Chaque rendez-vous est une promesse, chaque match est à gagner. Ce mardi 21 novembre (20 h, GMT+1) à Dar Es Salaam, en Tanzanie, l’affiche Tanzanie-Maroc n’aura certes pas le piment d’un sommet, mais elle promet une opposition à l’adversité relevée qu’il faudra gagner et surtout ne pas perdre. L'idée est de lancer sur de bons rails cette campagne de qualification à la Coupe du monde 2026, où la marge d'erreur est encore plus réduite suite au forfait de l'Erythrée dans le groupe E. 

Depuis la formidable épopée du Mondial 2022 au Qatar, l’équipe nationale se sait attendue aussi bien par ses supporters que par ses adversaires. Elle porte la prestigieuse étiquette de l’adversaire à battre. La Tanzanie ne devrait pas déroger à cette règle, surtout que les Taifas Stars surfent sur une dynamique positive comme en témoigne leur succès au Niger (1-0), lors de la première journées des qualifications.

Cette victoire ponctue une série d’invincibilité qui dure depuis quatre matchs."Aujourd’hui, il y a beaucoup d'équipes qui veulent battre le Maroc après la prestation des Lions de l’Atlas lors de la Coupe du monde 2022", précise d’emblée à Médias24, Patrick Cordoba*, formateur, entraineur et ex-directeur du centre de formation du Raja de Casablanca. 

"Les Marocains sont attendus sur le plan de la performance et du résultat, surtout contre des équipes qui sont supposées être d’un standing inférieur, car ils sont dans le gratin du football continental et même mondial", ajoute le technicien. 

Un adversaire qui n'est pas pris à la légère

Si elle a offert au Maroc un standing élevé, l’aventure au Qatar ne doit pas pour autant être le creuset d’une certaine suffisance et d’un trop plein de confiance.  "C’est un match qu’il faut gagner et prendre au sérieux car dans le football moderne, il n’y a plus de petites équipes. De nos jours, tout le monde travaille bien et possède un staff élargi, des analystes vidéos...Les joueurs sont mieux préparés physiquement, tactiquement et mentalement", insiste le technicien français.  

"On ne considère pas l'équipe de Tanzanie comme inférieure", a d’ailleurs souligné le sélectionneur national, lundi 20 novembre, lors de la Conférence d’avant-match. Conscient que les joueurs tanzaniens seront "surmotivés car c'est le match de l'année pour eux", M. Regragui assure qu'il n'y a plus de match facile. 

"La concentration est primordiale pour obtenir un résultat positif. Les éléments qui joueront demain donneront le maximum pour ramener un résultat positif. Le staff et les joueurs marocains sont prêts et connaissent leur responsabilité", affirme-t-il. 

Un taux d'humidité élevé

Préparation physique, athlétique, mentale… le staff de l’équipe nationale ne laisse rien au hasard. Toutefois, certains éléments sont à même de perturber cette préparation millimétrée. 

Sachant que la majorité des internationaux marocains évoluent sur le vieux continent, d'autres obstacles attendent le Maroc, notamment des conditions “qui ne seront pas faciles ou du moins pas les mêmes qu’au Maroc, en Europe ou lors de la Coupe du monde 2022, où les joueurs sont sur du velours que ce soit au niveau de la pelouse ou du climat", prévient M. Cordoba.

Le titulaire du Brevet d’entraineur formateur de football en connaît un rayon, après avoir obtenu la qualification de l’équipe nationale féminine à la Coupe du monde U17, sur des terrains difficiles et dans des conditions climatiques parfois dantesques. Justement, en parlant de météo, des pluies sont attendues toute la journée et même ce soir à Dar Es Salaam. Au coup d’envoi, il fera 27 degrés et le taux d’humidité atteindra les 83%.

Cela dit, jusqu’à présent, Walid Regragui a rarement déçu. Il n’y aucune raison pour que ça s'arrête.

"Le sélectionneur est également conscient des obstacles qui se dresseront sur son chemin et il préparera les joueurs et son équipe en fonction. Il y a assez de talent au Maroc pour l’emporter", souligne Patrick Cordoba. Pour ce faire, Saïss and Co devront faire sauter le verrou d’une équipe qui ne fait pas de la possession du ballon une obsession (40%).

Quel que soit le système utilisé, notamment une défense à quatre ou à cinq, elle se caractérise par une solidité défensive, encaissant un seul but lors des quatre derniers matchs. 

Seuls 12% des tirs que les Tanzaniens concèdent sont cadrés. Preuve de l’inconfort où le bloc équipe met les attaquants adverses (0,78 xG contre). La capacité des Lions de l’Atlas à trouver des bonnes positions de tirs sera primordiale. Au même titre que le contrôle de l’entrejeu.

Richardson pour assurer un équilibre physique et tactique

En ce sens, la titularisation du longiligne Amir Richardson au côté de Sofyan Amrabat ne serait pas une mauvaise idée. Son QI football a fait des ravages en Ligue 2 l’année dernière. Il a été l’un des instigateurs de la montée du Havre à l’étage supérieur. Le Marocain, aux origines américaines et natif de Nice où il a été formé, semble taillé pour le haut niveau. 

Titulaire dès le début de saison avec Reims (Ligue 1), le milieu de terrain surprend les observateurs par sa maturité dans le jeu. Avec une gestuelle qui ressemble à s’y méprendre à celle de Rodri (Man City) - l’actuel meilleur milieu défensif au monde -, Richardson fait également preuve d’une grande maîtrise technique dans les petits espaces. 

Patrick Cordoba, à l’origine de la détection de deux internationaux marocains à Istres, notamment Fouad Chafik et Khalid Boutaib, porte un regard aiguisé sur l’évolution d’un néo-international A, qu’il a dirigé du temps où le formateur était à la tête des U17 de l’OGC Nice.

"Quand je suis arrivé, il avait déjà beaucoup de qualité. C’était un bon joueur de football. Très technique, capable de faire des différences. Il est fort dans le duel. Il faisait partie des bons joueurs que j’avais. Cela dit, les bons joueurs ne manquent pas", indique notre interlocuteur. 

Et d'ajouter : "Après c’est le mental qui fait la différence. D’ailleurs il a décidé de partir au Havre pour mieux s’exprimer et avoir un peu plus de confiance en lui. Ce changement lui a permis de mûrir et de se remettre en question. Ce qui l’a sans doute aidé pour franchir un palier".

Maintenant qu’il a mis les pieds en Ligue 1 et qu’il a été déterminant pour la montée du Havre à l'échelon supérieur, "il a pris conscience des exigences du football professionnel", assure Patrick Cordoba. Pour Richardson, il ne lui manque plus qu’à assumer son nouveau statut avec l’équipe nationale, ce soir face à la Tanzanie, du moins si le sélectionneur lui en donne l’occasion. 

* Installé au Maroc depuis trois ans, l'entraîneur-formateur, Patrick Cordoba, a pour principale fait d’arme d’avoir qualifié l’équipe nationale féminine de U17 pour la dernière édition de la Coupe du monde. Il a une expérience et une expertise aussi bien en matière de football féminin que masculin.