Le pétrole s’effondre à l’international : quel impact sur les prix à la pompe au Maroc ?

Après avoir atteint des sommets durant l’été, les prix du baril sont tombés ce jeudi 9 novembre sous les 80 dollars. Cet effondrement de l’or noir est une bonne nouvelle pour les Marocains, puisqu’il entraînera dans son sillage la chute des prix des carburants importés par les distributeurs et, par ricochet, celle des prix à la pompe.

Le pétrole s’effondre à l’international : quel impact sur les prix à la pompe au Maroc ?

Le 9 novembre 2023 à 17h43

Modifié 9 novembre 2023 à 19h03

Après avoir atteint des sommets durant l’été, les prix du baril sont tombés ce jeudi 9 novembre sous les 80 dollars. Cet effondrement de l’or noir est une bonne nouvelle pour les Marocains, puisqu’il entraînera dans son sillage la chute des prix des carburants importés par les distributeurs et, par ricochet, celle des prix à la pompe.

Sur le marché du pétrole, les données économiques de plus en plus négatives semblent avoir pris le dessus sur les données géopolitiques. Naviguant en juillet dernier sous les 80 dollars, l’or noir avait connu une forte hausse entre août et octobre pour approcher les 100 dollars, poussé par la reprise de l’économie chinoise et par la forte demande anticipée sur le marché, ainsi que par les coupes de production décidées par les pays de l’OPEP+, la Russie et l’Arabie saoudite à leur tête. Une tendance que la guerre de Gaza a amplifiée ; tout conflit au Moyen-Orient, région riche en hydrocarbures, poussant logiquement les prix du baril à la hausse.

Ce contexte défavorable pour les pays importateurs a favorisé une hausse générale des prix à la pompe. Au Maroc, six hausses successives ont été opérées sur cette période, plaçant les prix du gasoil à plus de 14 dirhams le litre, et ceux de l’essence autour de 15,50 dirhams.

Des prévisions économiques moroses derrière la baisse des prix

Ce trend haussier a été cassé depuis le début du mois de novembre. Grâce d’abord à la baisse des inquiétudes quant à un risque de contagion du conflit israélo-palestinien à toute la région. Mais surtout depuis que la Chine a publié, en ce début de semaine, ses données économiques à fin octobre. Des chiffres qui montrent que l’économie chinoise n’est pas aussi dynamique que les investisseurs le pensaient, avec notamment un recul de 6,4% sur un an des exportations. Or, les exportations sont historiquement un levier de croissance clé pour la deuxième puissance économique mondiale. Et la croissance du premier pays importateur de brut au monde est déterminante pour la demande mondiale de pétrole.

Cette situation en Chine, qui n’incite pas à l’optimisme, vient se conjuguer aux inquiétudes liées aux économies européennes, autres gros consommateurs de pétrole. L’Allemagne, première économie de l’Union européenne, a également publié des chiffres peu réjouissants sur sa production industrielle, qui affiche un recul sur un de 3,7%.

Ce qui augure une fin d’année morose pour l’économie mondiale, et donc une baisse certaine de la demande sur le pétrole. C’est donc un rééquilibrage de la demande et de l’offre mondiale qui est à l'origine de la baisse des prix du baril et des produits raffinés, que le Maroc importe en se basant sur les prix FOB de Rotterdam.

Ces derniers, qui impactent directement les prix à la pompe, s'inscrivent également dans cette même tendance baissière. Exemple du Gasoil Fob pour Rotterdam : après avoir atteint un pic de 1.010 dollars la tonne le 8 septembre, ce produit se négocie, à l’heure où ces lignes sont écrites, à moins de 800 dollars la tonne, soit pratiquement le niveau de juillet dernier. Logiquement donc, toutes les hausses de prix opérées depuis l’emballement des prix du baril et des produits raffinés cet été devraient être effacées dans les prochains jours. À moins que cette baisse des prix ne soit que passagère et que de nouvelles données ne viennent interrompre le trend baissier.

La baisse des cours ne sera pas durable, mais les prix à la pompe vont s’alléger

C’est ce que craint justement un trader consulté par Médias24. "La baisse actuelle ne sera pas durable dans le temps, car les pays de l’OPEP+ ne laisseront pas le marché tomber encore plus bas. Une hausse est prévue dans les prochains jours, en anticipation de la prochaine réunion des pays exportateurs prévue le 26 novembre. On sait d’ores et déjà ce qui va être décidé, puisque la Russie et l’Arabie saoudite ont annoncé ce week-end qu’elles maintiendraient leur baisse de production et d’exportation jusqu’à la fin de l’année."

"Cela étant dit, les prix ne reviendraient pas à leur niveau du mois d’août ou de septembre (entre 90 et 100 dollars, ndlr). Les prix du pétrole et des hydrocarbures connaissent toujours une augmentation en été en raison de la hausse de la demande. Cette année, cette hausse a été amplifiée par l’optimisme quant à l’évolution de l’économie chinoise, chose qui ne s’est pas vérifiée si l’on se fonde sur les dernières données économiques publiées par Pékin. Il faut donc anticiper une hausse du prix du baril, mais celle-ci ne devrait pas être importante… Le pétrole devrait osciller entre 80 et 90 dollars au maximum d’ici la fin de l’année", estime notre expert.

Comment tout cela se répercutera-t-il sur les prix à la pompe au Maroc ? Selon notre interlocuteur, une baisse sera certainement opérée dans les prochains jours, reflétant la détente des cours à l’international. Surtout, précise-t-il, que la parité dollar-dirham est plus favorable qu’il y a trois mois.

"On ne devrait pas revenir aux niveaux des prix de juillet, car entre-temps, les opérateurs ont constitué des stocks à des prix forts. Il leur faudra du temps pour écouler ces stocks, et la baisse ne sera donc pas calquée sur celle des produits raffinés ou du brut. On descendra au mieux d’ici décembre à 13,50 dirhams le litre pour le gasoil (contre plus de 14 DH actuellement). Les prix vont ensuite se stabiliser autour de ce niveau, au vu de la petite hausse qui est prévue sur le marché du pétrole d’ici la fin de l’année", estime notre source.

Ces prévisions sont bien sûr soumises à beaucoup de prudence ; car si l'on est sûr du fléchissement de la demande mondiale qui sera un peu contrebalancée par les coupes de production, personne ne peut prévoir la suite des événements au Moyen-Orient. Un embrasement de la situation peut pousser les cours du baril à un nouveau record. Un cessez-le-feu peut en revanche calmer les marchés et produire une pression à la baisse sur les prix.

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