Complexité des circuits de distribution, multiplication des intermédiaires... augmentent les prix des fruits et légumes

De nombreux facteurs impactent les prix des produits agricoles, qui continuent d’augmenter au fil des mois, malgré le ralentissement de l’inflation. Selon les conclusions d’une mission exploratoire lancée par la commission des secteurs productifs, le principal facteur reste la désorganisation du secteur de la distribution. Détails.

Complexité des circuits de distribution, multiplication des intermédiaires... augmentent les prix des fruits et légumes

Le 6 décembre 2023 à 13h24

Modifié 6 décembre 2023 à 16h58

De nombreux facteurs impactent les prix des produits agricoles, qui continuent d’augmenter au fil des mois, malgré le ralentissement de l’inflation. Selon les conclusions d’une mission exploratoire lancée par la commission des secteurs productifs, le principal facteur reste la désorganisation du secteur de la distribution. Détails.

Le récent ralentissement de l'inflation sur une année à 4,3%, constaté en octobre 2023, ne signifie pas une baisse des prix, notamment des produits alimentaires qui continuent d’augmenter d'un mois à l'autre. Cette hausse constante peut s'expliquer par plusieurs facteurs, dont le plus important relève des failles du secteur de la distribution.

Deux circuits de distribution compliqués

C’est ce que démontrent les conclusions, consultées par Médias24, de la mission exploratoire chargée de s’enquérir de la distribution et de la commercialisation des produits agricoles, lancée par la commission des secteurs productifs au sein de la Chambre des représentants.

Parmi les principaux objectifs de celle-ci : expliquer les causes qui provoquent l’augmentation des prix de ces produits durant les différentes étapes de leur distribution et de leur commercialisation. Pour répondre à cette question, de nombreuses rencontres ont été tenues par les membres de la commission avec des représentants des ministères de l’Industrie, de l’Agriculture, de l’Intérieur et du Transport et de la logistique, qui se sont accompagnées de visites de différents marchés de gros et de marchés hebdomadaires.

Le premier élément qui ressort de ces investigations a trait au circuit de la distribution et de la commercialisation des produits agricoles. Selon un représentant du ministère de l’Industrie, il y en a deux :

- Le premier démarre au niveau des importateurs, pour passer ensuite par les producteurs et les semi-grossistes, et aboutir chez les commerçants locaux, puis chez le consommateur final.

- Le second, quant à lui, démarre chez les producteurs, pour passer par les intermédiaires, puis les grossistes ou d’autres intermédiaires, les distributeurs locaux, pour aboutir enfin chez le consommateur final ou à l’export.

"Ces deux circuits sont compliqués et connaissent l’intervention de plusieurs intermédiaires, impactant ainsi négativement l’agriculteur et le consommateur final", estime la même source. En d’autres termes, la multiplication des intermédiaires et la complexité de ces deux circuits engendrent des coûts supplémentaires, supportés par l’agriculteur et le consommateur.

Un seul marché de gros de fruits et légumes à Casablanca, qui fournit tout le Royaume

L’organisation actuelle du réseau national de distribution des fruits et légumes est l’autre facteur qui impacte les prix des produits agricoles. D’après le représentant du ministère de l’Industrie, sondé par les élus de cette mission exploratoire, le Royaume compte à ce jour 38 marchés de gros, dont 32 marchés de consommation de proximité, 5 marchés de production ou sous forme de bassins de production tels que celui de Berkane, et un seul marché de gros de fruits et légumes à Casablanca, qui fournit toutes les régions du Maroc.

Cette même source relève ainsi un déséquilibre dans la couverture territoriale en termes de marchés de gros, dans la mesure où dans certaines régions leur nombre est très élevé, tandis qu’ils sont inexistants dans d’autres. Pire encore, certains marchés se trouvent dans des zones où il n’y a plus de rassemblements résidentiels, ce qui réduit leur rendement et empêche l’arrivée des produits aux consommateurs.

L’objectif du gouvernement, dans le cadre de la stratégie Génération Green, est de mettre en place 34 marchés nationaux, dont 12 marchés de gros, soit un marché par région. Cinq doivent être financés par la Banque mondiale. Une telle réorganisation permettra de faire face au déséquilibre actuel et de rapprocher les produits des consommateurs, ce qui réduirait l’intervention des intermédiaires, et par conséquent les prix.

Le ministre de l’Agriculture, interpellé également dans le cadre de la mission, dénonce pour sa part l’existence de supermarchés, qui posent la problématique de la hausse des prix, à laquelle il n’y a pas d’issue légale.

Une grande désorganisation au sein même des marchés de gros

Le représentant du ministère de l’Industrie pointe par ailleurs la croissance du secteur informel et la désorganisation au niveau des marchés de gros. Selon lui, "les commerçants vendent leurs produits à l’extérieur, une pratique qui entraîne une augmentation de la demande, une baisse de l’offre et, par ricochet, une hausse des prix de vente au client final".

Cette pratique est toutefois encouragée par le mode de gestion actuel. Les marchés de gros sont délégués aux mandataires, qui doivent se charger de leur gestion et de la commercialisation des produits agricoles. Mais, sur le terrain, il n’en est rien, selon la présente enquête. Les commerçants et producteurs se retrouvent donc à payer une taxe de 7% sur le poids total de leur marchandise, quelle que soit sa nature, sans aucun service en contrepartie. Ils préfèrent alors rester à l’extérieur pour augmenter leurs marges et réduire leurs charges. Cette mission estime à 70% la part des produits agricoles vendus à l’extérieur des marchés de gros.

Interpellé également dans le cadre de cette enquête, le ministère de l’Intérieur évoque quant à lui la multiplication des intermédiaires, qui prélèvent leurs marges, ce qui produit également une explosion des prix. Ces intermédiaires sont toutefois régis par une loi et ne peuvent être éradiqués. Les lois en vigueur peuvent en revanche faire l’objet de modifications pour verrouiller davantage le marché.

Sur ce volet, le ministre de l’Agriculture dénonce également l’impossibilité de contrôler les ressources des intermédiaires, ce qui impacte négativement l’agriculteur en premier lieu, et le consommateur en second lieu.

Un produit à des prix différents sur le même marché

Par ailleurs, lors d'une visite organisée au marché de gros de Casablanca, toujours dans le cadre de cette enquête, les élus ont relevé une grande différence de prix entre des produits identiques, à l’intérieur du même marché. Le prix diffère ainsi d’un endroit à l'autre à l’intérieur d'un même marché, mais aussi entre les produits vendus dans les camions ou sur le sol, ou encore à l’intérieur des magasins.

Parmi les produits ayant attiré l’attention des élus, figure la carotte, dont le prix variait de 1,50 DH à 2,50 DH/kg à l’intérieur du marché de gros de Casablanca, et qui était vendue à 4 DH au client final.

Il en est de même pour les aubergines, vendues entre 1 DH et 1,50 DH/kg à l’intérieur du même marché, contre 4 DH au consommateur final.

Enfin, l’autre facteur qui affecte le prix des produits agricoles est lié à leur perte durant le transport. Le taux de cette perte, estimé entre 20% et 30% par le rapport de cette mission, est supporté par le consommateur final.

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