Brexit: Les négociations d'un accord de continuité entre le Maroc et le Royaume-Uni à un stade avancé

Sara El Hanafi | Le 23/10/2019 à 15:47

Les autorités marocaines espèrent boucler un accord de continuité avec les autorités britanniques avant le 31 octobre, date butoir du Brexit. Le but étant d’assurer une continuité normale des relations commerciales entre les deux pays pour que celles-ci ne soient pas perturbées.

Les discussions entre le Royaume-Uni et le Maroc sur la continuité des échanges commerciaux et des relations économiques post-Brexit sont "à un stade avancé", a indiqué Jenny Pearce, Chef de la section politique au sein de l’Ambassade Britannique à Rabat, lors d'une rencontre sur le sujet organisée par la Chambre de Commerce Britannique à Casablanca ce 22 octobre.

"Il est très important qu'un accord de continuité soit bouclé avant le 31 octobre [date légale programmée pour le Brexit, ndlr.]. Le ministère marocain des Affaires Etrangères travaille d'arrache-pied pour aboutir à un accord avant cette date", a-t-elle ajouté.

Jenny Pearce n’exclut pas un Brexit assorti d'un no deal, qui serait chaotique pour les relations économiques entre l’Union Européenne et le Royaume-Uni, et précise que le gouvernement britannique "s’est préparé pendant des mois et des mois à cette probabilité". Mais concernant les relations bilatérales entre son pays et le Maroc, Mme. Pearce assure que le plus important, même dans le scénario d'un no deal, est d’assurer une continuité des relations commerciales entre les deux pays pour que celles-ci ne soient pas perturbées.

"Je peux vous assurer que le gouvernement marocain et l’ambassadeur britannique au Maroc travaillent étroitement sur ce sujet", a-t-elle souligné.

Mustapha Mourahib, Managing Partner au cabinet d'origine anglaise Clifford Chance, s'est montré pour sa part extrêmement rassurant quant aux éventuelles retombées du Brexit sur le Maroc : "Le Brexit est certes un cirque politique, mais derrière ce spectacle il y a toute une procédure interne", a-t-il lancé.

Notre interlocuteur explique que l’accord obtenu récemment par le Premier ministre britannique Boris Johnson vise à organiser la sortie de son pays de l’UE et ne représente pas la sortie en soi, tout en rappelant qu’une période transitoire est prévue jusqu’à fin 2020; durant laquelle le Royaume-Uni pourrait discuter avec des Etats tiers d’accords commerciaux qui entreront en vigueur une fois la sortie de l’UE effective.

"Nous avons donc du temps, et tout ce que le Royaume-Uni peut faire actuellement c'est de signer des accords de continuité, comme ce qui a été fait avec la Tunisie", ajoute M. Mourahib. La Tunisie a effectivement signé un accord de continuité avec le royaume européen, qui entrera en vigueur dès que l'accord d'association entre l'UE et la Tunisie cessera de s'appliquer au Royaume-Uni.

Garantir les conditions actuelles et pousser à les améliorer

Si divers opérateurs économiques s’interrogent sur les menaces du Brexit pour le Maroc, c’est que les flux commerciaux entre les deux royaumes ne sont pas négligeables.

En effet, le marché britannique est le septième client et le quinzième fournisseur du Maroc. Les échanges commerciaux entre les deux pays sont passés de près de 10 milliards de dirhams dans les années 2000 à 14 milliards de dirhams entre 2014 et 2016.

Sur la période 2017-2018, les exportations marocaines vers la Grande-Bretagne ont atteint 6 milliards de dirhams, alors que ses importations en provenance dudit pays se situaient à 10 milliards de dirhams.

Il faut également dire que le Maroc, disposant du statut de pays associé avec une Union Européenne comptant parmi ses Etats membres le Royaume-Uni, n’est pas sûr de voir une reconduction automatique de ce statut préférentiel auprès d’un Royaume-Uni post-Brexit.

L’enjeu est donc grand pour notre pays qui aspire à préserver ses acquis avec le royaume européen, en plus de ses intérêts commerciaux.

"La question qui se pose est quel serait le nouveau cadre juridique de nos échanges commerciaux avec le Royaume-Uni après le Brexit", a souligné pour sa part le politologue Mustapha Sehimi, en ajoutant qu'un nouveau cadre devrait non seulement garantir au Maroc les mêmes conditions actuelles relatives aux échanges commerciaux, mais pousser même à les améliorer.

"Il y a des pistes d’amélioration, notamment en termes des limitations qui nous sont imposées par Bruxelles sur un certain nombre de produits agricoles", explique M.Sehimi.

"D’autres pistes d’amélioration concernent celles évoquées par notre ministre de l’Agriculture, Aziz Akhannouch, lors de sa visite à Londres en 2018 afin de clarifier les conditions d’écoulement des exportations marocaines, notamment durant la phase transitoire du  Brexit", a-t-il ajouté.

Cela étant, des opérateurs économiques, dont Mohamed Raihani, Président de la Chambre de Commerce Britannique pour le Maroc, estiment qu’avec le Brexit, les anglais disposent d’une opportunité pour se repositionner en tant que nouvelle force économique et politique indépendante de l’UE.

Une force avec laquelle le Maroc doit impérativement approfondir ses liens : "Mais notre pays doit être agressif, car plusieurs autres pays, notamment africains, sont entrain de frapper à la porte des anglais à Londres", insiste Mohamed Raihani. Une note optimiste pour un clan qui voit en le Brexit une opportunité plutôt qu'une menace pour le Maroc.

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