Banques: Radioscopie des principaux risques en 2017

S.E.H | Le 24/7/2018 à 15:42

Le rapport de la Direction de la Supervision bancaire de Bank Al-Maghrib pour l'année 2017 passe au crible les indicateurs des grands risques du secteur bancaire marocain pour l'année écoulée. Créances en souffrance, risques d'exposition, liquidité..., petit tour d'horizon de ses principales conclusions.

A fin décembre 2017, les engagements des banques vis-à-vis des grands risques (bénéficiaire ou groupe de bénéficiaires de crédit dont l’encours est supérieur ou égal à 5% des fonds propres d’une banque), se sont maintenus à 355 MDH, et ont représenté 2,9 fois les fonds propres des banques, soit le même niveau que celui de 2016; selon le dernier rapport de la Direction de la Supervision bancaire de Bank Al-Maghrib.

Ce niveau a été de 3,4 fois en 2014 et 3,8 fois il y a une dizaine d’années, selon les données de la Direction de la Supervision bancaire : «Cette tendance montre que la concentration des portefeuilles est en net repli sur la décade écoulée», souligne le rapport.

En outre, la répartition sectorielle des grands risques fait ressortir que les groupes financiers, autres que bancaires, en bénéficient à 19%, suivis des bénéficiaires opérant dans le secteur de l’industrie manufacturière (16%), de la promotion immobilière (14%), de l’industrie extractive (11%) et du BTP (11%).

Créances en souffrance: Les ménages plus défaillants en 2017

D'une autre part, l’encours des créances en souffrance des banques sur base sociale a enregistré, à fin 2017, une progression de 2,3% à près de 63 MMDH. Un rythme de progression qui est toutefois en décélération par rapport à ceux enregistrés en 2016 et en 2015, à savoir 6,8% et 9% respectivement.

«Il en résulte un taux de sinistralité de 7,5%, accusant une légère baisse, après des hausses successives depuis 2012», souligne le rapport.

Sur base consolidée, l’encours des créances en souffrance marque une hausse de 3,7% à fin 2017, pour s’établir à 86,2 MMDH, dégageant un taux de risque de 8,3%, contre 8,4% en 2016.

Par segment, le document précise que l’encours des créances en souffrance des banques et des sociétés de crédit à la consommation sur les ménages s’est accru de 4,8% à 23,5 MMDH, contre une progression de 0,8% l’année précédente. Le taux de couverture de ces créances par les provisions des banques et des sociétés de crédit à la consommation s’est maintenu à 69%.

Du côté des entreprises non financières, les créances en souffrance détenues sur elles ont marqué une hausse limitée à 1,8% pour s’établir à 48,5 MMDH ; après une progression de 8% enregistrée en 2016.

«Le taux des créances en souffrance [sur les entreprises non financières, ndlr.] a ainsi fléchi, pour la première fois depuis sept ans, à 10,1% », souligne le document. Ces créances ont été couvertes par des provisions à hauteur de 72%, soit deux points de plus par rapport à 2016.

Plus en détail, l’encours des créances en souffrance détenues uniquement par les banques sur les entreprises non financières s’est accru de 1%, à 43,7 MMDH. Elles sont couvertes par des provisions à hauteur de 73%, soit une amélioration de 2 points.

Liquidité: inadéquation entre les emplois et les ressources

Par ailleurs, les chiffres de la Supervision bancaire démontrent qu'à fin 2017, le besoin de liquidité en dirhams des banques s’est accru en glissement annuel, «en relation avec la hausse de leurs avoirs en devises».

Les banques ont toutefois continué de bénéficier de la bonne tenue des dépôts collectés, qui ont augmenté de 5,5%, alors que le taux de progression des crédits s’est établi à 3,2%. Le ratio rapportant les crédits aux dépôts a ainsi poursuivi sa baisse pour atteindre près de 93%. Ajusté des certificats de dépôt, ce ratio ressort à 88%, soit 2 points de moins qu’en 2016.

Pour sa part, la dette obligataire, représentant près de 8% des ressources, a progressé de 14,2% à fin 2017 : «La décomposition de ces ressources par maturité montre une baisse de la durée moyenne de l’encours des titres de créance émis par les banques», indique le rapport.

De leur côté, les dettes subordonnées, d’une maturité longue, ont enregistré une nouvelle hausse de 20,6%.

Toutefois, la Supervision bancaire note que «en dépit des mesures prises pour renforcer leur gestion Actif-passif, les banques demeurent confrontées au défi de la mobilisation de ressources diversifiées et mieux adossées à leurs emplois pour lesquels il est observé un allongement des maturités».

Ces derniers sont constitués à hauteur de près de 45% d’emplois à court terme et 55% à moyen et long terme, pendant que les ressources des banques sont composées à hauteur de 59% de ressources sans échéance, 20% de ressources à court terme, et 21% de ressources à moyen et long terme.

Les banques affichent par ailleurs un coefficient de liquidité à court terme de 152%, contre 143% en 2016, témoignant d’une situation de liquidité excédentaire des banques en lien avec l’évolution modérée du crédit bancaire.

Solvabilité: les banques en règle

En cette matière, le rapport de la Supervision bancaire souligne que les fonds propres des banques se sont renforcés, pendant que les risques nets pondérés, constitués des risques de crédit, de marché et opérationnels, ont évolué à un rythme modéré.

Au terme de l’année 2017, les risques nets pondérés du secteur bancaire se sont élevés à 909 MMDH sur base sociale, en progression de 6% en glissement annuel. Ils se répartissent à hauteur de 84% au titre de risque de crédit, 9% au titre de risque opérationnel, et 7% au titre des risques de marché.

Sur base consolidée, ces risques ont atteint près de 1.228 MMDH, répartis à hauteur de 85%, 10% et 5% respectivement pour les risques de crédit, opérationnel et de marché.

Par ailleurs, le niveau des fonds propres prudentiels des banques s'est renforcé à près de 126 MMDH, soit 4 MMDH de plus par rapport à 2016.

En outre, le ratio de solvabilité moyen, qui rapporte le volume des fonds propres à la somme des actifs nets pondérés, a atteint 13,9%, au-dessus du seuil minimum de 12% édicté par la réglementation prudentielle en vigueur: "Ce ratio est en baisse d’environ 40 points de base par rapport à fin 2016, en relation avec la levée progressive des dispositions transitoires accordées par Bank Al-Maghrib pour l’application totale du régime de fonds propres de Bâle III fixée à fin 2018, ainsi que l’accroissement des participations bancaires qui font l’objet de déductions des fonds propres", souligne le rapport.

Le ratio de fonds propres de catégorie 1 s’est établi en moyenne à 11% pour un minimum réglementaire de 9%.

Sur base consolidée, les fonds propres prudentiels et de catégorie 1 des banques ont marqué des hausses respectives de 5,3% à 163 MMDH et de 2,5% à 131 MMDH. Il en résulte un
ratio moyen de solvabilité de 13,3% et un ratio moyen de fonds propres de catégorie 1 de 10,7%.

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