Maroc-France : les prémices d’un dégel des relations diplomatiques

Depuis début octobre, les signaux avant-coureurs d’un réchauffement des relations diplomatiques se multiplient. Dernier en date et pas des moindres, la position exprimée, lundi 30 octobre, par l’ambassadeur français à l’ONU sur le dossier du Sahara. Un nouveau pas symbolique qui ouvrirait peut-être la voix à la visite d’Etat tant attendue de Macron à Rabat.  

En 2018, le Roi Mohammed VI a reçu le Pt Macron à l'occasion de l'inauguration du TGV marocain.

Maroc-France : les prémices d’un dégel des relations diplomatiques

Le 1 novembre 2023 à 18h51

Modifié 1 novembre 2023 à 19h05

Depuis début octobre, les signaux avant-coureurs d’un réchauffement des relations diplomatiques se multiplient. Dernier en date et pas des moindres, la position exprimée, lundi 30 octobre, par l’ambassadeur français à l’ONU sur le dossier du Sahara. Un nouveau pas symbolique qui ouvrirait peut-être la voix à la visite d’Etat tant attendue de Macron à Rabat.  

C’est un signal qui ne trompe pas que Paris vient d’envoyer à l’adresse du Maroc, lundi 30 octobre, en direct du Conseil de sécurité des Nations unies. Par la voie de son ambassadeur à l’ONU, Nicolas de Rivière, la France a exprimé de manière plus précise sa position sur le dossier du Sahara, avec des mots et un ton différents des années précédentes.

Soutien au plan d’autonomie proposé par le Maroc, appel (dans une première) pour la reprise des tables rondes impliquant de manière directe l’Algérie, expression de l’inquiétude de Paris vis-à-vis des violations du cessez-le feu… La position française n’est pas aussi évoluée que celle de l’Espagne, de l’Allemagne ou des Etats-Unis, mais a bien progressé par rapport au passé. De Rivière a même précisé qu’il était temps d’"avancer" sur la voie de l’application de cette solution d’autonomie, s’entend.

Elle tranche en tout cas avec toutes les explications de vote exprimées par Paris depuis 2007, date de soumission par le Maroc du plan d’autonomie aux Nations unies. Et surtout avec le silence de l’année dernière, durant laquelle l’ambassadeur français à l’ONU ne s’est guère exprimé sur la résolution onusienne.

Sur le Sahara, une position pas encore très avancée mais qui met fin au flou

Un ancien diplomate marocain, fin connaisseur des rouages de la diplomatie française, nous explique que la France aurait pu faire mieux, en exprimant ce que le Maroc attend d’elle : dire que le plan d’autonomie est LA seule solution envisageable pour la résolution du conflit. Une manière, nous précise-t-il, de reconnaître la marocanité du Sahara, comme l’a fait avant elle l’Espagne. Mais le contexte français est différent de celui espagnol ou allemand, du fait des relations compliquées qu’entretient la France avec son ancienne colonie d’Afrique du Nord, l’Algérie.

"La position française n’est certes pas aussi évoluée que celle de l’Espagne, mais quand on connaît les contraintes du Quai d’Orsay et de l’Elysée, le fait de s’exprimer clairement en faveur du plan d’autonomie, de rappeler la position historique de la France, d’appeler les parties à avancer dans cette solution et à la reprise des tables rondes, est déjà, en soi, un grand pas ; surtout que cela intervient après plusieurs années de flou français autour du conflit du Sahara", estime ce diplomate.

C’est un nouveau pas que franchit Paris pour rompre les longs mois de froid diplomatique avec Rabat. Et il sera certainement perçu comme tel au Maroc, qui a récemment nommé, le 19 octobre, un nouvel ambassadeur à Paris en la personne de Samira Sitail. Un poste resté vacant depuis le départ de Mohamed Benchaâboun en janvier dernier. Cette nomination est interprétée en France comme un signal important dans le processus de dégel des relations entre les deux pays.

La position sur le Sahara prononcée par l’ambassadeur français à l’ONU intervient ainsi dans un contexte où les deux pays essaient de rebâtir des relations sur de nouvelles bases, après deux années de hautes tensions. Une source au Medef International voit en tout cas les choses ainsi et nous exprime sa satisfaction de la trajectoire que prennent les relations entre Rabat et Paris.

Le contexte sécuritaire en France, un accélérateur du dégel ?

"Les signaux que nous recevons de part et d’autre depuis un mois sont très positifs. Ça a commencé par la visite réussie de notre ministre de l’Economie à Marrakech dans le cadre des Assemblées annuelles du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale. Cette visite était importante ; Bruno le Maire a eu un discours très clair sur la vision que se fait la France du partenariat économique entre les deux pays et a eu des retours encourageants de la part du gouvernement marocain. Je pense aussi que le dossier des visas qui posait problème est derrière nous, comme nous l’ont confirmé nos partenaires marocains, ce qui est encore une fois très rassurant", souligne cette source de la branche internationale du patronat français.

Les prémices d’un dégel sont là, ou en tous cas sont perçus comme tels, aussi bien au Maroc qu’en France. Reste la question du timing. Pourquoi maintenant, alors qu’il n’y a même pas un mois et demi, avec les déclarations et sorties "maladroites" des responsables français sur la gestion du séisme d’Al Haouz, personne ne pariait sur une telle évolution.

Pour nos sources, marocaines et françaises, le séisme d’Al Haouz a été, contrairement à ce que l’on peut penser, un accélérateur du dégel. Il a été l’occasion de se parler de manière franche et de se dire tout… Possible. Il y a aussi le contexte géopolitique qui entre en jeu. Avec la guerre à Gaza, la France a grandement besoin du Maroc, nous dit-on. Le Royaume est en effet un interlocuteur de choix dans le conflit palestinien, mais aussi un soutien de premier plan aux services sécuritaires français dans la lutte contre la menace terroriste, devenue de plus en plus forte depuis l’éclatement du conflit entre Israël et le Hamas.

"La France est en alerte maximale depuis le 7 octobre. Son alignement total sur Israël lui a coûté cher en matière de sécurité intérieure. Les services de renseignement français ont besoin de l’aide de tout pays capable de fournir des renseignements ou un appui technique pour lutter contre la menace terroriste. Et les services français savent ce que le Maroc peut apporter dans cette situation et ce contexte. C’est peut-être aussi un élément qui explique cette séquence positive dans les relations entre les deux pays", nous explique notre ancien diplomate marocain.

En tout cas, les signaux avant-coureurs d’un réchauffement sont bien là. Mais on ne peut encore parler de retour à la normale des relations diplomatiques. Une étape qui ne sera franchie, selon nos sources, qu’avec une visite d’Etat en bonne et due forme du chef d’Etat français, Emmanuel Macron, à Rabat. A l’Elysée, sa visite est à l’ordre du jour depuis des mois, comme annoncé par Emmanuel Macron à plusieurs reprises et par sa ministre des Affaires étrangères, mais elle tarde encore à se concrétiser. Cette fois-ci sera-t-elle la bonne ? Wait and see.

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