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L'industrie navale au Maroc : un secteur stratégique freiné par des défis structurels (CESE)

Le Maroc ambitionne de devenir un acteur clé dans l'industrie navale mondiale. Cependant, malgré des initiatives pour encourager les investissements et développer un écosystème intégré, le secteur fait face à plusieurs obstacles. Un manque de coordination stratégique, des infrastructures spécialisées insuffisantes, et un déficit en ressources humaines qualifiées freinent son essor, empêchant le pays de capter pleinement les opportunités de ce marché en croissance.

Port Tanger Med (Photo illustrative)

L'industrie navale au Maroc : un secteur stratégique freiné par des défis structurels (CESE)

Le 16 octobre 2024 à 9h00

Modifié 16 octobre 2024 à 10h18

Le Maroc ambitionne de devenir un acteur clé dans l'industrie navale mondiale. Cependant, malgré des initiatives pour encourager les investissements et développer un écosystème intégré, le secteur fait face à plusieurs obstacles. Un manque de coordination stratégique, des infrastructures spécialisées insuffisantes, et un déficit en ressources humaines qualifiées freinent son essor, empêchant le pays de capter pleinement les opportunités de ce marché en croissance.

Le Maroc bénéficie d'atouts majeurs pour se positionner dans le domaine de l'industrie navale. Avec ses 3.500 kilomètres de côtes sur l’Atlantique et la Méditerranée, le pays dispose d’une façade maritime qui, couplée à des infrastructures portuaires en pleine expansion (Tanger Med, Casablanca, Agadir), peut jouer un rôle central dans la transformation industrielle et économique du pays.

Le rapport du Conseil économique, social et environnemental (CESE) met en exergue ces avantages géographiques et logistiques qui placent le Maroc dans une position compétitive par rapport à d'autres nations. La proximité avec les grandes routes maritimes internationales constitue un autre levier majeur, particulièrement pour les activités de réparation navale et de la construction de navires.

Le Maroc dispose également d’une main-d'œuvre compétitive, plus abordable que dans les pays européens. Ce potentiel humain pourrait être un moteur de croissance pour l'industrie navale marocaine, à condition d’être soutenu par des programmes de formation adaptés aux exigences du secteur.

Le principal objectif de ce rapport est d’établir une feuille de route pour le développement d'une industrie navale nationale dynamique et compétitive. Le CESE propose d'adopter une approche écosystémique, c'est-à-dire de considérer les différents maillons de la chaîne de valeur de l'industrie (réparation, construction, logistique, formation, etc.) de manière intégrée. Cela inclut le développement des infrastructures portuaires dédiées, la mise en place d’incitations pour les investisseurs, et l’amélioration des compétences techniques de la main-d'œuvre nationale.

Le rapport du CESE souligne également l’importance de réduire la dépendance actuelle du Maroc vis-à-vis des chantiers navals étrangers, notamment pour la réparation des navires de pêche, des navires commerciaux et militaires. Cela permettrait non seulement de renforcer la souveraineté maritime du pays, mais aussi de réduire les coûts et de stimuler la création d'emplois qualifiés.

Après le diagnostic, des recommandations

Malgré les nombreux atouts du Maroc, le développement de l’industrie navale reste entravé par plusieurs obstacles. Parmi les défis majeurs identifiés par le CESE, on note :

L’insuffisance des infrastructures spécialisées : Bien que le Maroc possède des infrastructures portuaires modernes, elles ne sont pas encore totalement adaptées aux besoins spécifiques de l'industrie navale. Le chantier naval de Casablanca, l’un des plus importants du pays, nécessite des travaux de modernisation pour attirer davantage d’investisseurs. De plus, les ports d’Agadir et de Tan-Tan nécessitent une extension pour décongestionner les infrastructures existantes et permettre une meilleure gestion du trafic maritime.

Un cadre institutionnel et réglementaire à améliorer : Le rapport insiste sur la nécessité de mettre en place un cadre réglementaire plus attractif pour les investisseurs. Cela inclut des incitations fiscales spécifiques et la création d'un fonds dédié pour le financement de ce secteur à haut risque. L’instauration de ce fonds permettrait de rassurer les investisseurs privés et de faciliter l’accès aux financements.

Des projets en attente d’investissements : Le CESE mentionne qu'une banque de projets a été créée pour structurer les investissements dans le secteur, notamment dans les segments de la réparation et de la construction de navires. Toutefois, ces projets n'ont pas encore attiré suffisamment d’investissements. La mise en place d'une stratégie nationale intégrée est donc essentielle pour rendre ces projets plus attractifs et compétitifs à l'international.

Un besoin crucial de formation : La formation des ressources humaines qualifiées est l’un des piliers de cette stratégie. Le CESE propose de créer des instituts spécialisés dans les métiers de la construction et de la réparation navales, ainsi que de renforcer les programmes de formation existants en partenariat avec le secteur privé et les institutions académiques.

L’importance de l’intégration régionale et internationale : Le rapport insiste sur l’importance pour le Maroc de se positionner non seulement sur le marché domestique, mais aussi à l’international, notamment en Afrique de l’Ouest et dans le bassin méditerranéen. Cela passera par le développement d’activités exportatrices, tout en renforçant les capacités locales en matière de construction de navires et de maintenance. Il est également suggéré d’intégrer l’industrie navale dans des chaînes de valeur régionales, en collaboration avec des partenaires étrangers.

Vers un développement progressif du secteur

Le rapport du CESE propose une approche par étapes pour le développement de l'industrie navale marocaine. Dans un premier temps, il recommande de cibler les activités à faible complexité technologique comme les travaux de réparation et de maintenance des navires. Ces activités, moins exigeantes en termes de compétences techniques, pourraient rapidement permettre au Maroc de consolider ses acquis dans le secteur.

À moyen et long termes, l’objectif serait de développer des segments à plus haute valeur ajoutée, notamment la construction de navires de petite à moyenne tailles, en s'appuyant sur l'expertise que le Maroc a développée dans d'autres secteurs comme l’automobile et l’aéronautique. Le CESE estime que cette stratégie graduelle permettrait au pays de gravir les échelons du marché mondial, tout en renforçant sa compétitivité.

 

Lors de l'atelier de restitution organisé le 15 octobre, pour présenter le focus de ce rapport, en présence de Mohammed Abdeljalil, ministre du Transport et de la logistique, Ahmed Reda Chami, président du CESE, a souligné l’importance stratégique de l’industrie navale pour le Maroc.

Dans son discours d’ouverture, il a rappelé les initiatives prises par les autorités publiques, notamment l’élaboration d’un plan directeur pour le développement des infrastructures portuaires dédiées à cette industrie, ainsi que la création d’une banque de projets visant à encourager les investissements dans la construction et la réparation navale. Il a également mentionné l'inclusion de ce secteur dans le nouveau pacte d'investissement, le positionnant comme l'un des "métiers d'avenir".

En outre, M. Chami a mis en avant la création du cluster de l’industrie navale en 2023, un écosystème intégré qui englobe les infrastructures, le capital humain, la recherche et développement, ainsi que la promotion du secteur.

Cependant, il a pointé du doigt cinq obstacles majeurs freinant son développement, notamment l’absence d’une stratégie publique intégrée, la question foncière, un cadre juridique et fiscal inadapté, le manque de produits financiers appropriés, et le déficit en ressources humaines qualifiées. Ces contraintes limitent la compétitivité du Maroc et l’empêchent de capter les opportunités offertes par le marché international de la construction navale, estimé à 11 milliards de dollars annuellement.

De son côté, le ministre du Transport et de la Logistique, Mohammed Abdeljalil, a souligné l’importance de développer une flotte nationale de transport maritime pour soutenir la souveraineté économique du Maroc et renforcer son rôle dans l'intégration régionale. Une stratégie est en cours de finalisation pour renforcer cette flotte, incluant des navires battant pavillon marocain, et visant à encourager les investissements et à améliorer la compétitivité du secteur.

Le ministre a également évoqué la nécessité de développer l’industrie navale pour soutenir cette ambition, notamment en fournissant des services de maintenance et en développant, à long terme, une véritable capacité de construction navale nationale.

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