Comment se fait le classement des bâtiments en monuments historiques

Des immeubles de la ville de Casablanca ont récemment été classés monuments historiques par le ministère de la Culture. Une source du département du Patrimoine, en charge des classements, est revenue pour Médias24 sur les raisons de cette accélération et sur ses implications.

Comment se fait le classement des bâtiments en monuments historiques

Le 1 février 2024 à 16h21

Modifié 1 février 2024 à 17h16

Des immeubles de la ville de Casablanca ont récemment été classés monuments historiques par le ministère de la Culture. Une source du département du Patrimoine, en charge des classements, est revenue pour Médias24 sur les raisons de cette accélération et sur ses implications.

Plusieurs bâtiments casablancais ont récemment été classés monuments historiques, conformément à la loi n° 22.80. Cette loi régit la préservation des bâtiments historiques, des paysages, des inscriptions, des objets artistiques et des antiquités.

Ces bâtiments inscrits sur la liste des monuments historiques ne peuvent être détruits, ni modifiés sans que le propriétaire informe les services compétents au moins six mois avant la date de début des travaux.

Selon une source du département du Patrimoine, l'opération à Casablanca s’inscrit dans une politique nationale qui vise à protéger les bâtiments ayant une valeur historique ou esthétique.

"Les classements ont cours depuis une dizaine d'années, avec l'inscription en 2012 des bâtiments du centre-ville de Rabat (Bank Al-Maghrib, la Poste, le Parlement…) sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO", déclare notre interlocuteur, en précisant que les immeubles de l’architecture coloniale n’étaient pas considérés comme faisant partie du patrimoine national auparavant.

"À Casablanca, il reste encore 50% de biens susceptibles d'être classés"

Sur l’ensemble du territoire national, combien de biens immobiliers devraient être classés monuments historiques ? Bien qu'il soit difficile de répondre à cette question, notre source estime qu’il doit en rester au moins 50% dans la capitale économique. Celle-ci recèle encore plusieurs villas anciennes que les propriétaires veulent détruire pour revendre le terrain ou y construire un immeuble.

En dehors de Rabat, Fès, Meknès, Agadir, Tanger et Tétouan, la ville de Casablanca, qui a été un véritable laboratoire architectural au début du XXe siècle, est en effet beaucoup plus menacée, les promoteurs immobiliers étant à l'affût du foncier.

Et d’ajouter que la cadence de cette politique de classement d’immeubles s’est accélérée depuis 2020, avec des demandes émanant des agences urbaines de chaque ville, des propriétaires des biens, des communes urbaines ou rurales, ou d’associations reconnues par l'État, comme par exemple une fédération de métier qui occupe le bâtiment et veut le préserver d’une transformation ou d’une destruction.

Selon notre interlocuteur, le ministère de la Culture peut également déposer une demande de classement s’il estime que ce bien mérite d'être préservé d’une éventuelle spéculation immobilière.

En effet, la direction du Patrimoine doit parfois intervenir en urgence pour classer un immeuble qui présente des caractéristiques historiques, avant qu'il ne se détériore ou qu'il soit démoli.

Comment tranche la commission  ?

Une fois qu’un certain nombre de demandes, émanant de tous les territoires du Maroc, ont été soumises à la direction du Patrimoine, qui dispose d'un service dédié au classement et à l'inscription des biens au patrimoine national, une commission composée d’un de ses membres, du ministère de l'Intérieur, de l'Aménagement du territoire et des agences urbaines peut alors se réunir pour les étudier.

"Une demande de classement nécessite une longue enquête du ministère de l'Intérieur et de l'Agence urbaine. En cas d’urgence, la commission peut opter pour une inscription, une procédure beaucoup plus rapide, mais qui offre la même protection qu'un classement", précise notre interlocuteur.

En effet, il arrive que la commission se réunisse exceptionnellement quand un bâti est menacé d’une destruction imminente, pour ne pas réitérer l’erreur de la villa Roosevelt de Casablanca. Celle-ci avait été démolie, en dépit d'une valeur historique inestimable, puisque le président américain Théodore Roosevelt y avait séjourné en janvier 1943, lors de la Conférence de Casablanca.

Mais si la commission accorde souvent la protection du cachet historique en se fondant sur plusieurs critères comme l'historicité, l'authenticité et la valeur esthétique, il arrive aussi que certains bâtiments, qui ne méritent pas d’être classés, reçoivent un avis défavorable.

Bien qu'un classement n'empêche pas le propriétaire du bien de le revendre, ce dernier doit avertir le département de tutelle du changement de propriété car, dans certains cas, l'État a la priorité pour se porter acquéreur.

"Il est possible de déclasser un bâtiment, mais…"

Selon notre interlocuteur, une fois classé ou inscrit au patrimoine national, le bâtiment en question est protégé jusqu'à une éventuelle demande de déclassement. Toutefois, c'est une procédure très compliquée.

"En cas de grand projet de développement, lorsqu'une partie du monument historique empiète sur le chantier, plusieurs commissions se réuniront, mais il faudra que l’entité morale ou la personne physique qui a demandé son déclassement amène des justificatifs convaincants", précise notre source. Elle rappelle que les monuments classés au patrimoine mondial, comme les centre-villes de Rabat, Fès, Marrakech, Essaouira ou Tétouan, ne peuvent être déclassés que par l'UNESCO.

Une procédure qui aboutit très rarement pour ne pas détruire certains tissus urbains, à l'instar du quartier de l’Agdal à Rabat qui recelait de nombreuses villas remplacées par des immeubles.

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