Après l’installation de plusieurs grands constructeurs étrangers de véhicules au Maroc et l’extraordinaire développement d’un écosystème automobile qui a suivi, l’avocat d’affaires Nassim Belkhayat nous déclare avoir voulu concevoir la première marque nationale d'un véhicule qui, à terme, sera entièrement constitué d'éléments produits au Maroc.

"Un taux d’intégration de 65% qui passera à 100% grâce à la hausse des ventes"

Avant d'être en mesure d'acquérir les composants restants sur place, NEO est, selon lui, parvenu à un taux d’intégration de 65% grâce aux composants fournis par ses 43 sous-traitants installés à Casablanca, Rabat, Kénitra et Tanger.

Pour les 35% de composants restants qui doivent toujours être importés, notre interlocuteur explique que son entreprise n’a pas encore les moyens de les faire fabriquer au Maroc. Il cite l'exemple d'un simple phare qui coûterait 500.000 euros en frais de développement, auxquels il faut ajouter 4 millions d'euros pour l’outillage industriel nécessaire pour le produire.

"Dès que l’on atteindra un certain volume de ventes qui permettra d’amortir ces frais, nous encouragerons des usines à venir fabriquer au Maroc les pièces importées et pourrons alors atteindre un taux d’intégration de 100 %", explique l’industriel.

"La NEO a pour ambition de devenir une voiture populaire"

Sur la cible commerciale, Belkhayat déclare que son entreprise qui compte 80 employés a voulu créer un véhicule populaire et économique qui se distinguerait de la concurrence par son utilisation polyvalente lui permettant de séduire une clientèle de jeunes, de familles et de professionnels.

Citant la Volkswagen coccinelle des années 40 qui était devenue la voiture du peuple en Allemagne, la NEO a, selon lui, vocation à répondre aux attentes des utilisateurs du lundi au dimanche à savoir pour travailler, sortir le soir, aller en week-end ou même voyager sur de longues distances.

Hormis sa fonction de transport classique, le fondateur de l’entreprise décrit un véhicule modulaire doté d’un hard top (toit) escamotable facilement par les particuliers.

La NEO peut aussi se transformer en véhicule utilitaire de type pick-up avec un autre hard top de type partner disponible dans le commerce et avec une banquette arrière rétractable permettant de gagner tout l’espace destiné aux passagers arrière.

Disposant d’un stock de quelques dizaines de véhicules prêts à être commercialisés, NEO a, selon lui, déjà réalisé 50% de commandes auprès de particuliers de tout âge et le reste auprès d’entreprises qui ont besoin de ce type de véhicule pour leur personnel.

"La commercialisation et le SAV de la NEO seront délégués"

Concernant la commercialisation prévue fin novembre, le constructeur révèle qu’elle commencera dans un Flag Shipstore (magasin amiral) puis par l’intermédiaire de réseaux existants de professionnels indépendants. Ces derniers seront chargés de distribuer les véhicules de la marque au prix de 175.000 dirhams pour une motorisation essence de 3 cylindres et de 185.000 dirhams pour un 4 cylindres.

Idem pour le service après-vente qui sera confié à l’entreprise Speedy spécialisée en entretien et réparation rapide avec la création de centres NEO agréés présents dans 15 grandes villes du Maroc.

Equipée d’un moteur de Peugeot 208 et de pièces disponibles partout au Maroc, la NEO qui comporte très peu d’électronique, hormis un écran permettant de dupliquer les numéros de téléphone, "ne posera par conséquent aucun problème de service après-vente à nos clients", affirme Belkhayat en précisant avoir opté pour un concept de voiture basique qui soit facile à entretenir.

"Un projet qui s’inscrit dans la volonté du Maroc de privilégier sa souveraineté industrielle"

A la question de savoir s’il n’a pas pris un risque en mettant sur le marché un véhicule qui n'a aucune histoire, notre interlocuteur affirme que la pandémie et la qualification du Maroc en demi-finale de la Coupe du monde ont développé un sentiment inédit de préférence nationale chez les Marocains.

NEO a donc voulu s’inscrire dans ce phénomène qui a commencé après la crise sanitaire et qui a encouragé le Maroc à privilégier la souveraineté industrielle pour ne plus dépendre de l'étranger.

"Suivre l'exemple des constructeurs chinois"

Ne voulant pas se limiter à ce marché qui ambitionne d’écouler à partir de la 1^ère année 3.000 véhicules à énergie fossile, Belkhayat précise que NEO travaille en parallèle depuis plusieurs années sur le concept de véhicules électriques pour booster le Made in Morocco dans ce créneau d’avenir.

Une nécessité industrielle quand on sait, selon lui, que le Maroc se positionne comme un futur constructeur de batteries qui représentent plus de 35 % de la valeur d'un véhicule électrique.

Tout en étant optimiste sur la réussite de l’aventure NEO et en reconnaissant que son entreprise n'a pas inventé la roue, notre interlocuteur cite l’exemple des constructeurs chinois qui sont devenus des acteurs incontournables de l’industrie automobile alors que tout le monde pensait qu'ils ne faisaient que de la mauvaise qualité.