Assurances : le secteur à cheval entre menaces et opportunités

Sara El Hanafi | Le 27/4/2018 à 13:32

Les assurances jonglent avec des menaces d’un côté et d'importantes opportunités de l’autre. De nouveaux marchés comme le Takaful, la RC Décennale ou la tous risques chantiers, semblent arriver au bon moment pour compenser les exigences de la mue réglementaire du secteur.

En 2017, les assurances cotées ont contribué pour 5,8% à l’évolution de la capacité bénéficiaire de la cote casablancaise, selon les analystes de BMCE Capital Research. Pour sa part, Upline Securities rapporte que le secteur affiche la troisième plus importante évolution de la cote en termes de chiffre d’affaires, avec +10,8% à 16,4 MMDH.

Plus en détail, cette évolution est portée particulièrement par la branche Vie, dont les primes émises brutes se sont accrues de 17% à 6,2 MMDH. Dans une moindre mesure, la branche Non Vie a vu ses revenus progresser de 7,4%, à 10,2 MMDH, tirant profit de la croissance du marché automobile marocain.

La branche automobile a toutefois apporté un lot de sinistralité important au cours de l’exercice écoulé, ce qui a impacté les résultats techniques des assureurs. BMCE Capital Research calcule une progression limitée à 1% du résultat technique des compagnies d’assurance et de courtage, à 2,1 MMDH.

Rappelons dans ce sens qu'une étude a été demandée par la profession à la FMSAR pour tenter de comprendre ce phénomène et y remédier. Une étude dont les résultats devront être connus courant 2018, et dont les premières conclusions commencent à filtrer, comme la hausse de la densité (nombre de véhicules au km²) ou la hausse de la récurrence des sinistres chez les assurés, un phénomène qualifié d’ «anormal» par les professionnels du secteur.

Pour y remédier, la profession pense déjà à une probable augmentation des primes pour contrebalancer le phénomène. Une autre piste probable est l’augmentation de la franchise (la somme payée par l’assuré et non indemnisée par l’assureur) afin d’élargir le périmètre des sinistres non remboursés.

D’une autre part, les assureurs pourront renforcer le contrôle de leurs experts afin d’éviter ou de minimiser d’éventuelles connivences avec les garagistes autour du montant des indemnisations.

En tout cas, il est clair que des mesures strictes seront prises pour contenir la sinistralité automobile galopante, eu égard au poids considérable de la branche dans le secteur et ce en dépit de toutes les nouvelles opportunités qui se présentent : risques liés à la cybercriminalité, risques climatiques, nouveaux marchés comme le Takaful, la RC décennale, la multirisques habitation, etc.

En attendant, il faut dire que les assureurs ont bénéficié des résultats de leurs placements sur les marchés financiers pour booster leurs bénéfices en 2017. Plus particulièrement, ils ont tiré profit d’une bonne performance du marché Actions (+6,4% en 2017), au détriment du marché obligataire qui subit depuis plusieurs années une baisse des taux.

Toutefois, des questions se posent quant à cette présence sur le marché actions, notamment avec les contraintes liées à l’imminente application des directives Solvency II, ou la Solvabilité basée sur les risques. En effet, la nouvelle réglementation préconise, à moins d’une forte augmentation des capitaux propres, de limiter les expositions aux actions, plus risquées que les obligations, ce qui risque de freiner la contribution des résultats financiers dans les résultats globaux des compagnies d'assurance.

Actuellement, les assureurs misent 45% de leurs portefeuilles en actions, contre seulement 7% en France par exemple. Face au nouveau référentiel, un désengagement partiel du marché boursier est donc très probable.

Cela étant, les assureurs se veulent rassurants et estiment que la baisse de leur exposition sur le marché boursier, qui se fera progressivement tout comme le passage aux normes Solvency II, sera compensée par l’augmentation de l’activité et donc des besoins en placement financiers.

C’est dire que l’industrie aujourd’hui jongle véritablement avec des menaces d’un côté, et des opportunités importantes de l’autre. Les nouveaux marchés comme le Takaful, la RC Décennale ou la tous risques chantiers semblent arriver au bon moment pour accompagner les exigences de la mue réglementaire du secteur, qui le rendra forcément plus résilient.

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