Tourisme : le ralentissement commencé en novembre se confirme et impacte l'activité

Selon plusieurs grands opérateurs, les événements au Proche-Orient ont commencé à impacter négativement le secteur du tourisme depuis le mois de novembre. Reconnaissant que la baisse d’activité devrait se poursuivre en décembre, le président de la FNIH reste toutefois optimiste. Selon Lahcen Zelmat, le Maroc est une destination résiliente qui devrait rebondir à partir de février 2024.

Tourisme : le ralentissement commencé en novembre se confirme et impacte l'activité

Le 4 décembre 2023 à 18h23

Modifié 4 décembre 2023 à 18h49

Selon plusieurs grands opérateurs, les événements au Proche-Orient ont commencé à impacter négativement le secteur du tourisme depuis le mois de novembre. Reconnaissant que la baisse d’activité devrait se poursuivre en décembre, le président de la FNIH reste toutefois optimiste. Selon Lahcen Zelmat, le Maroc est une destination résiliente qui devrait rebondir à partir de février 2024.

En attendant de connaître les chiffres officiels du secteur réalisés au mois de novembre, Médias24 a sollicité plusieurs sources fiables qui notent un reflux sérieux du nombre de réservations hôtelières durant cette période. Celle-ci avait pourtant bien commencé à la suite des Assemblées générales annuelles du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale à Marrakech, qui ont eu lieu juste après les attaques du Hamas perpétrées contre Israël le 7 octobre dernier.

"Au moins 30% de réservations en moins par rapport à décembre 2022"

Que ce soit en termes d’arrivées ou de taux d’occupation, tous nos interlocuteurs indiquent que le ralentissement de l'activité touristique a commencé en novembre, alors qu’octobre avait réalisé de très bons chiffres.

"Cette baisse est en train de se confirmer pour le mois de décembre, qui se présente plutôt mal par rapport aux années précédentes", se désole un membre de la Confédération nationale du tourisme (CNT), qui tient à préciser que tous ses confrères, qui possèdent ou gèrent des établissements classés, sont touchés par ce phénomène, y compris les palaces d'habitude préservés des répercussions géopolitiques.

Cette baisse du niveau des réservations, qu’il évalue a minima à 30%, s’explique selon lui par la poursuite de "la guerre à Gaza", qui pousserait de nombreux touristes étrangers à fuir le monde arabo-musulman et à opter pour des destinations en Europe, voire à rester chez eux.

"Un taux d’occupation hôtelier menacé"

Cet opérateur confie n’avoir aucune visibilité quant aux réservations à venir pour les fêtes de fin d’année, qui ont toujours affiché complet, y compris lors des trois éditions en période de crise sanitaire (2020-2021-2022). Il espère toutefois que le last minute et les arrivées des touristes nationaux permettront de minimiser les pertes et de sauver la fin de l'année.

Devant notre insistance, ce grand hôtelier, qui possède plusieurs établissements à Marrakech, évoque un taux maximal d’occupation de 40% contre une moyenne de 70% pour l’ensemble du mois de décembre durant la dernière décennie.

"Un effondrement" que notre source explique notamment par l’envoi, à leurs ressortissants, de notes d’avertissement des ministères occidentaux des Affaires étrangères, qui les mettent en garde contre les risques encourus lors d’un éventuel séjour dans les pays du monde arabo-musulman.

En d’autres termes, les touristes étrangers qui hésitent ou annulent leurs séjours au Maroc craignent d’être pris à partie dans la rue par la population. De tels comportements n’ont pourtant jamais eu lieu lors des précédents conflits au Moyen-Orient.

"L’éventualité d’une crise durable dépendra de la poursuite du conflit au Proche-Orient"

Affirmant que le marché émergent américain n'est plus qu’un souvenir, notre interlocuteur pense toutefois qu’il faudra attendre le mois de janvier pour connaître le niveau de désaffection et savoir si le secteur traverse une nouvelle crise durable après celle survenue pendant la pandémie. Rappelons en effet que l'Organisation mondiale du tourisme (OMT) parle d'un nécessaire délai minimal de trois mois avant d'accoler le qualificatif de crise.

"En réalité, l’ensemble de la profession redoute l’impact du conflit actuel sur les décisions d’achat de voyages des clients français, qui constituent depuis toujours le premier marché émetteur du Maroc", déclare l’opérateur, évoquant cependant "un début de crise qu’il faut prendre au sérieux".

Optimiste sur "la résilience du secteur, qui en a vu d’autres", l'opérateur pense que le Maroc parviendra, malgré le ralentissement actuel et celui à venir, à réaliser son objectif de recevoir 14 millions de touristes grâce à la dynamique positive qui s’est interrompue à la fin du mois d’octobre dernier.

Les arrivées de MRE lors des fêtes de fin d’année permettront d’y parvenir, souligne-t-il, rappelant "l’urgence absolue" de construire un palais des congrès à Marrakech, pour faire en sorte que le tourisme d’affaires puisse remédier aux éventuelles carences du tourisme de séjour.

"La médiatisation déformée en Occident fait du tort à notre secteur"

Sollicité à son tour, le président de la Fédération nationale de l’industrie hôtelière (FNIH), Lahcen Zelmat, confirme les craintes de ses confrères. Confrontés à une situation d’attentisme comme l’ensemble des opérateurs touristiques de la planète, ils espèrent la fin du conflit actuel pour pouvoir rebondir.

"Alors que nous sommes à 6.000 kilomètres du conflit, les médias occidentaux, dans le but d’augmenter leurs audiences, déforment, voire exagèrent les manifestations légitimes de soutien à la Palestine par le peuple marocain, ce qui a pour effet de décourager ceux qui hésitent", explique Lahcen Zelmat. Selon lui, le simple fait d’appartenir au monde arabo-musulman devient synonyme, à tort, de risque pour la sécurité des ressortissants européens ou américains.

Mettant en avant la stabilité du Maroc, le patron des hôteliers affirme que la désaffection actuelle est surtout l’occasion de revenir sur la nécessité de diversifier les marchés étrangers et de renforcer le réseau aérien international du Maroc pour ne plus dépendre de ceux qui pourraient être influencés par leurs médias.

Se montrant rassurant pour les marchés étrangers qui devraient, selon lui, rebondir à partir de février 2024, le responsable affirme que le Maroc est un pays où coexistent harmonieusement toutes les religions depuis des siècles, et que son indiscutable soutien à la cause palestinienne ne doit pas être l'occasion pour certains médias, en quête d'audience, de le mettre sur le même plan que des pays résolument anti-occidentaux comme l’Iran.

Quoi qu'il advienne, il faudra attendre fin janvier pour savoir si le secteur touristique traverse une nouvelle crise durable...

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