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Banques cotées. La hausse des revenus de marché s'explique d'abord par l’exposition structurelle aux bons du Trésor

| Le 23/4/2025 à 17:30
La part des revenus d’activités de marché dans le produit net bancaire des banques cotées marocaines continue de progresser. Si cette évolution peut laisser croire à une stratégie délibérée de diversification, elle s’explique en réalité, selon les professionnels interrogés, par une exposition structurelle aux portefeuilles de bons du Trésor et non par un choix assumé de gestion de marché.

Depuis quelques années, les revenus issus des activités de marché prennent une place croissante dans les résultats des banques cotées à la Bourse de Casablanca. Change, portage obligataire, arbitrages de portefeuille : ces composantes, longtemps marginales, peuvent aujourd’hui représenter jusqu’à un quart du produit net bancaire de certaines institutions.

Cette montée, souvent perçue comme un relais de croissance face à l’érosion des marges d’intérêt, reste pourtant difficile à interpréter. Car si ces revenus peuvent améliorer ponctuellement la performance, ils sont aussi, par nature, plus volatils, sensibles aux conditions de marché et parfois concentrés sur quelques lignes.

Alors que les résultats 2024 confirment cette tendance, une question s’impose : les activités de marché constituent-elles un véritable levier stratégique pour les banques marocaines, ou une dépendance fragile à des gains non récurrents ?

De quoi sont composés les revenus d’activités de marché ?

Derrière l’intitulé "activités de marché" se cache une réalité composite, souvent technique mais loin d’être secondaire. Il s’agit d’abord des revenus issus des opérations de change, qui reflètent à la fois l’activité clientèle et les arbitrages réalisés par les banques sur le marché des devises.

À cela s’ajoutent les gains enregistrés sur les titres de transaction, principalement les bons du Trésor et autres obligations négociées sur le marché secondaire.

Dans certains cas, ces revenus peuvent aussi inclure des plus-values sur la cession de titres de placement ou des reprises de provisions sur actifs financiers revalorisés.

Leur composition exacte varie d’un établissement à l’autre, mais la logique reste la même. Il s'agit de capter une opportunité de marché, de la convertir en gain et de l’intégrer dans la performance annuelle. C’est ce levier que les banques marocaines mobilisent de façon plus visible depuis quelques années.

Un levier de performance… à manier avec prudence

Pour certains professionnels du marché, les activités de marché peuvent bel et bien s’inscrire dans la durée. C’est notamment le cas des opérations de change, jugées plus stables car directement liées aux flux récurrents de la clientèle.

"Les revenus liés aux opérations de change peuvent constituer une source stable et durable pour les banques marocaines, principalement car ces opérations sont directement liées aux besoins réguliers et récurrents des clients", nous explique un directeur général de salle des marchés. Il ajoute que "les risques liés aux opérations de change peuvent être efficacement maîtrisés grâce à une gestion prudente et à une couverture adaptée".

Les titres de transaction présentent en revanche un profil plus exposé. Dans le système bancaire marocain, les portefeuilles de bons du Trésor valorisés au prix du marché sont largement répandus, notamment parmi les établissements qui jouent le rôle d’intermédiaires en valeurs du Trésor. Cette configuration accroît mécaniquement la sensibilité des résultats aux mouvements de taux.

"Les banques investissent dans les bons du Trésor principalement en raison de leur liquidité élevée, plutôt que par une stratégie délibérée de placement spéculatif ", précise notre interlocuteur. "Toutefois, ces portefeuilles restent sensibles aux fluctuations des taux d’intérêt, générant des plus-values importantes lors des baisses de taux, et des pertes immédiates lorsque les taux remontent".

Quant à la place croissante des revenus de marché dans le produit net bancaire, elle ne reflète pas toujours une stratégie offensive" Cette part, notamment liée aux titres de transaction, traduit davantage une exposition structurelle qu'une démarche proactive de placement spéculatif", poursuit ce directeur de salle. Il souligne que cette volatilité implique une gestion rigoureuse. "Elle impose une diversification des sources de revenus pour éviter une dépendance excessive à ces résultats variables".

Derrière la performance, une lecture plus complexe

Une part importante des revenus de marché dans le produit net bancaire peut d’abord apparaître comme un indicateur d’agilité financière. Elle suggère une capacité à capter les tendances de taux ou à valoriser activement les portefeuilles. Mais une lecture trop immédiate peut aussi occulter certains effets comptables ou mécaniques.

Dans plusieurs cas, les revenus de marché ne sont pas comptabilisés dans leur intégralité comme tels. Une partie des portefeuilles, notamment les titres classés en "held to maturity", n’apparaît pas dans les résultats de marché, mais est intégrée dans la marge nette d’intérêt. Le traitement comptable peut donc moduler significativement la part affichée dans le PNB, sans modifier l’exposition réelle.

Source : Servel Asset Management

Comment ont évolué ces revenus entre 2020 et 2024 

Entre 2020 et 2024, la part des revenus issus des activités de marché dans le produit net bancaire des banques cotées a connu une progression continue, avec des profils distincts selon les établissements. Certaines banques comme CIH, BCP ou BOA ont vu ce levier s’installer durablement dans la composition de leurs revenus, atteignant des niveaux historiquement élevés. D’autres, comme CFG ou CDM, affichent des trajectoires plus modérées, avec des contributions globalement stables d’une année à l’autre.

Les niveaux atteints en 2024 s’expliquent en partie par la structure même de ces revenus.

Certaines banques concentrent leur performance sur les titres de transaction, en particulier les bons du Trésor valorisés au prix du marché. D’autres privilégient les opérations de change, plus étroitement liées à l’activité clientèle.

Le premier modèle offre parfois des hausses spectaculaires lorsque les conditions de taux sont favorables, mais il reste sensible aux retournements de marché. Le second s’inscrit dans une logique plus régulière, avec des revenus souvent moins volatils.

Ce positionnement reflète des choix propres à chaque groupe, mais aussi des contraintes de taille, de gestion et de profil de risque. En 2024, la diversité des trajectoires souligne que les revenus de marché ne relèvent pas d’un modèle unique, mais bien d’une palette d’approches, intégrées plus ou moins fortement dans les équilibres bancaires.

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