Parcs nationaux. Comment le Maroc compte proposer une offre écotouristique attrayante

Afin d’attirer un million de visiteurs à l’horizon 2030 dans les parcs nationaux du Royaume, la stratégie “Forêts du Maroc” mise sur des investissements privés et la création de sociétés d’animations touristiques, tout en poursuivant les programmes de conservation en cours. Le point avec Abderrahim Houmy, directeur général de l’Agence nationale des eaux et forêts.

Parcs nationaux. Comment le Maroc compte proposer une offre écotouristique attrayante

Le 12 janvier 2024 à 12h11

Modifié 12 janvier 2024 à 17h15

Afin d’attirer un million de visiteurs à l’horizon 2030 dans les parcs nationaux du Royaume, la stratégie “Forêts du Maroc” mise sur des investissements privés et la création de sociétés d’animations touristiques, tout en poursuivant les programmes de conservation en cours. Le point avec Abderrahim Houmy, directeur général de l’Agence nationale des eaux et forêts.

Le Maroc regorge de sites naturels revêtant un grand intérêt à la fois biologique et touristique. Deux aspects étroitement liés, car pour développer une économie locale à travers l'écotourisme, la préservation de la diversité naturelle des parcs nationaux est indispensable. C’est la difficile équation que tente de résoudre la stratégie "Forêts du Maroc 2020-2030", portée par l’Agence nationale des eaux et forêts (ANEF).

L’idée consiste à positionner les parcs nationaux autour d'une offre attractive et complémentaire pour atteindre un million d'écotouristes d’ici 2030. À ce titre, l’ANEF mise sur "la création d’une marque 'Parc national', le marketing de ses produits et services labellisés, le développement d’une infrastructure adéquate et la mise en place de parcours naturels adaptés aux adeptes de la nature", annonce à Médias24 Abderrahim Houmy, directeur général de l’Agence. 

Dix parcs nationaux à protéger et valoriser 

Les parcs nationaux qui composent le réseau des aires protégées du Royaume occupent 1,1% du territoire. Creuset d’une biodiversité aussi rare que diversifiée (24.000 espèces animales et 7.000 espèces végétales), ils sont au nombre de dix et ont été créés selon la chronologie suivante : 

- le parc national de Toubkal, le plus ancien, créé en 1942 ; 

- le parc national de Tazekka (1950) ; 

- le parc national de Souss-Massa (1991) ;  

- le parc national d’Iriqi (1994) ;  

- les parcs nationaux d’Ifrane, de Talassemtane, du Haut Atlas oriental et d’Al Hoceima (créés en 2004) ;  

- le parc national de Khenifiss (2006) ;  

- le parc national de Khénifra (2008).

Un parc national est un espace protégé d’une superficie relativement grande, classé par décret conformément à la loi 22-07 relative aux aires protégées. Sa création a pour objectif de conserver des écosystèmes naturels de grande valeur biologique et écologique, au niveau national et international. 

À ne pas confondre avec une réserve naturelle. Bien qu’elle désigne également un espace protégé, la réserve naturelle a un périmètre plus restreint. Une réserve naturelle peut d’ailleurs se trouver au sein d’un parc, à l’image du Parc national de Toubkal, dont l’exploitation et la valorisation ne sont pas encore optimales eu égard à ses potentialités.  

"La valorisation se fera selon la vocation de chaque parc"

"La démarche retenue pour la valorisation de ces parcs consiste à développer leur fonction touristique tout en préservant leur biodiversité et environnement", indique Abderrahim Houmy. "La valorisation se fera selon la vocation de chaque parc", précise-t-il, "en encourageant l’investissement privé et l’accompagnement à la création de PME pour y investir et animer les circuits touristiques par de nouvelles activités, selon un entrepreneuriat innovant alliant tourisme, économie et biodiversité". 

La planification touristique au niveau de chaque parc repose sur les étapes suivantes : 

- la révision et la mise en place de zonage selon le concept de la nouvelle stratégie ; 

- l’aménagement des sites touristiques par le développement des accès (pistes, parkings), des aires d’accueil (mobilier, espace de restauration…), des centres d’information et d’orientation, des infrastructures d’animation nature et découverte ; 

- la conception d’une nouvelle offre écotouristique et le montage des produits écotouristiques avec les opérateurs privés : les sports de nature (escalade, accrobranche), les sports d’eau (pêche no-kill, canyonisme, kayak), la randonnée et la découverte (pédestre, équestre et VTT), l’observation de la faune… ;

- le montage de partenariats public-privé et public-public ; 

- le développement de l’accueil écotouristique et l’hébergement chez l’habitant : aménagement de bivouacs, appui à l’accueil chez l’habitant ; 

- la promotion et la commercialisation de l’offre écotouristique ;  

- le renforcement des capacités des opérateurs écotouristiques et l’animation territoriale des acteurs du tourisme au niveau local.

Un projet pilote de valorisation de ces lieux touristiques a été lancé en 2021, fruit d’une collaboration entre l’Agence nationale des eaux et forêts et la Société marocaine d’ingénierie touristique (SMIT).

Abderrahim Houmy, directeur général de l'Agence nationale des eaux et forêts.

Le Parc national d’Ifrane a été choisi à cet effet. "Un programme d’aménagement et de valorisation écotouristique est en cours de mise en œuvre sur la période 2023-2026 pour un budget de734 MDH, dont 93 MDH destinée à l’investissement privé", précise le directeur général de l’ANEF.  

Huit clusters ont été définis avec un ensemble d’actions qui concernent l’aménagement des sites d’accueil et des circuits, l’hébergement et la restauration, l’animation nature et l’expérience écotouristique.

"Un premier appel à manifestation a été lancé afin de faire concourir les investisseurs pour la réalisation des hébergements en plein nature, de l’animation et de la restauration au niveau de quatre clusters prioritaires identifiés", indique notre interlocuteur. 

Une pression anthropique à juguler 

La feuille de route mise sur l’implication des acteurs locaux, puisqu’ils auront un rôle crucial à jouer dans le développement écotouristique des parcs nationaux et la protection de leur biodiversité.

"Les programmes d’appui aux parcs nationaux par les partenaires techniques et financiers ont favorisé le développement d'entreprises locales liées à l'écotourisme, telles que des guides touristiques, des entreprises d'hébergement, des services de restauration et la vente de produits artisanaux. Cela stimule l'économie locale et favorise une répartition plus équitable des bénéfices économiques du tourisme", souligne Abderrahim Houmy. 

Toutefois, cette stratégie de développement risque d’augmenter la pression anthropique sur la faune et la flore des parcs nationaux. Plus il y a de touristes, plus le risque de dégradation augmente, comme c’est le cas dans le parc national de Toubkal, notamment le long des sentiers qui mènent au sommet. Raison pour laquelle, l’aménagement de chaque site touristique se fonde sur des principes de durabilité.

Concrètement, chaque parc bénéficiera d’un nouveau zonage adapté aux contextes environnementaux et sociaux actuels. Ce zonage est divisé en une zone cœur et une aire d’adhésion. La zone cœur concerne des espaces relativement grands, formant des continuités écologiques nécessaires au maintien de l’intégrité des écosystèmes, à la connectivité des espèces et leurs habitats naturels. 

L’aire d’adhésion favorise quant à elle le développement de processus d’implication et de participation des acteurs locaux à la démarche du parc, "à travers des projets d’infrastructures écotouristiques nécessaires à la valorisation du parc, soulageant ainsi la pression sur les cœurs de parc", souligne le directeur général de l'ANEF.  

Un zonage à accès limité

Sur le terrain, le programme de gestion spécifique pour la zone cœur a pour but de maintenir, restaurer et développer les fonctionnalités écologiques et les grands équilibres naturels. Pour ce faire, "les zones cœurs sont soumises à une réglementation plus stricte que les zones d’adhésion", affirme Abderrahim Houmy. 

"Certaines activités humaines peuvent être limitées ou interdites, afin de s’assurer de leur compatibilité avec la préservation du patrimoine naturel, culturel et paysager", explique-t-il. 

Voici les programmes de conservation en cours de mise en œuvre : 

- le programme de conservation des espèces menacées/disparues, englobant des opérations de renforcement, de réintroduction et de suivi de la faune emblématique, tels les ongulés sauvages, le singe magot, les petits félins, les oiseaux emblématiques et les rapaces ; 

- le programme de restauration des habitats naturels impliquant les communautés locales, à l’instar des opérations de reboisement, de régénération assistée ou de mise en défens ;   

- le programme de conservation et de restauration des milieux humides, qui comprend l’aménagement des bassins versants et les plans d’action intégrés des zones humides.

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