La conjoncture actuelle est propice pour le développement des Partenariats publics-privés (experts)

M. Ett. | Le 10/12/2020 à 16:54

La thématique du Partenariat public-privé comme levier de relance a été soulevée lors du webinaire organisé par BMCE Capital, mercredi 9 décembre. Avec la crise actuelle, le développement de ce type de partenariat s’avère primordial afin de répondre aux besoins d’investissements du royaume.

Face à la crise actuelle liée à la pandémie du Covid-19, les besoins d’investissement du royaume deviennent très importants. Les partenariats publics-privés pour les financer sont encore plus nécessaires qu'auparavant, qui plus est dans un contexte de dégradation des finances publiques.

Dans ce cadre, BMCE Capital, Pôle Banque d’Affaires de Bank of Africa, a organisé un webinaire, mercredi 9 décembre, autour de la thématique : « Les partenariats publics-privés (PPP) au Maroc, un levier de relance économique et une opportunité pour les secteurs publics et privés ? ».

Avant d’évoquer le rôle de ce type de partenariat dans la relance économique, spécialement dans le contexte actuel, il importe de revenir sur le développement qu’a connu le PPP au Maroc.

Il faut savoir qu’avant que le domaine des PPP soit encadré par une loi, plusieurs projets de partenariat public-privé ont été menés. Prenant part à ce webinaire, Najat Saher, Adjoint au Directeur au sein de la Direction des Entreprises Publiques et de la Privatisation - Ministère de l’Economie, des Finances et de la Réforme de l’Administration, a tenu à rappeler que « Plusieurs projets ont été réalisés au Maroc depuis plusieurs décennies impliquant un partenariat entre public et privé mais sous différentes formes et dans différents cadres, notamment les marchés classiques, les concessions, la gestion déléguée, etc. Ils ont porté sur différents secteurs, notamment le transport, l’énergie, l’irrigation et la distribution ».

« Deux projets ont été lancés dans le cadre de la loi 86-12 sur les contrats PPP. On a un projet de mise en gestion de service d’eau d’irrigation de 5.000 hectares par dessalement de l’eau de mer à Dakhla et nous avons aussi la mise en place d’une unité pharmaceutique de production de sérums et de vaccin et de produits biologiques, initié par l’institut Pasteur marocain et qui va être réalisé dans le cadre d’un PPP », continue-t-elle.

Le projet El Guerdane reste un cas d’école. « Si je dois parler d’un projet emblématique avant l’entrée en vigueur de ces contrats PPP, il faut citer le projet El Guerdane qui porte sur le domaine de l’irrigation. Ce projet constitue une première au niveau mondial. Il est considéré comme un cas d’école. Ses retombés ont été très positives au niveau de la consistance du projet portant sur 10.000 hectares, ce qui a permis d’apporter une ressource en eau superficielle. Grace à ce projet, on a pu limiter la surexploitation des ressources souterraines par l’économie de 76 millions de m² par an. On a pu fédéraliser et augmenter la production des agrumes de 200.000 tonnes, sans parler des emplois qui ont été créés », souligne-t-elle.

 

Mais, il faut dire qu’avec l’ancienne loi, entrée en vigueur en 2015, il n’y a pas eu un véritable décollage du PPP.

Soutenir le secteur bancaire afin d’accélérer le développement des PPP 

Afin d’accélérer le développement des PPP au Maroc, Ali Skandre, Membre du Directoire de BMCE Capital Conseil, estime qu’il faut d’abord effectuer un énorme travail de vulgarisation.

« Un travail de vulgarisation des PPP doit être fait, notamment dans le cadre de la nouvelle loi qui est en cours de mise en place puisqu’elle s’ouvre les PPP à de nouveaux acteurs publics qui ne sont pas forcément au courant qu’ils ont à leur disposition ces outils pour financer et mettre en œuvre des infrastructures. Dans l’administration publique, il y a des ministères qui sont vraiment à la pointe des PPP et qui les utilisent d’une manière très récurrente et d’autres qui n’y pensent pas, pour différentes raisons. Il faut donc les amener à réfléchir à des outils alternatifs pour développer les infrastructures », explique-t-il.

L’importance du secteur bancaire dans le développement de l’écosystème des PPP a été soulignée. Mais les intervenants trouvent que ce secteur doit être soutenu davantage pour qu’il puisse continuer à financer différents de projets.

« Ce secteur [bancaire, ndlr] a toujours répondu présent quand il fallait financer des projets d’infrastructures d’intérêt stratégiques et nationaux. Mais, sur des projets qui sont un peu « moins visibles », le secteur bancaire doit s'impliquer davantage. Pour cela, il faut qu’il y ait un cadre contractuel et de garantie pour l'inciter à financer les projets. Lorsqu’il s'agit d'un projet avec une collectivité locale, c’est difficile pour le secteur bancaire qui ne maitrise pas encore les risques liés à ce type de projets de prêter à ce type de contrepartie. Donc, il a besoin d’un support, que ça soit une garantie de l’Etat ou autre ». 

«Il faut un appui solide de la part des différents ministères et du soutien financier, organisationnel ou portant sur la gouvernance et la de mise en place d'appels d’offres et une sélection d’opérateurs. La partie conseil et négociation est également très importante pour que le PPP soit bien ficelé ». Ce sont autant d’éléments qui vont permettre au PPP de connaître un nouvel essor, d’après lui.

Accompagner les besoins d’investissements du royaume 

L’accélération du développement des PPP devient primordiale dans le contexte actuel, marqué par une forte crise économique et nécessitant d’importants efforts d’investissement. La conjoncture actuelle est donc propice pour le développement de ce type de partenariat. 

Najat Saher a indiqué que « Les établissements publics réalisent aujourd’hui 70 milliards de DH d’investissements par an. Et dans le contexte actuel marqué par la pandémie du Covid-19, on a besoin de l’accompagnement du privé », insiste-t-elle.

Et d’ajouter : « Le Maroc a mis en place les principaux leviers du plan de relance global qui consiste en la massification des investissements publics afin de réactiver l’économie. Sa Majesté le Roi Mohammed VI a initié un plan ambitieux de relance économique pour permettre aux secteurs productifs de se remettre de la crise et d’accroitre leur capacité de création d’emplois et à préserver les sources de revenus en mobilisant tous les moyens disponibles en matière de financement. Dans ce cas, et dans le cadre du fonds Mohammed VI, 120 milliards de DH seront injectés dans l’économie nationale, soit l’équivalent de 11% du PIB, ce qui inscrit le Maroc parmi les pays les plus ambitieux en matière de plans de relance post-crise ». 

Ces investissements devront être dirigés vers « l’agriculture, les énergies renouvelables, etc. Mais, je pense qu’avec les PPP, le challenge porte sur les projets sociaux. Ça sera donc la santé, l’éducation, le tourisme et aussi la digitalisation », soulève-t-elle en indiquant qu’ « on aura un programme visible triennal très bientôt ».

>>> Lire aussi : Fonds Mohammed VI : les premiers financements seront débloqués avant la fin de l'année

Finalement, relancer l’économie en misant sur le PPP ne dépend pas que du volet financement. « On a besoin du secteur privé pour son savoir-faire et son innovation également. Le PPP ce n’est pas juste une question de financement », observe-t-elle.

Vous avez un projet immobilier en vue ? Yakeey & Médias24 vous aident à le concrétiser!

Si vous voulez que l'information se rapproche de vous

Suivez la chaîne Médias24 sur WhatsApp
© Médias24. Toute reproduction interdite, sous quelque forme que ce soit, sauf autorisation écrite de la Société des Nouveaux Médias. Ce contenu est protégé par la loi et notamment loi 88-13 relative à la presse et l’édition ainsi que les lois 66.19 et 2-00 relatives aux droits d’auteur et droits voisins.
lire aussi
  • | Le 19/5/2024 à 10:14

    Immobilier. Arrondissement par arrondissement, voici les prix pratiqués à Casablanca en 2023

    Sidi Moumen, Hay Hassani, Aïn Chok, Maarif, Ain Sebaa ou Anfa,... L'immobilier d'un arrondissement à un autre change. Où se concentrent les ventes immobilières au sein du grand Casa en 2023 ? Comment se sont comportés les prix ? Les données exclusives fournies par notre partenaire Yakeey apportent la réponse.
  • | Le 17/5/2024 à 15:08

    CFG Bank : indicateurs en forte hausse à fin mars, RNPG 2024 attendu en hausse de 40% à 50%

    Le groupe affiche une forte hausse de ses indicateurs à tous les niveaux à fin mars. Le PNB progresse de 44%. Le RBE progresse à un rythme plus soutenu, du fait d'une bonne maîtrise des charges qui croissent moins vite que le PNB. Le RNPG 2024 du groupe devrait progresser entre 40% et 50%.
  • | Le 17/5/2024 à 14:00

    Disway : baisse de 9% du chiffre d’affaires à fin mars

    Le segment Volume a vu son chiffre d’affaires reculer de 11,6% du fait de retards de plusieurs projets, de la baisse de la demande sur plusieurs produits technologiques en raison de la hausse des droits de douanes et de la rupture de plusieurs segments de produits à cause des incidents en mer Rouge.
  • | Le 17/5/2024 à 10:38

    Crédit du Maroc : hausse de 16,5% du RNPG au 1er trimestre 2024

    Le groupe affiche une bonne tenue des crédits avec un encours en hausse de 7,1% à 53,2 MMDH. Le PNB progresse de 10% du fait de la bonne tenue des marges d’intérêts et sur commissions.
  • | Le 16/5/2024 à 15:53

    Oncorad : “D’ici début 2026, nous souhaitons tripler la valeur du groupe” (Redouane Semlali)

    Il y a un an, le groupe Oncorad annonçait une levée de fonds de 458 MDH auprès de CDG Invest Growth et STOA. Depuis, quels sont les changements structurels et les développements qui ont été menés ? Création de holdings, acquisition de foncier... Redouane Semlali, PDG et cofondateur du groupe, nous en dit plus.
  • | Le 15/5/2024 à 16:57

    BKGR anticipe une hausse de 13,4% de la capacité bénéficiaire de la cote cette année à 33,2 MMDH

    L’industrie devrait voir sa capacité bénéficiaire progresser de 15,6% à 17,7 MMDH. Les financières devraient enregistrer une croissance de 10,7% à 13,8 MMDH. La capacité bénéficiaire des assurances devrait s’apprécier en 2024 de 14% à 1,7 MMDH. La masse des dividendes en 2024 est également attendue en hausse de 6,3% à 21 MMDH.