Billetterie digitale. Guichet.com cherche à lever 50 MDH et à ouvrir de nouveaux marchés en Afrique et en Europe

La startup Guichet.com cherche à lever des fonds pour accélérer son développement et confirmer la pertinence de son business model. Chiffres, stratégie, objectifs 2024 et 2025... Le point avec son fondateur et directeur général Ahmed Tawfik Moulnakhla.

Billetterie digitale. Guichet.com cherche à lever 50 MDH et à ouvrir de nouveaux marchés en Afrique et en Europe

Le 2 janvier 2024 à 16h52

Modifié 2 janvier 2024 à 18h02

La startup Guichet.com cherche à lever des fonds pour accélérer son développement et confirmer la pertinence de son business model. Chiffres, stratégie, objectifs 2024 et 2025... Le point avec son fondateur et directeur général Ahmed Tawfik Moulnakhla.

50 millions de dirhams. C’est le montant cible que cherche à lever la startup Guichet.com afin d’accélérer son développement.

"Le potentiel du secteur est grand. Depuis le début, j’avais cette vision d’un vaste marché contrairement à nos concurrents. Après cinq ans d’existence, nous avons prouvé que le marché existe bel et bien et qu’il est porteur", nous assure Ahmed Tawfik Moulnakhla, directeur général de Guichet.com, le pitch bien rodé.

Celui qui cherche à ouvrir son capital pour la troisième fois opère sur le secteur de la billetterie digitale pour tous types d’événements culturels et sportifs. Il a, à ce jour, déjà rencontré une dizaine de fonds d’investissement marocains et étrangers. A-t-il trouvé son ou ses heureux élus ? Pas encore. Le parcours n’est pas aussi aisé qu’on pourrait le penser. Les capitaux étrangers ont certaines exigences auxquelles n’adhèrent pas tous les startupers marocains, comme avoir une holding-mère domiciliée à l’étranger. Les Marocains, eux, trouvent le ticket un peu cher. Pour boucler l’objectif de la levée des 50 MDH, il faut donc constituer un consortium.

Le tour de table est actuellement constitué du fondateur Ahmed Tawfik Moulnakhla, d’un business angel qui a volé au secours de la startup pendant la période Covid, et de la CDG auprès de laquelle le fondateur a levé 3 MDH via le fonds 212Founders. Confiant en son business model, qu’il nous a détaillé deux heures durant, Ahmed Tawfik Moulnakhla cherche à réaliser cette nouvelle levée pour aller plus vite. Pour lui, le potentiel marché est là au Maroc et sur le continent, le business model est éprouvé... Ne manquent que les moyens de concrétiser les ambitions.

Objectif 2024 : près de 20 MDH de commissions

En 2024, Ahmed Tawfik Moulnakhla ambitionne d’atteindre 20 millions de dirhams de chiffre d’affaires net. Les commissions de Guichet.com oscillent entre 7 et 20% (frais CMI inclus) en fonction des segments

Sur les 20 MDH ciblés, près de 4 millions seront issus de l’activité voyage et 6 millions de l’activité cinéma. Deux nouveaux segments qu’il compte développer au cours de l’année prochaine.

"Nous avons déjà commencé la commercialisation des packs voyage avec la CAN 2023 mais nous ne comptons pas nous limiter aux packages foot ; nous voulons proposer des voyages vers diverses destinations avec les agences de voyage partenaires", détaille encore le directeur général de l’entreprise.

Et de nous confier : "Pour le segment cinéma, nous sommes en train de finaliser un accord de partenariat avec un grand opérateur pour avoir l’exclusivité de commercialisation des billets de l’ensemble de son réseau". Le deal est quasiment bouclé. L’annonce sera faite dans les prochaines semaines.

Pour notre interlocuteur, c’est un pas important vers la diversification des segments commercialisés et des sources de revenus.

"Contrairement à ce que les gens pensent, la billetterie sportive ne représente pas l’essentiel de notre chiffre d’affaires", avance Ahmed Tawfik Moulnakhla. Et pour le prouver, il nous ouvre ses livres. "En 2022, le foot n’a représenté que 48% de nos recettes. Ce taux a été ramené à 37% en 2023", explique-t-il. La raison ? "La montée en charge du segment culture, mais aussi les perturbations survenues pendant la saison (matchs sans public, fermeture du stade Mohammed V)".

En 2022, la startup a généré près de 94 MDH de ventes dont 8 millions de dirhams de CA net. Les chiffres à fin octobre 2023 font état de 70 MDH de ventes dont 6 millions en termes de commissions. "Nous prévoyons de finir l’année avec des chiffres en léger retrait car il y a eu des évènements particuliers qui ont impacté l’activité de divertissement (le séisme, la guerre à Gaza, la fermeture de certains stades)", nous explique le directeur général de Guichet.com.

Depuis sa création, soit en cinq ans, Guichet.com a :

  • généré plus de 217 millions de dirhams de volumes d’affaires ;
  • vendu 2,5 millions de tickets ;
  • généré plus de 17,7 millions de dirhams de commission (CA propre à Guichet.com).

Le sport, un segment parmi d’autres

La vie de l’entreprise au cours de ces cinq années n’a pas été un long fleuve tranquille. "La première année [2018, ndlr], nous avons développé notre plateforme et avons commencé à tester le marché." Mais la jeune pousse va se heurter à un problème de taille : un des premiers évènements que la startup a la chance de commercialiser et pour lequel elle a vendu 4.000 tickets, est annulé.

Un coup de massue pour le jeune entrepreneur et son entreprise qui essaient de se frayer un chemin dans un segment balbutiant et qui n’inspire pas confiance. Que faire ? "J’ai envoyé un mail aux acheteurs pour leur dire qu’ils seraient remboursés, et nous avons effectivement remboursé les 4.000 tickets", se rappelle Ahmed Tawfik Moulnakhla. "Un mal pour un bien", commente-t-il aujourd’hui, "car nous avons gagné de la notoriété et surtout de la crédibilité et la confiance des acheteurs".

En 2019, l’entreprise multiplie les grands évènements. Elle commercialisera les billets de Mawazine, du Festival de Fès des Musiques sacrées, d’Oasis Festival, le Marrakech du Rire...

En juillet de cette année, Guichet.com commercialise son premier match de foot. "Notre solution a trouvé écho auprès de la direction du Raja de l’époque. Nous avons obtenu la commercialisation de 10% de la billetterie comme test", se souvient ce mordu du foot. Pour l’anecdote, c’est sa passion pour le foot et les difficultés rencontrées pour acheter le ticket qui avaient fait naître l’idée de ce projet.

L’expérience sur le segment du sport n’est pas sans difficulté pour plusieurs raisons : l’obligation d’avoir un ticket physique sécurisé, un public spécifique parfois jeune ou non bancarisé, un lourd héritage de pratiques qui ont la peau dure, etc. Pour résumer l’expérience sur ce segment, Ahmed Tawfik Moulnakhla avance : "Nous avons accès à la vente de tickets mais pas au contrôle à l’entrée des stade ; c’est au niveau de cette phase que certains problèmes se posent". Il ne s’étalera pas davantage sur le sujet. Cela dit, le potentiel reste important, surtout avec la perspective de l’organisation de la CAN, puis de la Coupe du monde 2030. Des compétitions qui promettent de changer le visage des infrastructures sportives du pays.

Après une année 2019 prometteuse, la séquence Covid brise la dynamique de la jeune entreprise. "Nous étions cinq collaborateurs quand la crise sanitaire a éclaté. J’ai tout fait pour maintenir la boîte en vie. Nous avons résisté en mettant en place quelques mesures mais surtout grâce à l’entrée d’un business angel et à l’introduction de la vente de produits de merchandising", nous raconte le jeune fondateur.

Il profite de cette période pour faire évoluer la solution IT. Lors de la reprise des activités en 2021, l’entreprise est prête pour profiter pleinement de l’effet de rattrapage

En 2022, la startup s’internationalise en lançant ses activités au Sénégal. "Un marché mature avec un grand potentiel. D’ailleurs, depuis notre entité sénégalaise, nous desservons la Côte d’Ivoire également".

L’Afrique francophone et l’Europe, nouveaux terrains de jeu

Ahmed Tawfik Moulnakhla estime le potentiel du marché du divertissement sur l’Afrique francophone et le Maroc à plus de 49 milliards de dirhams. Lui qui revendique 90% du marché de la billetterie en ligne au Maroc espère bien maintenir son avance dans le Royaume et sur le continent.

"Guichet.com n’est pas qu’une plateforme de vente de billets en ligne ; nous sommes devenus prescripteurs et conseillons et accompagnons les faiseurs de marchés. A ce stade, nous avons géré plus de 6.000 évènements et nous poursuivons le développement. Nous avons contribué à éduquer le marché et à créer un écosystème avec un modèle économique qui fonctionne. Des producteurs qui faisaient deux ou trois dates par trimestre, font désormais jusqu’à vingt dates par mois", poursuit-il.

"Notre ambition à l’horizon 2025, c’est d’être leader dans 12 pays africains. Nous ciblons des pays où nous pouvons être leader rapidement", nous explique-t-il.

Ahmed Tawfik Moulnakhla ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. En plus de l’Afrique francophone, il cible le marché français. La startup marocaine n’a pas de complexe à cibler ce marché, considéré comme mature et avec des opérateurs bien installés. A-t-il les armes pour faire face à la concurrence ? "Nous sommes une vraie marque marocaine qui a pris le meilleur de tous les ténors internationaux pour construire un modèle complet", argumente-t-il. Et de conclure : "Je connais le marché français, je pense qu’il y a une place à prendre et à confirmer avant de se tourner vers d’autres marchés européens."

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