Fintech. Pour Casa Finance City, le Maroc a encore du chemin à faire

Mouna Ettazy | Le 15/5/2019 à 16:30

Casablanca Finance City Authority et PwC viennent de livrer un rapport sur l'évolution des Fintech en Afrique. Selon cette étude, le Maroc semble bien préparé pour accompagner le développement de cette jeune industrie. Mais son écosystème évolue toutefois lentement, pointe le rapport.

 

Casablanca Finance City Authority vient de livrer, en partenariat avec PwC, un rapport sur l'essor des sociétés de Fintech en Afrique. 

Le rapport, dont Le Boursier détient copie, analyse l’évolution de cette nouvelle industrie dans le continent, pointe les obstacles qui l'empêche de propsérer et recommande des solutions pour en faire le fer de lance de l'inclusion financière des populations africaines. 

Pour le cas marocain, le rapport salue les efforts fournis par les institutions financières marocaines pour le développement de cet écosystème.

« Les institutions financières marocaines sont de plus en plus intéressées par les sociétés de Fintech, comme en témoignent plusieurs événements et initiatives tels que le « Fintech challenge » de la BCP, le « Smart Up Hackathon » d’AWB et le partenariat entre la Société Générale et CEED pour  « l'Open Tech Challenge » », peut-on lire sur le rapport.

Le rapport rappelle qu’en 2018, la technologie d'interopérabilité requise entre les banques et les établissements de paiement a été lancée au Maroc.

Il souligne ainsi que tous les éléments constitutifs pour le développement d’un véritable écosystème de la Fintech semblent être disponibles. Toutefois, « le rythme de mise en œuvre des initiatives annoncées reste lent ».

En face, des efforts notables sont également déployés pour faire adopter une loi facilitant l’activité des plateformes de financement participatif au Maroc (crowdfunding). 

Emmanuel Exposito, fondateur de Afineety, une plateforme de financement participatif, a déclaré que «le Maroc est le seul pays d'Afrique à avoir déposé un projet de loi visant la structuration juridique du financement participatif. Dans le monde entier, seuls 15 pays environ ont travaillé sur un projet de loi pour le financement participatif », souligne-t-il.

L’accès au capital au Maroc demeure toutefois un problème majeur pour les startups.

Le nombre de sociétés de capital-investissement qui financent la création des startups au Maroc est limité, relève le rapport.

Cependant, dans certains cas, certaines sociétés de capital-investissement, qui concentrent généralement leurs activités sur de gros acteurs, interviennent et investissent dans des petites start-up marocaines (exemple d'AfricInvest qui a investi dans Buzzkito alors qu’il intervient généralement sur des tickets plus gros). 

En termes de financement des startups, certaines banques marocaines manifestent un intérêt pour l’achat de sociétés Fintech et/ou une collaboration avec elles. A titre d’exemple, le rapport cite l’acquisition de la BCP de la startup sénégalaise Wizall.

Parmi les obstacles auxquels l’industrie de la Fintech fait face au Maroc, le rapport souligne que la plupart des incubateurs et des accélérateurs au Maroc ne sont pas spécifiquement axés sur les sociétés de Fintech, ils sont plutôt généralistes. 

Certaines pépinières sociales ont également été très actives dans l'écosystème des start-ups au Maroc, telles qu'Enactus, Espace Bidaya, DareInc et MCISE (Moroccan Center for Innovation and Social Entrepreneurship), mais encore une fois, peu de sociétés Fintech (axées sur l'inclusion financière) font partie de leurs portefeuilles. 

La Fintech gagne du terrain sur le continent africain

Le nombre des sociétés de Fintech a considérablement augmenté en Afrique, atteignant plus de 300 à la fin de 2017, selon le rapport.

La majorité des sociétés Fintech en Afrique mettent l’accent sur les solutions technologiques pour le secteur monétique, et cible principalement les populations non bancarisées. 

Les solutions de transfert de fonds et de paiement des opérateurs téléphoniques mobiles ont permis de faire sortir plusieurs personnes de la pauvreté en créant une véritable inclusion financière sur le continent. 

A titre d’exemple, la récente réglementation au Kenya sur l'interopérabilité entre les opérateurs de téléphonie mobile a fait passer le taux d'inclusion financière de 29% à 80%.

De plus, les taux de la pénétration bancaire qui sont relativement bas en Afrique représentent une opportunité pour les sociétés de la Fintech.

‘’En Afrique, une grande partie de la population reste non bancarisée malgré une certaine évolution dans certains pays’’, souligne le rapport. 

L'Afrique du Sud, le Kenya, le Ghana et le Nigéria ont enregistré les taux de pénétration bancaire les plus élevés avec 67%, 56%, 42% et 39% respectivement.

Toutefois, ces niveaux sont incomparables avec les niveaux atteints par des pays tels que l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni et les États-Unis en 2017 (de 93% à 99%).

Certains pays ont enregistré une forte évolution de la part de la population accumulée entre 2014 et 2017. C'est le cas par exemple du Sénégal avec +18,6% de TCAC (taux de croissance annuel composé), mais nombre de ces pays ne sont toujours pas en mesure d'atteindre des niveaux globaux élevés de la pénétration bancaire. Le taux de pénétration bancaire global au Sénégal n'a atteint que 20% en 2017.

Plusieurs raisons expliquent cette faible pénétration bancaire en Afrique. 

Premièrement, certaines personnes jugent les institutions financières trop éloignées. D'autres trouvent leurs services trop chers

En conséquence, les banques sont incapables de capturer une grande partie de la population. Il est clair qu’il est nécessaire de trouver des solutions moins chères et plus adaptées, notamment des solutions qui résoudraient les obstacles logistiques ou géographiques. Les solutions de paiement mobile se multiplient avec un grand succès dans les pays africains à mesure qu'ils abordent ce problème. 

Alors que de plus en plus d'abonnés à la téléphonie mobile en Afrique utilisent Internet et que les prix de vente moyens des smartphones diminuent (baisse d'environ 56% du prix de vente moyen en Afrique 2012-2017, passant de 227 à 101 USD), le taux de pénétration des smartphones devient un facteur important à considérer.

La pénétration des smartphones ouvre directement la voie à un développement encore plus important des sociétés de Fintech. En 2018, 37,9% de la population marocaine utilisait des smartphones contre 35,5% en Afrique du Sud, 29,1% en Algérie, 28% en Égypte, 24% au Ghana et 20,9% au Kenya.
 

Vous avez un projet immobilier en vue ? Yakeey & Médias24 vous aident à le concrétiser!

Si vous voulez que l'information se rapproche de vous

Suivez la chaîne Médias24 sur WhatsApp
© Médias24. Toute reproduction interdite, sous quelque forme que ce soit, sauf autorisation écrite de la Société des Nouveaux Médias. Ce contenu est protégé par la loi et notamment loi 88-13 relative à la presse et l’édition ainsi que les lois 66.19 et 2-00 relatives aux droits d’auteur et droits voisins.
lire aussi
  • | Le 17/5/2024 à 15:08

    CFG Bank : indicateurs en forte hausse à fin mars, RNPG 2024 attendu en hausse de 40% à 50%

    Le groupe affiche une forte hausse de ses indicateurs à tous les niveaux à fin mars. Le PNB progresse de 44%. Le RBE progresse à un rythme plus soutenu, du fait d'une bonne maîtrise des charges qui croissent moins vite que le PNB. Le RNPG 2024 du groupe devrait progresser entre 40% et 50%.
  • | Le 17/5/2024 à 14:00

    Disway : baisse de 9% du chiffre d’affaires à fin mars

    Le segment Volume a vu son chiffre d’affaires reculer de 11,6% du fait de retards de plusieurs projets, de la baisse de la demande sur plusieurs produits technologiques en raison de la hausse des droits de douanes et de la rupture de plusieurs segments de produits à cause des incidents en mer Rouge.
  • | Le 17/5/2024 à 10:38

    Crédit du Maroc : hausse de 16,5% du RNPG au 1er trimestre 2024

    Le groupe affiche une bonne tenue des crédits avec un encours en hausse de 7,1% à 53,2 MMDH. Le PNB progresse de 10% du fait de la bonne tenue des marges d’intérêts et sur commissions.
  • | Le 16/5/2024 à 15:53

    Oncorad : “D’ici début 2026, nous souhaitons tripler la valeur du groupe” (Redouane Semlali)

    Il y a un an, le groupe Oncorad annonçait une levée de fonds de 458 MDH auprès de CDG Invest Growth et STOA. Depuis, quels sont les changements structurels et les développements qui ont été menés ? Création de holdings, acquisition de foncier... Redouane Semlali, PDG et cofondateur du groupe, nous en dit plus.
  • | Le 15/5/2024 à 16:57

    BKGR anticipe une hausse de 13,4% de la capacité bénéficiaire de la cote cette année à 33,2 MMDH

    L’industrie devrait voir sa capacité bénéficiaire progresser de 15,6% à 17,7 MMDH. Les financières devraient enregistrer une croissance de 10,7% à 13,8 MMDH. La capacité bénéficiaire des assurances devrait s’apprécier en 2024 de 14% à 1,7 MMDH. La masse des dividendes en 2024 est également attendue en hausse de 6,3% à 21 MMDH.
  • | Le 15/5/2024 à 16:53

    Auto Hall : hausse de 9,3% du chiffre d’affaires consolidé à fin mars

    Le groupe a affiché à fin mars une hausse de 4,4% de son volume de vente à 4.465 unités, alors que le marché affichait une baisse de 3,1%.