Stabilité financière : Le Maroc a fait preuve de résilience ces dernières années (BAM)
Dans un document de recherche de Bank Al Maghrib, un nouvel indice de stabilité financière est présenté. Il inclut la dimension de risque systémique pour mieux anticiper les tensions financières sur le secteur bancaire à court terme. D’après cet indice, sur la période 2007-2018, le Maroc démontre une bonne stabilité.
Un document de travail portant sur un nouvel indice agrégé de stabilité financière (IASF) a été publié par Bank Al Maghrib le 5 janvier. Ce nouvel indice normalisé entre 0 et 1 est calqué sur celui développé par Bank Al Maghrib depuis 2018 mais inclut en plus le risque systémique. Le document de recherche en question traite de l’évaluation du risque systémique du secteur bancaire national qui représente 86% du total actif du système financier. Plus que jamais ce dernier est à risque à cause de la pandémie.
Comme l'explique le document, « un grand nombre d’entreprises sont en train de subir de lourdes pertes et des faillites en chaîne ne sont pas à exclure en cas de persistance de la pandémie dans le temps, ce qui n’est pas sans conséquence sur la solidité des bilans bancaires ». Les répercussions de ces effets pourraient être très rudes pour les institutions bancaires. « D’après le rapport de la stabilité financière dans le monde du Fonds Monétaire International (FMI), une intensification de la crise pourrait porter atteinte à la stabilité financière à l’échelle mondiale. Dès lors, un système financier solide, associé à un système bancaire bien capitalisé sont nécessaires pour absorber les différents chocs, accompagner l’économie quand elle fait face à des crises majeures et préserver ainsi la stabilité financière » poursuit Bank Al Maghrib. D'où la nécessité d'avoir un bon suivi de la stabilité financière nationale et de développer un indice de mesure performant.
Un risque systémique limité
Les résultats empiriques de l’étude sur la période 2007-2018 démontrent que sur cet intervalle de temps, le système bancaire marocain est globalement résilient. Pour l’évaluation du risque systémique, la recherche annonce se baser sur deux critères : « Le MES (Marginal Expected Shortfall), qui mesure la perte attendue en termes de rendement d'une institution financière lorsque le marché financier est en situation de détresse, et le SRISK qui mesure la perte en capital d'une institution financière lors d’une crise systémique »
Concernant les cinq plus grandes capitalisations boursières bancaires marocaines (Attijariwafa Bank, Bank of Africa, BCP, Crédit du Maroc et CIH), la recherche met en exergue le fait que sur la période 2007-2018, « les deux indicateurs montrent que le secteur bancaire marocain reste généralement résiliant face à un scénario de détérioration important subi dans le marché financier ». Ce qui signifie qu’avec les chocs vécus sur la période, les rendements des banques n’ont été que peu altérés et les pertes en capital, limitées.
Source: Document de travail, Indice agrégé de stabilité financière au Maroc, Bank Al Maghrib
On note que la principale période de stress captée par les deux indicateurs sont celles liées à la crise des « subprimes » fin 2008.
Une stabilité financière confirmée par le IASF
L’objectif de cet indice est de suivre les risques financiers potentiels qu’encours le Maroc en temps de crise et de permettre la détection des vulnérabilités. En effet, la stabilité financière est une des grandes préoccupations des banques centrales et des autorités de surveillance pour anticiper les périodes de tensions et adapter les politiques prudentielles. « La construction d’un IASF représente une des techniques les plus utilisées, pour fournir une analyse globale de la stabilité d’un système financier » explique le document de recherche.
L’IASF comprend 5 sous-indices dont le risque systémique. En détail, le document de recherche explique, « l’indice agrégé est calculé comme une moyenne pondérée de 25 indicateurs macroéconomiques et financiers, classés en cinq sous-indices : le développement macroéconomique, le développement financier, la vulnérabilité bancaire, la vulnérabilité du secteur non financier et le risque systémique » explique le document.
L’indice agrégé lui-même démontre la résilience du système financier. « L’évolution contenue de l’IAFS pour le Maroc, confirme que le système financier marocain a fait preuve d’une résilience avérée durant ces dernières années. Néanmoins, l’indice détecte une période de turbulence financière modérée dans les sillages de la crise des ‘subprimes’ entre 2008 et 2009, ainsi qu’un épisode de tension contenue entre 2012-2013 » explique le document.
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