La baisse des prix des légumes, en particulier de la tomate, est une bonne nouvelle pour les consommateurs qui se préparent déjà pour le Ramadan. Cette situation n’est toutefois que temporaire, selon les professionnels, et pourrait être suivie d’une hausse des prix au cours des prochaines semaines. Quelles sont alors les raisons de cette récente chute des prix ?

La hausse des taxes douanières en Mauritanie entraîne plus de disponibilité et, par ricochet, une baisse des prix

Pour Rachid Benali, président de la Confédération marocaine de l’agriculture et du développement rural (Comader), joint par nos soins, les raisons de cette baisse sont multiples et diffèrent d’un légume à l'autre.

La première, qui concerne les trois légumes phares grandement consommés par les marocains, à savoir la tomate, la pomme de terre et l'oignon, est "l’effet du ralentissement des exportations vers l’Afrique subsaharienne, ce qui a augmenté la disponibilité des produits marocains sur le marché local, et a joué un rôle important dans la baisse de leur prix".

En effet, la Mauritanie a augmenté, début janvier 2024, ses droits de douane sur les légumes marocains, ce qui a poussé les importateurs mauritaniens à boycotter les produits marocains pour inciter les directions concernées à revenir sur cette décision.

"Malgré l’augmentation des tarifs douaniers en Mauritanie, certains partenaires demandent toujours la production marocaine", souligne toutefois une autre source à la Fédération interprofessionnelle marocaine de production et d’exportation des fruits et légumes (FIFEL), contactée par Médias24.

La production des tomates à son pic à cause de la chaleur

Cette mesure a par ailleurs coïncidé avec la hausse des températures, entraînant une baisse importante des prix pratiqués actuellement. Il s’agit là de la seconde cause évoquée par Rachid Benali.

"La chaleur a particulièrement impacté les prix des tomates, qui ont chuté. La production prévue arrive avec quelques semaines d’avance", ce qui pourrait poser un problème à l’avenir, poursuit notre interlocuteur. "Nous avons actuellement 40% à 50% de production de plus que d’habitude".

Et notre source à la FIFEL de confirmer : "La principale cause de la chute des prix des légumes, en particulier des tomates, est la hausse des températures durant ces dernières semaines", atteignant plus de 25 °C dans la région de Souss-Massa, première productrice et exportatrice des tomates nationales.

"La tomate reste la première à être concernée par ce facteur chaleur, tandis que le reste des légumes suit la tendance", poursuit notre interlocuteur.

"La chaleur a ainsi favorisé la haute production", a-t-il souligné, indiquant que "les productions précoces sont terminées". Ainsi, "au lieu de récolter la quantité habituelle en cette période de l’année, celle-ci s’est multipliée. La production est actuellement à son pic".

La subvention des intrants profite particulièrement aux tomates et aux pommes de terre

L’autre facteur évoqué par nos interlocuteurs a trait à "la subvention des intrants, qui concerne en particulier la tomate et la pomme de terre, davantage que l’oignon".

Sur le marché, nous avons constaté que le prix de la tomate varie entre 6 DH et 8 DH/ kg, selon les quartiers et régions, contre un prix de revient de moins de 2 DH.

Cette baisse est également constatée au marché de gros de Casablanca. Comme le montrent les infographies ci-dessous, le prix du kilogramme de tomates est passé de 3,50 DH en décembre dernier, à 1,30 DH actuellement. Il en est de même pour les pommes de terre, dont le prix au kilogramme est passé de 3,50 DH à 2,50 DH, des carottes (1,80 DH/ kg en décembre contre 1,30 DH/kg actuellement), et des courgettes, passées de 6 DH/kg à 1,30 DH/kg.

Qu’en est-il pour les prochains jours ?

"Il est difficile de se prononcer pour l’instant", nous confie Rachid Benali, "mais il est sûr que les prix vont finir par augmenter".

"Les prix de la tomate pourraient augmenter durant le Ramadan", vu la pénurie qui sera provoquée. "En ce qui concerne les pommes de terre, elles viennent d’être récoltées. Leur prix pourrait ainsi augmenter durant le mois sacré".

"D’autre part, les surfaces exploitées sont en baisse, et il y a des zones qui sont interdites d’irrigation. Les contrôles sont très stricts sur ce point. La production va donc automatiquement baisser, ce qui fera augmenter les prix, d’autant plus que les chaleurs se poursuivent encore, et que les précipitations se font rares", conclut notre interlocuteur.