commission interministérielle a été créée pour mener des réflexions concernant la mise en place d’approches adaptées et le développement d’outils assurantiels contre la sécheresse", explique-t-elle.

Enfin, le dernier levier vise à repousser les limites de l’assurabilité par une gouvernance holistique des risques. "Dans le contexte de risques émergents et systémiques, les approches de cette gouvernance doivent être repensées", conclut-elle. L’innovation technologique permettrait ainsi une meilleure appréhension et une anticipation des risques.

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