Boycott des études de médecine : l'année universitaire est encore rattrapable selon les doyens des Facultés

Cela fait plus de trois mois que les futures blouses blanches boycottent les études, les stages et les examens. Le spectre d'une année blanche plane-t-il sur les facultés de médecine ? Pour le Pr Khalid Serraj, doyen de la Faculté de médecine et de pharmacie d'Oujda, on n'en est pas là, du moins pour le moment.

Boycott des études de médecine : l'année universitaire est encore rattrapable selon les doyens des Facultés

Le 4 avril 2024 à 16h18

Modifié 4 avril 2024 à 17h06

Cela fait plus de trois mois que les futures blouses blanches boycottent les études, les stages et les examens. Le spectre d'une année blanche plane-t-il sur les facultés de médecine ? Pour le Pr Khalid Serraj, doyen de la Faculté de médecine et de pharmacie d'Oujda, on n'en est pas là, du moins pour le moment.

Dans un échange avec Médias24, le Pr Khalid Serraj, doyen de la Faculté de médecine et de pharmacie d'Oujda, a répondu à nos questions sur le boycott des études de médecine qui dure depuis des mois.

La première question que tout le monde se pose face à la persistance du boycott est de savoir si l'on s'achemine vers une année blanche.

"Pédagogiquement, une année blanche est décrétée par le ministère ou l'établissement qui ajourne les études et les évaluations à l'année d'après. Or, nous ne sommes pas dans ce cas de figure puisque les cours sont là, les examens se sont déroulés, sans compter les prochaines sessions. Les établissements sont ainsi fonctionnels. Ce sont néanmoins les étudiants qui ne viennent pas. Cela dit, nous ne sommes pas actuellement dans une année blanche, si l'on considère la terminologie administrative et technique", expose le Pr Khalid Serraj.

"Je tiens à souligner que les positions des uns et des autres se sont désormais éclaircies. Au niveau des ministères et des établissements, notre position est claire. Il y a beaucoup de choses qui ont été accordées aux étudiants. Ce qui est indiscutable demeure indiscutable. Les étudiants, de leur côté, sont en train de comprendre qu'ils ne peuvent pas gaspiller leurs études pour la simple raison qu'ils ne sont pas entièrement satisfaits. Compte tenu de tout cela, je pense qu'il y a des prémices et des volontés de médiation pour dénouer la situation et pour qu'il n'y ait pas d'année blanche et d'échec massif", précise le Pr Serraj.

Rien n'est encore perdu d'après le doyen de la Faculté d'Oujda

Cela dit, une année blanche peut être décrétée en cas d'échec massif. Sauf qu'il est encore tôt pour présumer si ce sera le cas, estime notre interlocuteur.

"On ne peut parler d'éventualité d'une année blanche que si les étudiants boycottent également la prochaine session ordinaire du deuxième semestre et les sessions de rattrapage afférentes. Il y a encore une marge pour trouver une solution. Plus tôt les étudiants reprendront les cours, mieux ce sera, souligne-t-il.

"Le retard déjà pris est un retard qu'on devra compenser d'une manière ou d'une autre par la suite. La compensation ne signifie par pour autant de bâcler l'année. La reprise ne se fera pas aux dépens de la qualité de la formation. La priorité pour nous n'est pas de finir en juillet et de dire que tout le monde a réussi. Non, il faut que l'année universitaire soit efficiente sur le plan de la formation".

Étudiants sanctionnés : les facultés disent non à l'impunité !

Le boycott n'est pas le seul sujet de discorde entre étudiants et facultés. Il y a aussi la question des "sanctions". Les étudiants dénoncent l'"approche répressive" avec laquelle est géré ce dossier (suspensions, menaces d'expulsions, des étudiants présentés devant les tribunaux, dissolution des bureaux des étudiants).

À ce sujet, le Pr Khalid Serraj explique que "les sanctions concernent des personnes précises face à des agissements précis, sur la base de preuves tangibles et documentées, et non pas des sanctions systématiques qui ont été appliquées à l'ensemble des étudiants qui boycottent. Aucune mesure n'a été prise à l'encontre d'un étudiant quand la manifestation était pacifique, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui puisqu'on assiste à l'émergence de pratiques clairement illégales et illicites (insultes proférées contre les doyens, intimidation et menaces ouvertes contre les étudiants pour participer au boycott...)".

Et d'ajouter : "Il est dangereux que l'Etat se montre laxiste par rapport à ce genre d'agissements. L'essentiel pour nous, c'est de prévenir qu'un dérapage similaire ne se reproduise dans le futur. Le but étant d'empêcher qu'un climat pro-impunité règne".

La réduction de la durée des études de médecine, une décision irréversible...

Au cœur de cette crise, un point crucial : la réduction de la durée des études de médecine.

Les facultés et les ministères de tutelle accepteront-ils de s'asseoir de nouveau autour de la table pour revoir la réduction de la durée des études médicales, principale revendication des étudiants ?

La décision est irréversible. "Hormis la révision de la nouvelle sixième année, toutes les revendications ont été résolues. La visibilité a été donnée pour le troisième cycle. Pour les terrains de stage, chaque faculté dispose d'une feuille de route claire à l'horizon 2030", répond le Pr Khalid Serraj.

"Pour l'augmentation des sièges pédagogiques, celle-ci est faite en fonction de la capacité de chaque faculté ; chacune d'entre elles a été dotée d'un budget conséquent pour accompagner cette décision. Un budget qui a permis de rénover les facultés entièrement, de renforcer les ressources humaines à travers le recrutement d'enseignants supplémentaires, etc.", ajoute notre interlocuteur.

"En ce qui concerne par exemple la Faculté d'Oujda, ce n'est qu'après avoir examiné les hôpitaux disponibles au niveau de la région et réalisé la cartographie des différents terrains de stage qui peuvent potentiellement servir aux étudiants que j'ai dit au ministère, voilà le nombre de sièges que je pourrai rajouter. À aucun moment, le ministère n'a tenté de nous obliger à augmenter au-delà de nos capacités. Les mesures d'accompagnement de l'augmentation des sièges pédagogiques sont donc bel et bien là. Il s'agit même d'une revendication qui a été satisfaite par excès".

"Le nouveau système est bénéfique pour les étudiants, les médecins en formation et les médecins après la spécialité"

"La révision de la nouvelle sixième année est en revanche indiscutable, pour la simple raison qu'elle a été décidée sur la base d'un diagnostic qui a été établi. La septième année est une année anti-pédagogique, où les acquis précédents sont perdus. La décision a été étudiée et réétudiée par les doyens et les commissions pédagogiques. Les étudiants étaient au courant de son application depuis deux ans", souligne en outre le doyen de la Faculté de médecine et de pharmacie d'Oujda.

"La décision a en effet été prise en 2022. Les étudiants actuellement en cinquième année étaient alors encore en troisième année. La transition n'est donc pas subite. Pour les nouveaux étudiants, les derniers concours d'accès aux facultés de médecine et de médecine précisent que la durée des études de médecine est de 6 ans", rappelle-t-il.

"Le nouveau système est bénéfique pour les étudiants, pour les médecins en formation (troisième cycle) ainsi que pour les médecins après la spécialité. Je ne comprends donc pas pourquoi les étudiants sont catégoriques sur cette question de durée de formation.  C'est un point qui est indiscutable pour l'Etat", conclut le Pr Khalid Serraj.

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